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Ni repentis, ni balances

La préf invite les « bons manifestants » à dénoncer les « casseurs »

Après avoir fait à nouveau laisser planer le doute sur l’interdiction de la manifestation parisienne du 28 juin, la préfecture de police de la capitale s’est fendu d’un communiqué qui prodigue quelques conseils et autant de menaces. Corinne Rozenn

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Le trajet, tout d’abord, a été redimensionné pour que le parcours soit réduit à 2,8 km, à l’instar de la manif précédente, celle de la « ronde » autour du bassin de l’arsenal qui a permis, selon la préf, « d’assurer la sécurité des personnes et des biens ainsi qu’un déroulement sans incident du cortège ».

Pour réitérer l’exploit, le gouvernement prévoit le déploiement de 2500 policiers et gendarmes et a envoyé, pour la seule capitale, une « centaine d’interdictions de paraître », autant de mesures administratives absolument arbitraires visant les militants et les militantes du mouvement.

Comme cela semble encore bien trop peu aux autorités, des mesures de fouille seront mises en place en amont du cortège, de façon à empêcher à « éviter toute intrusion d’objet pouvant servir de projectile ou à se dissimuler ». Ni écharpe, ni liquide physiologique, ni bouteille d’eau, sait-on jamais.

Mais si par hasard un-e manifestant-e avait réussi à s’introduire dans le périmètre vêtu d’un sweet à capuche un peu trop noir et d’une écharpe un peu trop sombre, la police nous invite à nous « désolidariser des groupes de personnes se masquant et s’apprêtant à commettre, ou commettant, des violences et/ou des dégradations afin de permettre l’intervention des forces de l’ordre ». Les services d’ordre syndicaux sont même appelés à la rescousse pour jouer le rôle de supplétifs des flics, puisqu’ils sont censés « isoler d’éventuels fauteurs de troubles dans le cortège – ou signaler les individus dont le comportement présente des risques pour la sécurité de la manifestation ».

Pour faire reculer le gouvernement, ses flics et empêcher l’application de la loi travail, il faut beaucoup plus que démonter quelques stands de voitures-libres de Bolloré ou repeindre une ou deux agences bancaires. Mais être en désaccord sur les pratiques d’une lutte avec des camarades, parce qu’en dernière instance, elles ne sont pas assez puissantes pour faire plier le gouvernement, n’implique pas de se transformer… en supplétif des forces de répression de ce même gouvernement.

Accepter cette logique de dialogue et de négociation avec la Préfecture, c’est se placer sur un terrain glissant qui a permis au gouvernement d’imposer son parcours jeudi dernier et, aujourd’hui, de réitérer, à échelle moindre, sa manœuvre, en interdisant à plus de cent camarades de manifester pour la capitale.

Le tournant liberticide se renforce et le gouvernement voudrait que l’on s’y habitue, voire que l’on y adhère. Nous ne sommes ni des repentis, ni des balances, et les cortèges de mardi risquent encore d’attester le degré de solidarité élémentaire et du lien de solidarité qui s’expriment chez tou-te-s les manifestant-e-s, notamment lorsque nous faisons face aux forces de répression.


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