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Le "dialogue social"...

Les conséquences des "accords" de compétitivité : le cas de PSA

Au mois de juin 2017, la « modernisation » de l’usine Peugeot à Mulhouse arrive à sa fin. Quatre ans après la signature du plan de compétitivité « Nouveau Contrat Social » (NCS), les conditions de travail se sont fortement dégradées, rendant l’ambiance sur le site invivable. Cet exemple donne en quelque sorte un avant goût de ce à quoi il faut s’attendre sous un futur gouvernement Macron.

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Les nouvelles chaînes de montage

Pour rendre plus compétitives ses usines, PSA a choisi une politique de « plateformes », c’est-à-dire de construire des ateliers de montage compacts qui peuvent assembler plusieurs modèles sur une seule ligne. A Mulhouse pendant des décennies jusqu’à 13 000 ouvriers ont travaillé sur deux lignes de montage qui assemblaient des Citroën et des Peugeot. Mais, depuis mars 2017, la nouvelle ligne assemble un nouveau modèle, en attendant que l’ancienne ligne Peugeot ferme, avec à la clef plusieurs centaines d’emplois supprimés. L’ « usine modèle » dont s’enorgueillit la direction du site de Mulhouse est une usine « compacte », mais aussi une usine aux cadences infernales. Les ouvriers ont désormais moins d’une minute pour accomplir leurs gestes lorsque la nouvelle ligne tourne à plein régime. Ils ne peuvent cependant pas savoir la vitesse exacte à laquelle tourne le nouvel atelier, car la vitesse de ligne n’est plus affichée. Ceci constitue un recul considérable des conditions de travail car les ouvriers se trouvent ainsi dessaisis de tout repère. Les grèves et les conflits sociaux qui ont eu lieu par le passé portaient justement entre autres sur cet affichage des cadences.

L’overtime et les samedis obligatoires

On trouve de tout dans le NCS de PSA. Mais parmi toutes ses mesures, c’est l’ « overtime » et les samedis obligatoires qui sont devenues la bête noire des ouvriers de PSA. L’overtime permet de rallonger de dix minutes la journée de travail normale lorsque la production journalière n’a pas été atteinte. L’overtime peut alors avoir lieu pendant la pause du matin, réduisant celle-ci de 31 à 21 minutes. Qu’on ne s’étonne pas dès lors de voir les ouvriers n’avoir fréquemment plus le temps de terminer leur repas, sans parler des relations avec les collègues qui sont réduites au strict minimum. Entre aller aux toilettes, manger, fumer une cigarette et parler aux collègues, PSA dit à ses salariés : il fut choisir ! D’autant qu’une panne, un défaut d’approvisionnement d’un sous-traitant ou tout autre prétexte peut être invoqué pour justifier le recours à l’overtime.
Dix minutes n’ont l’air de rien dans une journée de sept heures. Mais ces dix minutes de travail supplémentaires après une journée à la chaîne paraissent interminables. Mises bout à bout, ces dix minutes deviennent une heure par semaine quand la direction impose l’overtime tous les jours. Mais cela fait des années qu’à PSA on fait plus de 35 heures. Pour faire rattraper des voitures ou pour faire face à une augmentation des commandes, l’entreprise peut exiger des ouvriers de travailler les samedis, voire certains jours fériés. Récemment, c’est le 8 mai que les ouvriers ont dû travailler à l’usine de Mulhouse. A quand le 25 décembre ou le 1er janvier ?

La chasse aux salariés malades
L’ « usine modèle » n’est pas une usine pour tout le monde. Plus on travaille rapidement, plus la charge de travail s’alourdit, plus la santé des salariés se dégrade. Mais PSA ne voit pas d’un très bon oeil les salariés protégés par des restrictions médicales qui ralentissent la production dans sa nouvelle ligne de montage. Dans le NCS était prévu un plan de départ pour les salariés de plus de 57 ans, or on commence à ressentir dès 50 ans les effets d’avoir passé une vie à travailler à la chaîne. Et ces effets se ressentent encore plus avec l’augmentation de la vitesse de ligne, l’overtime et les samedis obligatoires. Les salariés âgés de plus de 50 ans qui ne peuvent bénéficier d’un départ anticipé sont pris entre le marteau et l’enclume. PSA ne sait plus trop quoi faire d’eux et les pousse doucement vers la sortie, par la petite porte. Il ne fait pas bon être malade dans l’ « usine modèle ».

Emmanuel Macron a annoncé que son premier projet en tant que président sera de réformer encore plus en profondeur le Code du travail avec une Loi travail 2, à coup d’ordonnances. « Simplifier », « flexibiliser », travailler plus, gagner moins, les salariés de PSA savent déjà ce que c’est. Ils savent aussi ce que c’est que lutter contre car ils ont été plusieurs centaines à débrayer au printemps 2016 contre la loi El Khomri.
Nous avons rapidement évoqué dans cet article quelques conséquences du plan de compétitivité de PSA. Macron promet aux ouvriers de PSA la même chose, en pire. Mais sa légitimité en tant que président est faible et ses attaques contre le monde ouvrier risquent de rencontrer une véritable résistance.


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