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Élections 2017 et universités

Les présidents d’Université mettent la pression pour généraliser la sélection

En ce début de semaine, la Conférence des présidents d’Université (CPU) s’est réunie pour échanger sur les défis de l’université « de demain ». Dans une adresse au « futur président de la république », elle appelle les différents candidats à se saisir de ses revendications. Elle demande notamment plus d’autonomie pour les établissements et la possibilité de demander des prérequis pour l’entrée en L1.

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Réunis les 28 février et 1er mars à Reims, les présidents d’université réunis en CPU ont débattu de l’avenir des établissements universitaires, et de leurs attentes vis-à-vis du prochain gouvernement, dans un contexte où les universités sont confrontées depuis plusieurs années à un « boom » en termes d’effectifs. Avec environ 40 000 bacheliers en plus à chaque rentrée, les demandes d’inscription sont toujours plus nombreuses. Des effectifs en forte hausse donc mais des budgets de l’État qui restent constants, voire qui diminuent depuis les dernières années, rendant structurellement insuffisants les moyens dont disposent les universités.

C’est à l’aide de cet argument que les présidents d’universités interpellent les différents candidats pour monnayer « plus d’autonomie » pour les établissements universitaires lors du prochain gouvernement. Autrement dit, renforcer la LRU de Nicolas Sarkozy et de Valérie Pécresse, alors ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui confère une autonomie quasi-totale aux établissements en matière de financement et de gestion. Aujourd’hui c’est cette même « autonomie » qui est invoquée pour mettre en place le contingentement à l’entrée en L1, alors même que le droit garantit en principe la possibilité de s’inscrire dans la filière de son choix pour tous les bacheliers.

En demandant plus « d’autonomie » pour les universités, la CPU se positionne de manière assumée pour plus de sélection et ce dès l’entrée en L1. Dans une « adresse » au « futur président de la République », elle écrit : « Il faut briser le tabou de la sélection, qui recouvre des réalités très différentes : il ne s’agit pas de faire du malthusianisme, nous nous battons au contraire pour l’élévation du niveau de qualification et adhérons à l’objectif de 60 % d’une classe d’âge diplômée de l’enseignement supérieur. ». Néanmoins, les présidents d’Université demandent à ce que les établissements soient autorisés à demander des « prérequis » pour l’entrée en L1. « Une orientation bien pensée suppose que l’étudiant ait acquis certaines bases et qu’il soit possible de demander des prérequis à l’entrée de la licence (…) « On ne peut pas continuer d’envoyer des jeunes en licence, qui vont échouer à coup sûr » soutient Gilles Roussel, son président. Ces futurs prérequis pourraient consister en des tests à l’entrée, ou encore des critères de filière de baccalauréat.

La sélection n’est pas étrangère à l’université, puisque de fait elle s’applique dès le master 1 après l’accord de la honte conclu cet hiver et la loi votée par le parlement, et dont les modalités d’application se mettent en place fac par fac depuis début 2017. De même en L1, la sélection prend la forme du tirage au sort ou du contingentement (logique du premier arrivé, premier servi). En ce sens la déclaration de la CPU ne fait que radicaliser une logique de sélection sociale qui est déjà implicitement la règle. En revanche cette déclaration n’est pas anodine puisqu’elle revendique idéologiquement la nécessité de mettre en place une sélection à l’Université qui devient de fait une université sélective, réservée à une poignée qui a les moyens de s’assurer une candidature, quand jusque-là le modèle qui prévalait (au moins en principe) était celui d’une université ouverte à toutes et tous.

Du côté des candidats à la présidentielle, la question de la sélection n’est plus un tabou depuis longtemps. La primaire de la droite avait son lot de prétendants à la sélection affirmée à l’entrée de l’université, dont François Fillon aujourd’hui candidat des Républicains. De même pour Emmanuel Macron, le candidat d’En Marche. Mais même si les candidats de la « gauche » du PS comme Benoit Hamon font mine d’être opposé à l’université sélective, tous revendiquent une plus grande autonomie pour les établissements et se placent dans la poursuite des projets de regroupements universitaires tels que les fusions qui donnent la possibilité de généraliser la sélection dans nos facs. L’idée d’une « meilleure orientation » pour « mettre fin à l’échec » est souvent prétextée pour défendre une sélection sociale dès le plus jeune âge (décider que tel ou tel enfant sera voué à exercer telle ou telle fonction demain).

Pour mettre fin à la sélection sous toutes ses formes, mais également pour revendiquer des conditions d’études décentes pour tous et gratuites (seule manière de rendre l’université réellement ouverte à tous), nous devons revendiquer une politique de réinvestissement massif et public dans l’enseignement supérieur et la recherche, ainsi que des moyens pour mettre fin à la précarité des jeunes.


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