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Consolider mais aussi généraliser

La tâche du moment : Œuvrer à la généralisation de la grève !

Pour cette huitième journée de mobilisation nationale interprofessionnelle, une chose est sûre : l’atmosphère a radicalement changé. Si la lutte a, dans ses premiers temps, été essentiellement menée par une jeunesse déterminée, c’est désormais le mouvement ouvrier, accompagné par des étudiants solidaires, qui donne le ton. Avec les dockers, les ouvriers portuaires, les raffineurs et les étudiants et lycéens, la pointe avancée du Havre a ouvert la journée de mobilisation. En sus des manifestations de rue, c’est maintenant la grève dans plusieurs secteurs clés de l’économie qui pointe tout juste le bout de son nez. Pour que ces prémices puissent déboucher sur une victoire devenue désormais envisageable, il va falloir œuvrer à généraliser la grève. Le bras de fer contre ce gouvernement plus décrédibilisé que jamais ne fait que commencer. Damien Bernard

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Après les raffineurs, soutenus dans un premier temps par les routiers et dans une moindre mesure les cheminots, on a pu voir ces derniers jours les salariés des centrales nucléaires entrer dans la bataille, affirmant pour le moment leur rôle stratégique sans aller jusqu’au bout de la démonstration. Ce sont aussi, désormais, les salariés de l’industrie automobile, notamment à l’appel de la CGT PSA, qui se sont mobilisés sur l’ensemble du groupe, paralysant certaines usines alors même qu’ils ont été les cobayes des prémices de la loi Travail avec les accords dit « de compétitivité ». Mais ce sont aussi d’autres secteurs plus inattendus et non moins stratégiques, comme l’usine de sous-marins nucléaires, ou encore des entreprises du privé, comme chez le géant américain Amazon, qui ouvrent de nouvelles brèches dont le gouvernement se seraient bien passé.

Consolider la grève des raffineurs !

Avec les routiers, les raffineurs ont été l’un des premiers secteurs stratégiques à se mobiliser et à entrer en grève reconductible. La totalité des raffineries sont désormais en grève, dont 6 sont totalement à l’arrêt ou en production très faible. Dès les premiers blocages, des pénuries de carburant se sont fait sentir dans près de 20% des stations essence, 30% à son pic. Les travailleurs de ce secteur de l’énergie ont ainsi démontré en à peine une semaine leur rôle stratégique dans l’économie, notamment dans un pays impérialiste comme la France.

Le chantage à l’emploi et à l’investissement de la direction de Total – dont les 5 raffineries sont en grève –, l’envoi des forces de l’ordre pour réprimer tout soutien qui pouvait leur être apporté ou encore la propagande médiatique pour tenter de discréditer leur mouvement n’y ont rien fait. Non seulement les raffineurs restent plus mobilisés que jamais mais ils se sentent désormais soutenus par des renforts de poids dans l’énergie : les salariés des centrales nucléaires ont voté la grève dans la totalité des centrales ; il sont accompagnés des salariés d’ERDF en ce qui concerne la distribution d’électricité.

Le soutien par les caisses de grèves mais aussi et surtout par la grève

Mais il ne sont pas seuls à être mobilisés : ce sont aussi des militants, des salariés, des étudiants et des « nuit debout » qui bloquent les dépôts pétroliers. En effet, la répression terrible des militants à Fos-sur-Mer a eu un effet contre-productif pour le gouvernement et sa police qui n’ont fait qu’augmenter la détermination des opposants à la Loi Travail. Cela est d’autant plus important qu’en bloquant les dépôts pétroliers et les ports, ils permettent de maximiser et d’accélérer la pénurie de carburant. Ce soutien à travers des blocages combinés à la grève stratégique des raffineurs sont cruciaux pour consolider le mouvement.

C’est aussi la bataille de l’opinion publique contre les raffineurs et le secteur de l’Énergie en général que le gouvernement est loin d’avoir remportée. « Il n’y a quasiment pas d’érosion du soutien au mouvement après les blocages de raffineries alors qu’il parie sur le retournement de l’opinion et la hausse du mécontentement à cause du blocage », relève Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’Ifop.

D’une part, le gouvernement joue, bien aidé par les médias, à décrédibiliser le mouvement des raffineurs en montant l’opinion publique contre les pénuries de carburant mais aussi contre la CGT, un« syndicat minoritaire », tandis qu’il tente de ramener FO dans son giron avec ses fameuses « modifications » sur l’article 2 alors même qu’il n’a plus de majorité et un niveau d’impopularité record. D’une autre part, il joue la carte de la montre en espérant un découragement des raffineurs, les fiches de paies arrivant prochainement. Pour consolider la grève des raffineurs, les caisses de grève mais surtout l’entrée de nouveaux secteurs en grève seront primordiales.

