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Journée internationale de lutte pour les droits des femmes

Le 8 mars à la SNCF rime avec inégalités salariales et hypocrisie

À la veille du 8 mars, la direction de SNCF Réseau prépare une « semaine de la mixité » sentant bon une politique pro-femme réchauffée, afin de masquer leur absence dans le groupe puisqu’elles ne représentent que 20% des effectifs globaux et 0% de l’équipe dirigeante. Correspondants cheminots

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Alors oui, les métiers du ferroviaire sont historiquement masculins, mais dans les actions mises en place pour y remédier, dans un contexte où les entreprises ont des obligations de promotion et d’embauche, la direction de la SNCF affiche son mépris pour les femmes(et les minorités de genres, qui,de toute manière,ne sont pas du tout évoquées)au sein du groupe.


Le 28 novembre dernier, la SNCF avait fièrement avancé que : « Chez SNCF, l’écart de rémunération hommes/femmes est plus faible que la moyenne », soit de 4% contre une moyenne de 15 à 20% dans les autres entreprises françaises. Cette mise en avant d’écart salarial, toujours existant, comme promotion d’une égalité, par l’équipe de communication lui avait valu un tôlé sur la toile et principalement sur Twitter.


Cependant, cet exemple n’est pas isolé puisque la promotion de la « mixité » - mot bien choisi pour éviter de parle de féminisme- ne fait que renforcer les stéréotypes de genre et les préjugés les plus banals.L’affiche du Girls Day en est la parfaite illustration. L’idée de cet événement est d’inviter des étudiantes (1500 en 2016), du lycée au BTS, dans l’entreprise pour que des travailleuses leur présentent leurs métier, afin de promouvoir le groupe et de recruter. Bien que le concept corresponde à l’objectif de remédier à la trop grande proportion d’hommes, surtout dans certains métiers comme la traction où les femmes représentent 2% des effectifs, l’affiche de l’événement confirme l’image qu’a la SNCF des femmes.Le message est clair : les femmes peuvent troquer leurs ballerines roses habituelles et leurs compensées rouges de 15 cm de haut contre des bottines plus « masculines ». Au lieu de mettre les hommes et les femmes sur un pied d’égalité, cette image montre que les femmes peuvent faire les mêmes métiers que les hommes sans remettre en cause leur « féminité ».



Pour en revenir à la « semaine de la mixité » qui aura lieu du 6 au 10 mars, la direction d’Accès Réseau, organe de SNCF Réseau, propose un programme d’animation, qui commence le lundi avec un atelier… sur les « Happy Men » : « Venez échanger avec les Happy Men car la mixité c’est aussi un affaire d’hommes ». En effet, quoi de mieux dans une entreprise où ils représentent 4/5ème de l’effectif et la totalité des dirigeants que de les mettre en avant et de leur donner une tribune, une fois encore ?! Les femmes ont quand même droit à quelques minutes dans un film qui passera en boucle le mercredi (la fameuse Journée internationale des droits des femmes) et à un atelier le jeudi « Concilier vie pro et vie perso », ou comment bien se faire exploiter au travail, tout en continuant d’assurer les tâches ménagères, la garde des enfants à la maison, ce qui serait bien sûr une spécificité "féminine".Le titre de cet atelier rappelant sans complexe l’heureuse union entre capitalisme et patriarcat - les femmes étant la main d’oeuvre idéale pour réaliser gratuitement différents travaux domestiques dans leur "vie perso" à travers desquels elle peuvent être doublement exploitées !


Avec une telle politique d’entreprise stéréotypée, excluant totalement lesLGBTI, il n’est pas étonnant de constater que le machisme est encore très présent dans les mentalités. Travailler à la SNCF en tant que femme, c’est être rappelé à chaque instant à quel genre on a été assigné à la naissance. Les remarques sexistes et les regards objectivant font partie intégrante des relations interpersonnelles et hiérarchiques. Puis qu’un grand groupe comme la SNCF est incapable supprimer les rapports d’oppression, car faisant partie intégrante du système patriarcal, les travailleuses doivent s’organiser et converger avec les secteurs féministes et LGBTI, mais aussi discuter avec l’ensemble de leurs collègues hommes, pour lutter ensemble pour les droits des femmes au travail, à la maison et partout.Cette année, pour la première fois depuis très longtemps, une journée de grève et mobilisation est appelée par plusieurs organisations syndicales, dont la CGT et Solidaires, pour ce mercredi 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes. La journée du 8 mars doit être une journée de lutte et mobilisation où, ensemble, travailleurs et travailleuses se mettent en grève pour lutter pour les droits des femmes et LGBTI. C’est la seule possibilité pour créer un rapport de force pour arriver à de réelles avancées sociales, autre que de se voir offrir un pauvre livre « pro-femme » une fois par an par le comité d’entreprise.


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