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Les militants ont tranché

Le PCF soutient Mélenchon mais jusqu’à quand ?

Les militants du parti communistes ont finalement tranché samedi en votant pour un soutien à Jean-Luc Mélenchon, candidat du mouvement la France Insoumise aux élections présidentielles de 2017. Avec 53,6 % des suffrages exprimés, c’est un soutien timide qui confirme le choix du secrétaire national du parti, Pierre Laurent, mais désavoue le choix des cadres du PCF, qui avaient, début novembre, opté pour une campagne autonome. Un vote qui clôture un cycle de longue oscillation de la direction qui a tenté jusqu’au bout, au nom du « rassemblement de la gauche », une alliance avec les « frondeurs » et le PS. Un vote pour un « soutien critique » au sein d'une « campagne autonome » qui en définitive permet de se garder les mains libres dans le cas où une gauche plurielle bis, à même d’offrir plus de garantie que Mélenchon en vue des législatives, pointerait le bout de son nez après la primaire PS. Damien Bernard

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Résumons : en juin, lors de son 37e congrès, Pierre Laurent repoussait la décision quant aux présidentielles à l’automne. Puis un pas qui n’en fût pas un lors de la fête de l’Humanité. Fin septembre, le Conseil national décidait de prendre une décision en novembre. Au cours de la conférence nationale du 5 novembre, les cadres du parti ont désavoué Pierre Laurent, allant contre son récent appel au soutien à Mélenchon. Ce samedi, le vote des militants a tranché dans le sens du secrétaire national du parti, désavouant cette fois-ci les cadres. Une épreuve de terminée, mais la direction en ressort affaiblie, le parti toujours plus divisé.

Une direction à deux têtes

Loin d’être enthousiaste, la direction du PCF a semblé durant ces longs mois bien embarrassée par les présidentielles. Et pour cause, tous ses potentiels partenaires lui ont fait faux bond. Montebourg a décidé de se plier à la primaire du PS, les écolos ont organisé leur propre primaire, désignant leur vainqueur, Yannick Jadot, tandis que Jean-Luc Mélenchon, lui, est parti très tôt en campagne, brisant définitivement le Front de gauche. Force est de constater que Pierre Laurent, isolé, sous la pression d’une majorité de la base qui a rompu avec le PS, soutenir Mélenchon à quelques jours du vote des cadres a été le choix du moindre mal. De l’autre, André Chassaigne, président du groupe parlementaire à l’Assemblée nationale dont fait partie le PCF, appuyait fortement pour une candidature autonome. Choix qu’il a réaffirmé avec insistance dans une tribune après le vote des militants où il appelle à « rassembler la gauche d’alternative à l’austérité ». Deux têtes pour une direction : une bataille des chefs ou une tentative consciente de marcher sur deux piedspour sauver l’appareil ?

Un pied dedans, un pied dehors.

Dans le même temps que 72% des 56.365 cotisants à jour de cotisation, près de 40 000 militants, décidaient d’un soutien à Jean-Luc Mélenchon, le porte-parole du Parti communiste, Olivier Dartigolles, se pavanait à Bondy dans le « carrefour des gauches » avec les représentants d’une gauche très plurielle. Étaient notamment présents ce samedi 26 novembre le président de l’Assemblée, Claude Bartolone, l’ex-Garde des Sceaux Christiane Taubira, la maire de Paris Anne Hidalgo, le frondeur Christian Paul, l’écologiste Pascal Durand. Une présence du porte-parole du PCF en forme de véritable provocation envers les militants, dont l’option PS n’était pourtant dans aucune des propositions de vote. Une présence qui est l’expression d’une direction prête à tout pour maintenir la tête hors de l’eau. Ainsi, bien que ce meeting de « l’union de la gauche » n’ait vu aucune dynamique émerger, il a néanmoins permis d’affirmer une chose : au PCF on laisse les portes grandes ouvertes tout en maintenant la pression sur Mélenchon. Un pied dans la France Insoumise, un pied dehors et ouvert à toute opportunité d’alliance avec la gauche du PS.

Une seule certitude…

Désormais, c’est officiel, le PCF n’aura pas, sauf grand retournement, de candidat pour les élections présidentielles de 2017. Après deux ans de discussion au sein de l’appareil, c’est l’enseignement qu’on peut tirer de ce weekend. Un processus qui laissera des traces. D’une part, le PCF ressort divisé, de l’autre, la course effrénée de la direction du PCF à la recherche du meilleur partenaire électoral en vue des élections législatives est loin d’être finie. Les contradictions, elles, ne cessent de s’aiguiser. Malgré le choix des militants, la formule utilisée sur Twitter par le secrétaire national du PCF laisse perplexe. Il y annonce que les communistes « ont fait le choix d’une campagne autonome appelant à voter Jean-Luc Mélenchon ». Si l’on comprend bien la formule, le PCF ne participera pas à proprement parler à la campagne, tout en appelant à voter pour lui et en ne présentant pas de candidat communiste. Une formule qui exprime en elle-même toute les contradictions du parti où il s’agit de laisser la porte ouverte à la gauche du PS, qui lui-même est en voie de Pasokisation, le tout dans le cas où une dynamique se dessinerait autour de la gauche non gouvernementale. Mais c’est aussi un pied dehors comme moyen de pression sur Mélenchon en vue d’une négociation très serrée en vue des législatives. Empêtrée dans une crise structurelle, la direction du parti semble s’être engagée dans une voie sans issue.


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