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A droite toute !

Macron-roi veut « réparer le lien entre l’Église et l’État » : la droite dure tend l’oreille

Une majorité de français estimaient déjà que La République En Marche, et son saint patron, Emmanuel Macron, étaient de droite. Avec son discours devant la Conférence des évêques de France, il n'y a plus l'ombre d'un doute. En appelant à « réparer le lien entre l'Église et l'État », Emmanuel Macron ne se contente pas de fouler du pied la loi sur la laïcité de 1905. Il lance un appel de soutien à la droite dure, catholique et traditionnelle, qui pourrait bien se sentir pousser des ailes, et cherche à translater sa base sociale, déjà branlante, dans les ex-contrées fillonistes, aujourd'hui draguées par Wauquiez.

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A la reconquête d’une base sociale

Le discours d’Emmanuel Macron à la la Conférence des évêques de France de ce lundi n’est pas passé inaperçu tant le ton adopté par le chef de l’État ressemblait à un appel à un soutien massif des catholiques à sa politique. Par-delà les arrangements avec la laïcité, l’appel du chef du gouvernement aux représentants catholiques traduit la posture sociale difficile que le macronisme traverse en ce moment, avec un premier mouvement social d’ampleur qui commence à faire trembler le pouvoir après seulement un an de mandature. La base sociale du président a toujours été vacillante, ébranlée par les effets des réformes touchant au pouvoir d’achat (hausse de la CSG pour les retraités notamment, promesse de suppression de la taxe d’habitation non effective). Son hégémonie politique reposait surtout sur la vitesse à laquelle il enchaînait les réformes, et l’effet de sidération provoqué. Elle se trouve aujourd’hui remise en cause par le mouvement de grève à la SNCF et dans les universités, qui reçoit un écho plutôt favorable au sein de la population. Fragilisé, Macron est contraint de sortir du bois, de changer les discours et les valeurs, pour s’attirer la sympathie des franges les plus droitières de la population. L’épisode de la Conférence des Evêques sera-t-il le point de bascule d’un Macron entrepreneur 2.0, libérale à tout point de vue, à un Macron « néo-filloniste », prônant à la fois les vertus du « libre- marché » et le conservatisme des normes sociales ? Apparemment. Pour conquérir une nouvelle base sociale, s’arroger le soutien d’une partie de la population, - et pourquoi pas organiser des manifestations à l’image de François Fillon pendant la campagne ? - Macron semble prêt à tout, y compris à réajuster son offre politique auprès les franges les plus radicalisées de la droite conservatrice.

OPA sur le « mariage pour tous » et l’ex-camp filloniste

Le président des riches s’est donc fendu d’une heure de discours devant les représentants catholiques en appelant à « réparer » les « lien entre l’Église et l’État » qui auraient été « abimés ». Après la séquence sur la légalisation du mariage pour tous, qui a mobilisé les catholiques sous le quinquennat Hollande, Macron veut se rapprocher une frange de l’électorat qui s’est senti attaquée. Pour ce faire, Macron n’a pas lésiné sur les formules, que son fidèle ministre Gérard Collomb n’hésite pas à relier à un « sens de l’absolu » qui ferait du président « presque un artiste ». Derrière cette admiration béate, la réalité est beaucoup plus prosaïque et politicienne. En réaffirmant « les liens les plus indestructibles entre la nation française et le catholicisme », en rappelant que la France « a été fortifiée par l’engagement des catholiques » et en martelant « un appel à un engagement des catholiques en politique », Macron cherche à réveiller un électorat catholique traditionnel pour élargir sa base sociale au moment même où son pouvoir autoritaire rencontre ses premières limites et le ramène à la réalité de ses 25% de soutien du corps électoral au deuxième tour des présidentielle en mai dernier.

Ne se contentant pas d’une simple profession de foi sans garanties, Macron a su donner des gages aux représentants catholiques. Sur les migrants, Macron a répondu aux sollicitations de Mgr Pontier, archevêque de Marseille : il a promis de modérer sa politique du gouvernement, répressive au point de créer de dissension au sein même de son propre camp, en répondant par l’« humanisme réaliste », la même formule qu’il utilisait déjà lorsque les migrants à Paris, à Calais, se faisaient jeter par vague de grand froid de leurs camps de fortune. La formule devrait cependant suffire à soulager la conscience de l’archevêque, et les rafles continueront.

Mais c’est sur le droit à la fin de vie que son appel du pied s’est fait le plus explicite. En effet, Macron s’est déclaré opposé à la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté, position dont l’Église se revendique explicitement. Pour finir, le président a entendu renouer les liens entre l’Église et l’État en s’appuyant sur le sacrifice d’Arnaud Beltrame chez qui « la part du citoyen et la part du catholique » brûlaient « d’une même flamme ». Tous les ingrédients étaient donc réunis pour s’attire les faveurs de l’Église catholique : un brin de compassion, un gage d’immobilisme sur les valeurs et du patriotisme qui rappelle que « l’engagement des catholiques » a « fortifié » la France.

Dans « ce moment de grande fragilité sociale », comme le souligne le président qui incarne la casse sociale à tous les étages, la Conférence des évêques de France au collège des Bernardins à Paris, était une aubaine pour Macron. Elle lui a permis de lancer un appel clair sur sa droite en brossant l’électorat catholique dans le sens du poil. Cette manœuvre vise à garder une assise politique à l’heure où l’écran du fumée du « ni de droite, ni de gauche » se dissipe et que le gouvernement perd en autorité face à un mouvement social déterminé à la SNCF et une situation explosive dans les universités.


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