Construisons des comités de grève, musclons nos piquets !

Après les scènes de guerres de classe à Fos-sur-Mer et le déblocage de nombreux dépôts pétroliers, la journée de mobilisation d’aujourd’hui a démontré une fois de plus la nécessité des comités et des piquets de grève. C’est ainsi que par deux fois, des piquets de grèves assurant des blocages ont été forcés par des automobilistes ou des poids lourds ; le gouvernement et sa propagande en sont responsables.

Les piquets de grève sont une des conditions vitales pour le développement de la grève illimitée, notamment pour faire face à la répression et aux réquisitions dont le gouvernement n’hésitera pas à user pour briser la grève. C’est un organe fondamental de défense face aux moyens de répression de l’État mais aussi, comme on l’a vu aujourd’hui, face à des actes pas si isolés que cela qui pourraient bien se généraliser, la pénurie de carburant aidant. Plus que jamais, il nous faut muscler les piquets de grève !

Des assemblées ou des coordinations interprofessionnelles pour s’organiser et étendre le mouvement

En cette journée de grève nationale à PSA, le site de PSA Valenciennes s’est montré à la pointe de la mobilisation. Il est d’ailleurs toujours paralysé par la grève, depuis le 26 mai à 4h du matin.. Durant ces deux derniers jours nous avons pu voir des assemblées générales avec plus de 500 travailleurs, assemblées qui ont notamment décidé de continuer le mouvement, votant ainsi pour « aller sur une grève dure. » Á Mulhouse ce sont 1200 salariés qui ont débrayé pendant la journée.

Les assemblées générales permettent d’organiser les travailleurs à la base, syndiqués ou non, et les salariés précaires pour organiser leur propre lutte. Les assemblées, coordinations interprofessionnelles ou autre type d’organisme permettent, elles, de s’organiser à la base avec les salariés d’autres secteurs mais aussi avec les étudiants et les lycéens, encartés ou non.

C’est en 2010 notamment que ces organismes se sont développés et même si leur état est resté embryonnaire, ils ont agit comme moteur d’extension de la grève à travers l’organisation de « grève marchantes », afin d’entraîner d’autres boîtes dans la bagarre ou soutenir les grévistes déjà en mouvement. Par exemple, depuis trois semaine Nuit Debout à République représente, à son échelle, une tentative de coordonner la lutte après chaque manifestation interprofessionnelle. Construisons ce type d’organisme, à la base, pour étendre et généraliser la grève !

Pour le retrait de la loi. La CGT doit défendre un plan d’urgence pour le monde du travail !

Alors que durant de nombreuses semaines on a vu les secteurs autonomes prendre le devant de la scène, notamment face à la répression policière, l’atmosphère a aujourd’hui radicalement changé. Il y a dans certaines fédérations des centaines d’appel à la grève et à la grève reconductible : chez Saint-Gobain, Rhodia, Arkema, Michelin, Sanofi, etc. Les tracteurs de la confédération paysanne ont rejoint les blocages sur les barrages à Béthune et Clermont-Ferrand, les éclusiers sont en grève à Avignon ; des appels de secteurs qu’on ne voyait pas en 2010.

L’entrée de différents segments du monde du travail ouvre la voie à une possibilité de généralisation et à une amplification de la grève. Mais cela impliquerait de se lier avec des secteurs précarisés et la jeunesse des quartiers qui, du fait de leur statut, se mobilisent moins ou passivement, même si cela n’est pas impossible. C’est l’exemple d’Amazon, géant américain, qui emploie essentiellement des travailleurs précaires, du fait notamment de son implantation tardive sur le marché français en période de crise. Mais c’est aussi le cas du secteur plus historique de l’automobile et du groupe PSA, qui lui emploie beaucoup parmi les classes populaires et tentent, à travers ses plans dit de « compétitivité », de précariser les salariés en CDI déjà en poste, au profit de contrats de plus en plus précaires et d’une hausse de la productivité.

En plus du retrait de la loi Travail, que certains évoquent aujourd’hui ouvertement comme une victoire envisageable alors que d’autres réclament le départ de Valls, la CGT devrait avancer un programme contre la précarité et le chômage de masse qui touche notamment les jeunes des quartiers populaires. Seule la lutte pour le partage du temps de travail à salaire égal qui profitera à toutes et tous, pour la fin de la précarité, l’interdiction des licenciement, et la nationalisation sous contrôle des salariés des secteurs clés de l’économie, pourraient permettre de réellement contrer le chômage de masse que Hollande, au service du MEDEF, continue à maquiller.


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