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La coalition voulue par Hollande prend forme

Le Royaume-Uni part en guerre en Syrie

Ivan Matewan Le Premier ministre conservateur David Cameron a obtenu, ce mercredi, l'aval qu'il souhaitait depuis 2013, et qui avait été remis au goût du jour par les attentats de Paris. Le Parlement a voté par 397 voix contre 223 en faveur du projet de frappes aériennes contre la Syrie. Il n'aura fallu qu'une heure pour que les bombardiers britanniques décollent semer, à leur tour, le chaos en Syrie.

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Cameron a réussi à prendre sa revanche mercredi soir devant la Chambre des Communes du Royaume-Uni. En 2013, la confiance du gouvernement avait été secouée lorsque le Parlement avait rejeté l’intervention militaire en Syrie dans la coalition internationale dirigée par les États-Unis à l’époque. « Humilié » ainsi une fois, Cameron s’est assuré cette fois-ci de disposer du soutien nécessaire avant de soumettre son projet de loi autorisant les frappes aériennes aux parlementaires.

L’issue du vote était plus ou moins connue bien avant l’ouverture de la séance, mais cela n’a pas empêché un débat de plus de 10 heures au cours duquel ont intervenu 157 parlementaires. Cameron a exhorté le Parlement à voter en faveur de la mesure qu’il a qualifiée de « légale et nécessaire pour garder notre pays sûr » après avoir demandé « si le Royaume-Uni [devait] aller chercher les terroristes dans leur théâtre d’opérations, là où ils envisageaient de tuer des citoyens britanniques, ou devrait s’asseoir et attendre qu’ils nous attaquent. » Mais le Premier ministre a suscité une vive réaction de l’opposition lorsqu’il a accusé, dans une tentative de convaincre les indécis, le nouveau chef du Parti travailliste, Jeremy Corbyn, et les personnes opposées à la guerre, d’être « une bande de partisans des terroristes. »

Au cours du débat, les parlementaires travaillistes ont révélé leurs divisions sur la question de la guerre qui ne remontent pourtant pas à hier. Des travaillistes éminents se sont dits prêts à voter la proposition du gouvernement, qualifiant Daech de « régime fasciste ». Corbyn a quant à lui affirmé que « la question fondamentale est de savoir si les frappes aériennes menées par le Royaume-Uni va réduire ou augmenter la menace pour le Royaume-Uni, si elles freineront ou prolongeront la campagne de terreur dont Daech est l’auteur à travers le Moyen-Orient. » Malgré sa position anti-guerre et les énormes espoirs de changement qu’il avait suscité lors de son élection à la tête du Parti travailliste, Corbyn s’est refusé de définir une consigne de vote, validant ainsi les bombardements en Syrie tout en gardant une posture de façade.

Dès le matin, #DontBombSyria est devenu viral sur les réseaux sociaux, reprenant le mot d’ordre des manifestations contre la guerre de ces derniers jours qui ont rassemblé des milliers de personnes. Selon les données par YouGov, moins de la moitié des électeurs britanniques soutiennent les attaques aériennes contre la Syrie. Un sondage commandé par le Financial Times a d’ailleurs montré que globalement l’opinion publique devenait de moins en moins favorable à la guerre, environ 50 000 personnes ayant signalé un changement d’avis au cours de la dernière semaine.

Activistes anti-guerre, jeunes et travailleurs ont ainsi commencé à se rassembler devant le Parlement afin de s’opposer à l’offensive militaire. Sur les pancartes, on pouvait lire « Plus de haine », « Cameron, tu es une merde » ou encore « Ne bombardez pas la Syrie ». A l’annonce de l’approbation de l’intervention militaire, les manifestants se sont jetés par terre, faisant semblant d’être mort en hommage aux innombrables victimes dont la guerre a ôté la vie et aux victimes à venir.

L’approbation parlementaire en main, Cameron et le gouvernement britannique n’ont pas perdu une seule minute. A peine une heure après le vote, sur fond d’échos d’applaudissements, des bombardiers britanniques ont décollé d’Akrotiri en Grèce, chacun avec plusieurs bombes guidées laser Paveway. Hollande s’est donc trouvé un allié de choix pour la coalition meurtrière qu’il appelle de tous ses vœux depuis des semaines, et qui peine à se former tant les intérêts impérialistes, loin de se préoccuper du sort des populations victimes de la guerre, sont divergents. Face à cette escalade, le mouvement anti-guerre - qui semble gagner du terrain - pose les bases d’une alternative au va-t-en-guerre prôné par les dirigeants européens. Un mouvement qui devra se massifier, par delà les frontières, pour apporter une réponse claire et frontale aux dérives sécuritaire, interventionnistes et mortifères.


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