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Rétropédalage

Macron revient sur ses propos sur la « dure vie des entrepreneurs »

Renan Granger Après ses déclarations, il y a plus d’une semaine sur « la dure vie des entrepreneurs », celui-ci a finalement fini par revenir partiellement sur ses propos : ce serait un malentendu. Quelques jours plus tôt, c’était Sarkozy qui s’était prononcé pour la relaxe des syndicalistes de Goodyear. Quand les hommes politiques au service du patronat tentent une opération séduction auprès des travailleurs, ça donne ça.

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La dure vie méconnue des hommes politiques

Plus dure encore que la vie des entrepreneurs, il y a celle des hommes politiques. S’ils partagent avec les premiers la même aversion pour les travailleurs et les classes populaires, le même gout du faste, les politiques doivent, eux, être très vigilants pour que ça ne se voie pas. Mais, parfois, ils ne peuvent pas se retenir, et ça dérape : on a le malheur de se faire photographier en vacances sur un yacht, de sortir la petite phrase de trop sur tout le mépris qu’on a des travailleurs. Et il faut en plus éviter ces journalistes à la recherche du « scoop » qui cherchent à révéler vos comptes secrets bien cachés en Suisse. Pas facile !

Et quand on fait une sortie de route, il y a un passage obligé : on doit faire ses excuses, publiques, pour retrouver la confiance des Français. C’est sûrement les pires moments de la vie d’un homme politique : on doit confesser que finalement, on aime les travailleurs, et on devient la risée de tous les copains. Cette semaine, ce sont deux poids lourds du mépris de classe qui se sont pliés à l’exercice. Emmanuel Macron, banquier du gouvernement, dont le mépris pour tout forme d’acquis sociaux est un secret de polichinelle ; et Nicolas Sarkozy, ex-président « bling-bling », l’ami de Bolloré, qui multiplie depuis son éviction les conférences pour les princes saoudiens et consorts à plusieurs centaines de milliers d’euros. Autant dire que l’affaire n’était pas gagnée d’avance pour ces deux-là.

La pirouette de Macron, difficile d’y croire

Côté Macron, la phrase sur « la vie d’un entrepreneur qui est parfois est plus dure que celle d’un salarié » était mal passée, surtout pour un ministre de l’économie habitué aux bravades médiatiques contre les 35h ou le statut de fonctionnaires. Surtout quand, peu de temps après, sur la même émission, celui-ci s’était retrouvé dans une bien mauvaise position, face à face avec Mickaël Wamen, l’ex-Goodyear qui fait partie des condamnés à 8 mois de prison fermes pour avoir séquestré les représentants de l’usine, ceux là-même qui venait de liquider l’entreprise, plongeant dans la misère les travailleurs de l’usine et signant même un arrêt de mort pour douze d’entre eux, décédés depuis.

Il fallait donc se rattraper pour Macron, mais pas non plus se contredire, difficile. Celui-ci a donc fini par trouver la bonne pirouette pour faire avaler la pilule : c’était un malentendu et une formule maladroite de sa part. A l’en croire, celui-ci voulait parler des « millions d’entrepreneurs » qui « prennent des risques chaque jour » : « commerçants, artisans, celles et ceux qui ont fait des start-up, parfois des sociétés familiales (...) ». Une pirouette habile, qui consiste à mettre sur le même plan un auto-entrepreneur obligé de créer son entreprise car il ne parvient pas à trouver de travail, et un grand actionnaire du CAC 40, occupé à massacrer nos emplois pour faire toujours plus de profits. Et surtout, à mettre sous le tapis la deuxième partie de sa déclaration : l’entrepreneur, « il peut tout perdre, lui » sous-entendant ainsi que les travailleurs n’avaient rien à perdre et étaient trop protégés.
A l’entendre donc, celui-ci ne voulait pas opposer les entrepreneurs aux salariés, c’était une erreur.

Sarkozy les pieds dans le plat

Côté Sarkozy, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on n’a pas froid aux yeux. Celui-ci n’a pas cherché à faire une pirouette, ou à faire croire qu’il y aurait un malentendu, mais a déclaré à trois syndicalistes CGT, ce dimanche 24 janvier, et sans sourciller, qu’il était contre la condamnation des syndicalistes de Goodyear et pour leur relaxe. Rien que ça !

Quand on connait le passé du président « bling-bling », toujours aux côtés des grands patrons pour remettre en cause nos acquis sociaux, ou encore quand on se rappelle ses propos méprisants sur la « chienlit » après l’arrachage de chemise à Air France ; il faut bien reconnaître que Sarkozy ne manque pas de culot. Mal placé dans les sondages pour être le candidat des Républicains, l’ex-président appuie désormais sur l’accélérateur, quitte à décoiffer un petit peu. Et l’on comprend mieux cette déclaration surréaliste de Sarkozy quand on connait son intention. A la fin de l’entretien, celui-ci aurait déclaré aux trois syndicalistes : « La CGT doit assumer d’avoir appelé à voter Hollande avant l’élection présidentielle de 2012 ! ». « Hollande est pourri, votez pour moi ! » : pas sûr que ce slogan suffise pour faire oublier ses 5 ans de mandat placés sous le signe de l’offensive permanente contre les travailleurs et les classes populaires.

Nous sommes tous des Goodyear, mais sans les patrons et leurs acolytes

Et au milieu de tout ça, il y a les syndicalistes de Goodyear, et Mickaël Wamen, « le dernier français qui ouvre sa bouche face au patronat » dixit Groland. Et décidemment, il faut bien reconnaitre que ceux-ci mettent une bien belle pagaille dans ce beau monde des hommes politiques. Pour Macron, pour Sarkozy et pour les autres, il devient de plus en plus dur de convaincre de sa bonne foi. Car, derrière le « dialogue social » et les déclarations de Macron sur les catégories patrons/travailleurs qu’il ne faudrait pas opposer, la réalité dans nos lieux de travail est bien différente. Et les salariés qui subissent au quotidien la charge de travail, les salaires de misère, les licenciements et les coups de pressions -conditions de travail toujours plus dégradées par la politique pro-patronale du gouvernement - le savent particulièrement bien.

Nous sommes tous des Goodyear, oui, mais sans les patrons et leurs acolytes. Et ce n’est pas autour d’une table de négociations, ou dans les tribunaux d’une justice acquise aux intérêts patronaux que nous pourrons renverser le rapport de forces, mais bien par la mobilisation la plus large possible, dans la rue. Et là, à coup sûr, il n’y aura pas de Macron, ni de Sarkozy.


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