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Gilets jaunes : le chat et la souris

Les flics jouent l’artillerie lourde, les Gilets Jaunes, la brigade légère

La plus grande force tactique des Gilets Jaunes, c’est qu’ils sont imprévisibles. Même si elles ont appris des 5 actes précédents l’obligation d’une certaine mobilité, les forces de répression sont obligées à une certaine prévision pour prendre position. Les GJ ont donc eu beau jeu de les narguer en jouant le suspens. Tom aura toujours du mal à cavaler après Jerry.

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Crédits photos : Twitter

Le suspens des premières heures de l’acte VI

La caractéristique de ce mouvement c’est d’avoir très rapidement appris la désobéissance et l’impertinence, traits de « spontanéité » qui, avec l’expérience et la montée en conflictualité, se sont transformés en habileté tactique.

Toute la journée d’hier a occupé les médias et les préfets en conjectures sur les lieux et les formes possibles de mobilisation pour l’acte VI. C’est ainsi que, sur une simple idée émise par Eric Drouet, certes une figure connue du mouvement, le château de Versailles, jusque-là totalement inexistant dans l’historique du mouvement, est devenu soudain un théâtre potentiel pour une scène hautement symbolique de l’acte VI. Le dispositif qui s’est mis en place à la suite de cette annonce est absolument faramineux. Fermeture de tout le périmètre du château, fermeture complète ou partielle des principales gares, interdiction de stationner dans la plupart des grandes artères etc….

A l’aube les principales hypothèses étaient donc : une mobilisation centrale à Versailles, un « Paris vide » et des blocages aux frontières.

Ils sont là où on ne les attendait pas, et bien là !

Mais dès le matin, il est apparu que les Gilets Jaunes avaient renoncé à leur plan Versailles. A l’heure où nous écrivons, le calme plat règne dans la ville barricadée jusqu’aux dents. Le parisien écrivait en fin de matinée : « l’avenue de Paris, où se situe le Château de Versailles, a été rouverte à la circulation peu avant 10 heures ». Joli pied de nez au lourd dispositif préfectoral mis en place.

Par contre, ils ont décidé de se rendre dans un Paris qui devait être « vide » en allant investir le quartier de Montmartre, infiniment moins gérable pour les forces de police que l’avenue de Paris à Versailles qui fait 17 mètres de large de plus que les Champs-Elysées, eux aussi désertés. A Midi, plusieurs centaines de gilets jaunes ont commencé à parcourir les rues de la capitale depuis le Sacré-Cœur.

Au fil des échanges sur les réseaux, les lieux se multiplient

Une autre tactique de mobilisation, qui elle, s’était précisée dans les dernières heures, s’est déployée durant toute la matinée : les blocages de circulation pour empêcher le transit des denrées aux frontières, notamment avec l’Espagne et l’Italie. Au-delà d’un blocage « économique » cette présence aux frontières constituerait aussi pour certains Gilets Jaunes l’opportunité de nouer des liens avec de potentiels Gilets Jaunes, au-delà des frontières.

En fin de matinée, une centaine de GJ positionnés au Boulou, à la frontière espagnole à l’entrée de l’autoroute A9, ont reçu l’autorisation du Préfet de se placer sur la barrière de péage, à condition de laisser passer les véhicules et de se contenter de ralentir les camions sans les bloquer. Mais dès midi, les manifestants occupaient les deux voies et l’autoroute était bloquée dans les deux sens. Les camions poids lourds ont dû être détournés.

Des barrages du même type se multiplient en de nombreux points frontaliers : avec l’Italie, la Suisse, l’Allemagne, la Belgique.
Pour autant, il faut préciser que les aspirations protectionnistes que ce type d’action pourrait inspirer doivent être combattues. Toutes actions visant à bloquer des camions étrangers qui "inonderaient" le marché hexagonal serait un signal négatif d’autant plus dans le contexte où les frontières et le protectionnisme, si "solidaire" soit-il, peut tendre à pointer l’étranger comme le problème de tous nos maux.

Quant aux autres villes de France, plus de 14 ont prévu de répondre à l’appel, notamment des villes comme Toulouse ou Bordeaux qui ont été des lieux de lutte emblématique lors de l’acte V.

Compte tenu de l’effet de surprise voulu par les gilets jaunes, la matinée a été essentiellement consacrée à la prise de position, l’acte VI va battre son plein dans l’après-midi. Mais d’ores et déjà ceux qui voudraient croire et raconter que l’Acte VI joue la mort du mouvement ont perdu.


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