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Iran #WhiteWednesdays

Les iraniennes qui enlèvent leur voile font face à la répression ! 

Depuis la Révolution islamique qui a fait fuir le Shah, le port du voile est obligatoire pour les femmes en Iran. Or, depuis la vague de manifestations de décembre dernier contre la vie chère et les inégalités, et la dure répression qui s’en est suivie, des femmes osent contester leur place dans la société iranienne.

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Depuis décembre dernier, des iraniennes enlèvent leur voile dans l’espace public (souvent dans la rue) pour protester contre la place qui leur est assignée dans la société iranienne. Plus d’une trentaine de femmes ont déjà été arrêtées. Un acte de défiance contre le gouvernement, qui, contre l’obligation du port du voile, et plus généralement pour dénoncer la condition des femmes en Iran.

Courrier International cite le quotidien réformateur iranien Bahar qui explique que la contestation de l’obligation du port du voile « a toujours existé dans la société iranienne. », « ces jours-ci, elle est en train de passer, petit à petit, de la théorie à l’action ».

En Iran, le port du voile est obligatoire à partir de 9 ans. Depuis des années les Iraniennes tentent de contourner la loi en signe d’insoumission, et ce malgré les risques encourus ; la police des mœurs veille en effet en permanence à ce que cette obligation soit respectée. L’Etat a pourtant fait de légères concessions après le mouvement de décembre dernier.

En effet, la police de Téhéran a annoncé le 28 décembre que les femmes se montrant en public avec une tenue jugée inappropriée, c’est-à-dire non conforme à la loi islamique, ne seraient plus arrêtées et placées en détention ; mais cela ne vaut que pour la capitale et seulement en cas de hijab mal porté. Les femmes iraniennes n’ont toujours pas le droit d’aller et venir tête nue. À défaut d’arrestations ou d’amendes, les contrevenantes devront suivre des cours d’éducation islamique. Malgré cela les actes de défiances perdurent et s’accentuent.

Un mouvement qui prend de l’ampleur

 
Lancé par Masih Alinejad, journaliste iranienne vivant aux États-Unis, le hashtag #WhiteWednesdays montre chaque mercredi des vidéos et des photos d’Iraniennes s’affichant tête nue sur les réseaux sociaux en signe de protestation. Citée par Marianne, la journaliste explique que « dans sa déclaration, le chef de la police a dit que si l’écharpe tombe "accidentellement", la femme ne serait pas arrêtée mais envoyée dans des cours d’éducation. Or personne ne retire son foulard accidentellement. »

Le mouvement a pris de l’ampleur et ne se limite plus aujourd’hui aux réseaux sociaux. En mai 2017, avec la réélection du président iranien, seul candidat modéré, le mouvement dit du « voile blanc » est apparu, se manifestant d’abord par des femmes se prenant en photo portant un foulard blanc, puis par des voiles blancs « mal portés » dans l’espace public. Désormais, des femmes iraniennes enlèvent leur voile blanc en public et l’agitent en signe de protestation, ultime étape d’un mouvement qui monte en crescendo.

Face à cette radicalisation progressive, le gouvernement achoisi de répondre par la répression.

Vida Movahedi, dont les images ont fait le tour du monde, est devenue l’icône de ce mouvement, en montant sur une armoire électrique et en brandissant son voile blanc au bout d’une perche en décembre dernier. Elle a été arrêtée fin décembre et libérée il y a seulement quelques jours.

Répression et propositions de réformes : canaliser la colère des femmes

La réponse à apporter, pour certains, serait d’ouvrir un débat dans la société iranienne. Certains journaux réformistes, comme Bahar ou Shahrvand expliquent que « pour ne pas que les revendications des Iraniennes deviennent trop radicales, il faut réformer très rapidement les structures corrompues du pays ». Pour le quotidien ultra conservateur Kayhan, ce mouvement est soutenu par « le département américain des Affaires étrangères ». Ces actions sont considérées par le journal comme « anti-révolutionnaires » et il appelle à une sévère réaction contre ces « égarées ».

La vague de contestation des femmes iraniennes contre les lois sexistes inquiète l’État, les politiques et les médias. Si les journaux réformateurs demandent une réforme, c’est bel et bien qu’ils craignent une radicalisation du mouvement, chose qui s’est produite au fil des mois.
 
La seule différence actuelle entre réformistes et ultra-conservateursest la réponse apportée : la réforme pour les uns contre la répression pour les autres. Mais ils ont le même but : tuer dans l’œuf le mouvement féministe iranien. En effet, l’obligation du port du voile peut être un tremplin pour dénoncer toutes les lois réactionnaires contre les femmes en Iran, comme le code de la famille qui institutionnalise l’infériorisation des femmes, à travers leur impossibilité d’exercer un métier ou de voyager à l’étranger sans l’autorisation du mari, leur interdiction de chanter ou de danser dans des espaces mixtes sous prétexte que leur corps et leur voix provoqueraient des désirs illicites, etc. Malgré la répression, les femmes iraniennes continuent de braver l’interdit, et de plus en plus de femmes agitent leur hijab blanc pour revendiquer leurs droits et dénoncer la société réactionnaire iranienne.


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