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« Au nom du peuple », vraiment ?

Le FN toujours empêtré dans ses affaires judiciaires

Alors que le parti frontiste se voit déjà contraint de rembourser 9 millions d’euros à l’Agence d’assurance des dépôts bancaires russes suite à un emprunt qui a servi à financer sa campagne électorale de 2012, il lui faut désormais faire face à une information judiciaire ouverte à son encontre le 15 décembre 2016. En effet, le parti de Marine Le Pen est accusé d’abus de confiance, de recel d’abus de confiance, d’escroquerie en bande organisée, de travail dissimulé, de faux et d’usage de faux. Rien que ça… Rosa Potemkine

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Soupçons sur des assistants parlementaires

Les faits remontent déjà au 9 mars 2015, où Martin Schulz, président du Parlement européen, saisissait l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) afin d’alerter sur la réelle activité de certains assistants parlementaires placés vraisemblablement sous la houlette d’eurodéputés FN. Ainsi, ces assistants sont soupçonnés d’avoir travaillé pour le parti frontiste tout en ayant été rémunérés par le Parlement, ce qui peut s’assimiler à une fraude en tant que financement illicite d’un parti politique. C’est d’ailleurs à ce titre que le 24 mars le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire notamment pour abus de confiance. Ces accusations concernent ainsi une vingtaine de personnes et ces dernières figureraient également dans l’organigramme du FN. Une double casquette qui, si elle n’a rien de nouveau chez les politiciens, se doit tout de même de faire dans la discrétion…

Complot contre un nouveau FN « dédiabolisé » ?

Cette affaire, remontant au moment des élections départementales, tombait alors plutôt mal pour Marine Le Pen et consorts. Accusant le gouvernement de manœuvres voire de calomnies, le FN se défend de toute magouille financière et politique dans sa campagne affirmant que la cabale lancée contre lui constitue le dernier rempart d’un gouvernement décrédibilisé et en perte de vitesse. S’efforçant de rendre ce qu’ il y a de plus réactionnaire dans son parti politiquement correct, Marine Le Pen tente d’offrir un nouveau visage au FN, plus lisse et plus dialoguant, et plus habile également dans le populisme. Mais si la brutalité du père a été écartée de la formation politique, elle n’en reste pas moins distillée dans le programme… tout comme la volonté de s’incarner antisystème : car la multitude des affaires judiciaires et surtout financières du FN témoigne bien plus d’un parti corrompu et opportuniste que d’un parti victime de complot.

Magouilles financières, fortune familiale et réconciliation

Ainsi, plusieurs perquisitions ont été menées, courant février 2016, dans les bureaux de Jean-Marie Le Pen ou encore au siège du Front national suite à l’ouverture de cette enquête préliminaire. D’autre part, Jean-Marie Le Pen est également contraint de rembourser 320 000 euros au Parlement en raison de son incapacité à fournir « la preuve du travail » d’un de ses assistants. Tout comme sa fille, qui elle doit 298 000 euros, c’est-à-dire les salaires versés à une certaine Catherine Griset (par ailleurs ex belle-sœur de Marine Le Pen). Cette dernière, assistante parlementaire, a été également chef de cabinet au Front national : deux emplois à temps plein, en même temps, à des endroits différents. Si le FN revendique d’être le premier parti de France, il est en tout cas le premier à avoir inventé le don d’ubiquité de ses cadres…
De plus, plusieurs membres du parti (Wallerand de Saint-Just, trésorier, Jean-François Jalkh, vice-président, ainsi que d’autres proches de Marine Le Pen) ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel le 5 octobre 2015. En effet, ils sont accusés d’avoir perçu frauduleusement des remboursements par l’Etat au moment de la présidentielle et des législatives de 2012 par un système de surfacturation de kits de campagne.

Entre le Parlement et la Russie, la facture commence donc à être salée pour le parti frontiste. Mais pas d’inquiétudes, les griefs d’antan contre un patriarche aux sorties incontrôlables sont oubliés. Si l’éviction de papa a fait grand bruit et qu’il doit se contenter à présent d’être président d’honneur dans l’ombre, on peut toujours compter sur lui pour faire tourner la boutique. Ainsi, Jean-Marie Le Pen lui-même octroie un « prêt » de 6 millions d’euros au FN pour la présidentielle 2017. C’est que les deniers du clan Le Pen semblent couler à flot et sont surtout bien gardés. En atteste la sous-évaluation du patrimoine immobilier qu’a faite et transmise la famille en 2014 à la Haute-Autorité pour la transparence de la vie publique…

Mais le malade imaginaire ne trompe personne…

Alors quand on entend un certain Nicolas Bay, secrétaire général du Front national, le 22 décembre dernier dire que si le FN n’avait, jusqu’à cette date, pu trouver l’intégralité de son financement pour la présidentielle c’est que les banques françaises « ne jouent pas le jeu de la démocratie », cela prête à sourire. Cette fausse paranoïa de la persécution ne trompe pourtant pas : un parti aussi empêtré dans les magouilles financières, opportuniste, raciste et pro-bourgeoisie n’a rien d’antisystème. C’est une version plus nationaliste du capitalisme. Et pourquoi les banques, qui n’ont d’ailleurs jamais eu le souci de la démocratie, iraient prêter à un parti qui possède déjà tant de millions chez ses fondateurs ?

Leur démocratie et la nôtre

Car là où le « jeu de la démocratie », si tant est qu’on puisse le considérer comme tel, n’est pas « respecté », c’est quand on voit les vraies difficultés auxquelles est confronté un parti comme le NPA qui défend les intérêts de notre classe, celle des travailleurs, à pouvoir faire entendre ne serait que sa voix dans cette grande foire que sont les présidentielles. En effet, Philippe Poutou, candidat NPA aux élections 2017 est le seul représentant de cette classe exploitée mais majoritaire, et c’est à ce titre que sa présence est essentielle : afin de montrer que l’austérité, la casse des services publics, les attaques sur les secteurs les plus paupérisées de la société ne sont pas la seule voie possible. Car le ‘There is no alternative’ d’une Thatcher et d’un Fillon n’existe que si notre classe ne s’organise pas pour la défense de nos droits et la conquête de nouveaux.


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