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Fillon, Macron...à son service !

Le cahier de doléances du MEDEF. Gattaz à l’attaque

L’organisation patronale a publié hier son « cahier de doléances » pour l’élection présidentielle. Le texte de 170 pages est le parfait petit manuel de l’ultra-libéral. Tout y passe, du contrat du salarié à la formation et l’éducation en passant par l’écologie. Ce programme rentre en parfaite adéquation avec celui de Fillon et, sur certains points, avec les discours de Macron. Sadek Basnacki

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Le petit livre bleu du grand capitaliste Gattaz ne nous annonce rien de bon pour notre futur. Se sentant pousser des ailes par l’offensive ultra-libérale du gouvernement PS que nombre de candidats veulent continuer tel un Macron ou un Fillon, se programme peut-être résumé en quelques axes pour contrer « une absence de marges qui étouffe lentement les entreprises ». Il faut revenir sur ce « droit social ubuesque, complexe et pointilleux qui empêche l’adaptation et la prise de risque », il faut également repenser cette « complexité érigée en système qui ferait rire si elle ne tuait pas en partie cette croissance économique tant attendue » par les capitalistes. Il faudrait également revenir sur « l’échec de notre système scolaire qui a confondu égalitarisme et égalité des chances, excellence et élitisme au désespoir des enseignants eux-mêmes ». Tout d’abord, on serait tenté de dire à Gattaz de laisser les enseignants où ils sont et que ce n’est pas un patron qui a repris l’affaire familiale qui va donner des conseils à un prof d’une ZEP, dans un quartier populaire où il n’a jamais mis les pieds. Après, on ne peut que constater que tout cela n’est pas nouveau sous le soleil du patronat.

La volonté du texte est de mettre en avant des « revendications économiques et sociales pour relancer la croissance et rétablir la « confiance » des entreprises ». Parce qu’après tout « s ans confiance ni croissance, l’économie française a quand même réussi à créer 200000 emplois » en 2016, alors imaginez s’il y avait eu de la confiance ! Peut-être qu’avec cette formule magique on aurait eu le million d’emplois promis par le porteur de pins. Rappelons-lui au passage que des milliers d’autres ont été supprimés et que les 200000 emplois ne sont pas des CDI.

Le MEDEF veut aller plus loin que le pacte de responsabilité de François Hollande, qui s’est traduit par des allégements fiscaux et sociaux à hauteur de 40 milliards d’euros pour les entreprises, soit un joli petit cadeau au patronat. Pour ce faire, il réclame une baisse des cotisations sociales patronales, via, notamment, la transformation « en une seule fois » du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) en allègements de cotisations ainsi qu’une nouvelle baisse des cotisations de 30 milliards d’euros. Selon Gattaz «  ça pourrait se financer par deux points de TVA en plus, c’est-à-dire 16 milliards, et le complément par une baisse des dépenses publiques qui peut se faire rapidement mais étalée dans le temps » , et il ne pense pas qu’il y ait un risque de forte augmentation des prix. Il faudrait nous expliquer comment. Il revendique ainsi un taux d’impôt sur les sociétés ramené de 33,3% actuellement à 22% en 2020. Comme Macron, il demande aussi la fin de l’ISF et veut un taux forfaitaire de 25% sur les revenus de l’épargne. Le MEDEF veut aussi supprimer sur cinq ans « la plupart des impôts et taxes sur les facteurs de production ». Autant dire que le patronat ne paiera plus rien et que ce sera les « consommateurs » qui devront payer le prix de leur cupidité. « Les impôts et taxes doivent être allégés et simplifiés en vue de restaurer notre compétitivité, de rétablir les marges des entreprises et d’inciter à l’investissement », voilà la solution à la crise selon le MEDEF, donner de l’argent en plus aux patrons.

Il est également question d’aller plus loin que la loi El Khomri en laissant tout pouvoir aux entreprises. Notamment, en leurs laissant le soin de définir les modalités les plus adaptées à la réalité économique, autant dire que les licenciements iront à vau-l’eau. La loi resterait seulement garante des grands principes généraux. L’organisation de l’entreprise dépendra quasiment exclusivement des accords collectifs aux dépens du contrat. Ainsi, là où les « partenaires sociaux » trahissent dans les négociations le temps de travail, les horaires, les primes, les conditions de travail vont être catastrophiques pour les travailleurs. Cela s’accompagnerait d’une fusion de toutes les instances de représentation et de négociation, le comité d’entreprise et les délégués syndicaux seraient fondus dans une seule instance.

