L’exemple du Fret, une activité en déclin
L’une des secondes activités de transport ferroviaire de la SNCF, après celui du voyageur, se nomme le Fret ferroviaire. Il connait depuis de nombreuses années un déclin permanent, occasionnant de multiples difficultés bien au-delà du seul milieu professionnel que connaissent les cheminots. Si nous prenons ici l’exemple du Fret Ferroviaire c’est d’une part parce que la réalité de son déclin n’est aujourd’hui un secret pour personne et d’autre part car il reflète à lui seul l’opportunité de créer un large soutien à son développement.
Le Fret, résumé vulgairement, consiste dans le transport de marchandises sur le rail. Par transport de marchandises nous entendons tout type de marchandise, du plus encombrant au plus dangereux comme les matières inflammables, toxiques, gazeuses, explosives, le Chlore, etc… sans oublier bien entendu les matières radioactives. La France est dotée d’un réseau ferroviaire conséquent permettant une fluidité dans le transport de ces marchandises aussi bien qu’une assurance sécuritaire de par le savoir-faire de son opérateur historique, la SNCF. Pourtant, bien que l’infrastructure existant ne demande qu’à être utilisée, on constate depuis de nombreuses années une chute considérable de l’activité Fret Ferroviaire.
Une problématique qui nous concerne tous, pourquoi ?
Les cheminots tentent bien en se mobilisant d’alerter leur direction sur les conséquences à plus ou moins long terme de ce déclin. Malheureusement, lorsque des grèves ont lieu, la population reste antipathique, au mieux indifférente à leur lutte. Le battage médiatique et la communication interne de la direction de la SNCF y est pour beaucoup. Ils n’hésitent pas à présenter les cheminots comme des « preneurs d’otages », qui ne penseraient qu’à maintenir leurs privilèges. Les organisations syndicales, en ce qui les concerne, ne mettent que trop peu souvent l’accent sur la nécessité de faire rimer lutte des cheminots avec intérêts de la classe ouvrière dans son ensemble. Les raisons concrètes d’un mouvement social sont rarement axées sur l’intérêt général de mener ensemble cette lutte. Si nous prenons l’exemple du Fret, il est clair que l’ensemble de la population est impacté, et non pas à la marge, par le déclin de cette activité. Il est donc de notre responsabilité de commencer à réfléchir aux revendications qui peuvent nous permettre de mener une lutte commune englobant les cheminots et de manière plus générale la population dans son ensemble.
Tâchons d’expliquer pourquoi :
Moins de marchandises sur le rail occasionne de surcroît une recrudescence de poids lourd sur les routes et autoroutes ce qui par conséquent entraîne une dégradation profonde du trafic routier que vous empruntez quotidiennement. Cet accroissement de la circulation de poids lourds transportant des matières dangereuses entraîne régulièrement des accidents de la route aux conséquences tragiques pour la population que nous sommes.
La formation de bouchons pourrait être également une tare compréhensible si elle n’était pas largement dépassée par une conséquence nettement plus néfaste pour l’environnement à savoir la pollution de notre atmosphère commun. La qualité de l’air que nous respirons se trouve considérablement aggravé par cet afflux de transport routier, dont la conséquence directe se retrouve dans les difficultés respiratoires que tout un chacun peut ressentir quotidiennement ou au sein de son entourage (asthmes, bronchite aigüe et chronique, allergies, cancer des voies respiratoires…).
Une dégradation de notre environnement entrainant des difficultés respiratoire commune à l’ensemble de la population, additionnée à une saturation du réseau routier pouvant entraîné des incidents et accidents graves sont bien des conséquences directes du dépérissement du transport de marchandises via le rail…. Il faut bien comprendre que l’ensemble de ces complications nous impacte toutes et tous sans distinction, que nous soyons cheminots ou pas.
Une volonté politique liée à une logique de profit
Souvenons-nous de la taxe poids lourds, plus communément appelée « Ecotaxe » qui se voulait être une contribution des transporteurs routier à la responsabilité de leur activité en terme de pollution environnementale. Bien que repoussée une première fois, l’Ecotaxe fut définitivement suspendue par la Ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, en octobre 2014. A croire que certains lobbys sont plus efficaces que d’autres et en capacité d’influencer jusqu’à la décision politique. En contrepartie, vous automobilistes, vous paierez vos passages aux péages beaucoup plus cher, enrichissant de ce fait les caisses des sociétés d’autoroute qui chaque année réalisent des bénéfices considérables. Pour information, l’Etat Français s’est progressivement délesté de l’exploitation du réseau autoroutier au profit de sociétés à capitaux privés.
Nous voyons donc avec précision le poids de ces décisions politiques qui influencent nos vies au quotidien. Favoriser le transport routier, polluant, encombrant et dangereux, au détriment du transport ferroviaire écologique et sécuritaire découle bel et bien d’orientations politiques. Orientations politiques elles-mêmes influencées par les lobbys patronales de sociétés et boites privées faisant de la route une volonté assumée de rentabilité financière.
Nous devons également porter à votre connaissance que la SNCF est le premier Transporteur routier de l’hexagone au travers de sa très large participation dans « Géodis » et sa filiale « Sernam ». Cela sous-entend que la SNCF entretient de manière ouvertement assumée la concurrence du transport de marchandises permettant de créer au sein du groupe un véritable dumping social.
Lorsque les cheminots, mais aussi l’ensemble de la population, auront compris les enjeux qui se jouent à grande échelle et qu’il en va de notre intérêt commun, nous aurons alors remporté une première victoire, celle symbolisant la solidarité pour le bien-être commun de toutes et tous.
Alors viendra le temps de rassembler toujours plus largement et de se tourner tous ensemble vers les principaux responsables d’un déclin professionnel et social qui ne se cantonne pas, loin s’en faut, au seul secteur ferroviaire.
Seuls, nous ne sommes rien, mais tous ensemble nous pouvons beaucoup car finalement, nous pensons en toute modestie que ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise.
