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Education : en marche vers quoi ?

Le gouvernement annonce 20% de places en moins aux concours d’enseignement

Le macronisme a la dent dure contre l’éducation publique : après avoir entamé une guerre contre les vies scolaires et les agents de service avec une politique de suppression des contrats aidés, le gouvernement a annoncé une baisse drastique d’un cinquième des recrutements de professeurs au collège et au lycée. Amour du privé, ou passion du précariat ?

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COUP DE SABRE DANS LES EFFECTIFS

Le coup porté est aussi profond que soudain : de 7315 places de recrutement de nouveaux professeurs aux concours du CAPES externe en 2017, le quota passe à 5833 pour l’édition 2018. Près de 20% de suppressions, comme annoncé mercredi dans le Journal Officiel. Une sorte de thérapie du choc dont raffolent les néo-libéraux. Car au-delà des économies elles-mêmes, le gouvernement affaiblira durablement le corps enseignant qui est souvent une opposition gênante. Inévitablement, le taux d’encadrement des élèves va diminuer ; alors que les recrutements diminuent, 20000 élèves supplémentaires sont attendus à la rentrée scolaire 2018 dans le secondaire. Déjà grand oublié du programme macroniste, avec son coup de communication sur le doublement des effectifs en CP et les effets néfastes d’une telle politique, le secondaire est à nouveau choisi pour porter les coupes budgétaires nécessaires à une politique globale tournée vers les détenteurs de capitaux et le retrait de l’Etat.

Le coup de rabot est pour l’instant concentré sur les concours externes (candidats hors fonction publique), et épargne les recrutements de professeurs des écoles. Si d’une part le gouvernement vient sabrer toute la politique des gouvernements précédents pour attirer de nouveaux candidats en produisant un nouvel effet d’annonce négatif après le gel du point d’indice pour tous les candidats potentiels, il risque surtout d’abaisser encore le niveau de recrutement car bien que les quotas ne soient pas toujours atteints, c’est par soucis de titulariser un personnel compétent. De plus, les baisses sont inégalitairement réparties, et ne sont pas ciblées sur les disciplines ayant du mal à pourvoir leurs quotas de postes. Pour l’anecdote, les postes ouverts de professeurs d’arts plastiques vont s’effondrer de près de 40%. Quoi qu’il en soit, dans un contexte général de sous-effectif dans le milieu éducatif, le gouvernement répond à l’augmentation du nombre d’élèves par cohorte par la baisse des effectifs en deçà même du nombre de postes non-pourvus (environ 6000 en 2017), le signe, au choix, d’une logique douteuse ou d’une idéologie libérale affirmée avec décontraction.

LA SOCIÉTÉ SELON MACRON
Pour Macron et son porte-flingue de l’éducation J-M. Blanquer, la fonction publique est une charge. Elle ne créé pas assez de valeur financière à court-terme, elle ne déniche pas de nouveaux marchés ; le macronisme s’obstine à prétendre que créer de la valeur économique et vivre dans une société apaisée ne nécessiterait ni santé universelle, ni éducation universelle. Démantèlement de la Sécurité Sociale, selfie amusé de Macron aux Restos du Cœur, mise à sac de nos précieuses associations et de l’enseignement par la suppression des contrats aidés, suppression de postes de professeurs et gel des salaires… Tout y est, sur le fond aussi bien que sur la forme, tandis que le capital financier est exonéré d’impôt. Principaux et proviseurs ont d’ailleurs déjà commencé à regarder du côté des contrats de services civiques, habiles contrats précaires consistant à rémunérer un temps plein par un demi-SMIC, notamment pour assumer le coup de communication de l’opération « devoirs faits », mais aussi simplement pour continuer à assurer aux élèves un encadrement et une restauration après des années d’assaut contre les contrats aidés.

Au rayon éducation, la politique incarnée par M. Blanquer n’incarne pas moins le dédain des néo-libéraux pour les principes d’universalité d’accès aux services publiques. L’ancien de l’ESSEC n’a jamais caché son goût pour le supérieur privé ni pour la sélection à l’Université. A la tête de son ministère, il sabre les recrutements, poursuit le gel des salaires, est un soutien acharné du très discriminant Livret Scolaire Unique, promeut un nombre toujours accru d’évaluations nationales dans la carrière des élèves et voudrait bien en finir avec le baccalauréat général et le libre-choix de la filière universitaire en instaurant des groupes de compétences. Alors que de l’autre côté de l’Atlantique, Donald Trump a nommé une fanatique du privé à l’Education, n’espérons pas attendre une éclaircie pour l’éducation publique de notre côté avec un ministre adepte des neurosciences qui rêve d’un parcours unique pour chaque élève... Du moins pas tant que les travailleurs auront fait valoir, par le mouvement de masse, leurs droits inaliénables à une éducation universelle et de qualité, mais plus généralement à l’accès dans la proportion de leurs besoins à l’ensemble des biens et services que les sociétés développées pourraient, si elles n’étaient pas (dés-)organisées par l’anarchie capitaliste, fournir à tous leurs membres.


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