Le MEDEF ressort du chapeau ce qui a été abandonné sous pression des travailleurs et étudiants lors de la mobilisation contre la loi travail : le plafonnage des dommages-intérêts versés par l’entreprise en cas de licenciement sans cause réelle et sérieuse. Il veut élargir le motif économique de licenciement à tous les cas de réorganisation de l’entreprise et supprimer la présomption d’absence de motif lorsqu’il n’est pas clairement énoncé dans la lettre de licenciement.

Gattaz et ses amis préconisent de reculer l’âge légal de la retraite à 65 ans ainsi qu’une durée de cotisation portée à 43 ans. La justification étant que l’on vivrait plus longtemps, chose qui n’est plus vrai étant donné que l’espérance de vie baisse dans l’hexagone. Les seniors sont d’ailleurs une cible prioritaire pour le MEDEF puisqu’avec leur petite retraite ils dépenseraient « cinq fois plus que la génération Y ». Quant aux personnes de cette génération Y, elles auront « en moyenne 5 carrières et occuperont 17 postes dans leur vie ! » car, selon le syndicat du patronat, « aujourd’hui, chacun doit savoir s’adapter au marché, se former et construire sa propre carrière. Parmi les métiers qui seront exercés en 2030, 6 sur 10 n’existent pas encore en 2016. ».

Les jeunes ne sont évidemment pas épargnés. Il y a une grosse partie sur la formation, l’éducation et la jeunesse dans le cahier de doléances. Le ton est posé : « 100% des jeunes français doivent maîtriser un socle de compétences et de connaissances qui fassent d’eux des citoyens éclairés et leur permettent d’être employables tout au long de leur vie professionnelle ». Notre avenir est un avenir d’employé kleenex. Le MEDEF veut dès le collège et le lycée des exercices collectifs, comme les mini-entreprises. C’est censé permettre de sensibiliser l’auto-entrepreneuriat et se faire une idée de notre place dans la société. Au Japon, pays où il y a le plus de PME, on recense 3000 à 4000 suicides de patrons de PME chaque année, soit 8 à 10 par jour en moyenne. Voilà l’avenir que nous souhaite le MEDEF.

Dans les universités, les étudiants sont également attaqués. La fac d’élite pour le patronat, voilà ce qui attend les étudiants : plus d’autonomie aux établissements vis-à-vis de l’État, « un master construit sur deux années devrait opérer une sélection dès le master 1, et sa délivrance devrait être conditionnée à un niveau suffisant en anglais ». « Actuellement, la majeure partie de la taxe d’apprentissage va aux régions. Il est impératif de redonner un pouvoir de décision aux employeurs. Pour cela, il serait pertinent d’allouer 77% des fonds collectés à l’organisme collecteur de la taxe d’apprentissage qui assurera un financement direct et mutualisé des formations en apprentissage, et de laisser les entreprises verser librement les 33% restants aux établissements de leur choix ». Le patronat pourra décider, selon les aléas du marché, de financer tel ou tel établissement qui dispense tel ou tel enseignement, autant dire que les facs de sciences humaines disparaîtront.

Toutes ces doléances rentrent en raisonnance avec le programme de Fillon, programme ultra-libéral, qui prépare une blitzkrieg contre les travailleurs s’il est élu. Ce n’est pas pour rien que Gattaz a déclaré que le programme du candidat de la droite était « le plus pragmatique ». L’auto-entrepreneuriat et la suppression de l’ISF rentrent en adéquation avec ce que Macron met en avant dans ses discours fleuves. Et c’est bien ça le hic pour l’instant, pour le président du MEDEF, Macron c’est «  beaucoup d’oral mais pas beaucoup de programm e » et « qu’il ne proposait pas beaucoup de choses sur le plan des mesures » . On verra par la suite ce que le leader d’En marche !, grand ami du patronat, on se souvient encore de la standing ovation à laquelle il a eu droit à leur université d’été en 2015. On voit pour l’instant quels présidentiables feront leur le petit livre bleu de Gattaz. Pour l’instant, l’avenir est rouge, le salarié va travailler, le capital a vu naître Pierre Gattaz, il œuvre pour le bonheur du patronat, hourra, il est la grande étoile sauvant les riches !


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