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Répression brutale d’un lycéen

Manifestation du 24 mars. Le gouvernement est en train de perdre la bataille médiatique

Crédit Photos : Info'Com CGT Pour cette troisième échéance de mobilisation, même si le nombre de manifestants a été moindre comparé aux précédentes journées, cette participation doit être relativisée tant la grande majorité des salariés, 71%, reste hostile au projet de loi Travail. D’autant plus que des pointes avancées de la mobilisation se sont confirmées notamment à Nantes et au Havre. Pourtant, en attendant les estimations de participation, une chose est sûre : pour la première fois depuis le retoquage de la loi le 14 mars, qui a vu la division définitive du front de l’intersyndicale, le gouvernement est en train de perdre la bataille médiatique, le jour même de la présentation du projet de loi en Conseil des ministres. En effet, la vidéo du lycéen brutalement réprimé par les CRS a révélé au grand jour la répression croissante auquel est confronté le mouvement étudiant et lycéen, à commencer par les violences policières lors de la journée du 17. Damien Bernard

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Diffusée massivement dans les réseaux sociaux, la vidéo montrant le lycéen, retenu par deux CRS, avant qu’un des policiers ne lui assène un coup de poing sur le visage, s’est propagée à grande vitesse, révélant ainsi, dans une vidéo pour le moins explicite, la terrible réalité, d’une jeunesse, notamment celle des quartiers populaires, réprimée et violentée quotidiennement. Pourtant, les médias les plus à droite, dont TF1 lors du journal du 20h, ont tout de même tenté le tour de force de faire passer le jeune lycéen agressé pour l’agresseur des deux policiers, sous entendant que ces derniers n’auraient fait que se défendre.

La répression policière, révélée au grand jour, ne peut être réfutée

Mais la vidéo, complétée par une version longue, quand bien même, ne peut laisser le moindre doute, et le gouvernement l’a bien compris. En déclenchant une investigation de l’inspection générale de la police nationale (IGPN), il s’agit ainsi de se dissocier de cette répression de ses forces de police qu’il est impossible de nier, et auxquels il faudrait, selon Cazeneuve, « des sanctions appropriées ». « Ces images m’ont choqué », continue cyniquement le ministre de l’Intérieur. En une de tous les grands médias, cette vidéo pourrait marquer un tournant dans la bataille entre le gouvernement et une partie de la jeunesse mobilisée. Tout cela pourrait renforcer le mouvement qui entre dans une phase cruciale avec la journée de manifestation et de grève générale interprofessionnelle du 31.

Ce nouveau cas de violences policières, qui est à placer dans la continuité de la montée répressive du gouvernement comme on a pu voir le 17, visant à briser l’élan de la jeunesse mobilisée contre la loi Travail, nous devons le condamner et le dénoncer, mais aussi montrer que cette violence captée sur le vif, n’est qu’une expression de la répression dont est victime non seulement la mobilisation mais aussi de ce que vivent tous les jours, les jeunes des quartiers populaires, de la jeunesse ouvrière.

Une mobilisation en demi-teinte à relativiser. En avant pour le 31 !

La mobilisation en berne de ce jeudi, comparée au 9 et au 17 mars doit être relativisée. Dans l’attente des estimations nationales des directions syndicales qui avaient estimé à 150000, le nombre de manifestant le 17 mars, selon la police ce serait 43.000 manifestants qui auraient exigé, dans toute la France, le retrait total de la loi Travail, à comparer aux 69000, la semaine d’avant. Ces chiffres largement sous-estimés montrent toute de même, en rapport, une participation en baisse, notamment marquée par la baisse de la mobilisation lycéenne, avec moitié moins de lycées bloqués, toujours selon les chiffres de la police.

Pourtant cette baisse de la participation est à relativiser fortement, tant la colère gronde, ce qui s’illustre par la radicalité des mots d’ordre observés lors des manifestations, mais aussi au vu de l’opposition large de la majorité de la population à la loi Travail, approfondissant la rupture avec le gouvernement PS. Ce sont aussi les pointes avancées du mouvement qui se confirment, malgré la forte répression, comme à Nantes où près de 8000 manifestants ont défilé, ou encore au Havre, où le nombre de manifestant est passé de 3000 le 17, à 7000 manifestants le 24 mars, opérant même une jonction entre le mouvement étudiants et des secteurs clés du mouvement ouvrier avec près de 2000 dockers. Ces exemples démontrent d’autant plus que le mouvement peut et doit être amenée à se massifier tout en opérant une jonction entre étudiants, lycéens et salariés, soit le « tous ensemble » que Hollande redoute tant.

Mais, c’est aussi le front du mouvement étudiant, qui démontre une vigueur nouvelle, même si celle-ci ne s’est pas forcément traduite entièrement dans les chiffres. Dans les universités, où se sont déroulés des AG ce jeudi, les chiffres sont en fortes hausse, près de 1 200 étudiants participants à Rennes, 900 à Tolbiac, entre 500 et 600 à Lille, Grenoble ou Rouen. En tête du cortège parisien, William Martinet, le président de l’UNEF, le confirme en estimant qu’« il y a sûrement moins de monde à Paris que la dernière fois, mais les chiffres des assemblées générales [dans les universités] sont intéressants ».

Pour faire reculer ce gouvernement, une grève générale reconductible jusqu’au retrait total !

Alors que nombre de structures syndicales, de la CGT, FO et même de la CFDT avaient appelés à des manifestations, certains à des grèves, dès le 24 mars, puis le 31 mars, journée de grève nationale interprofessionnelle, l’intersyndicale avait, de son côté, appelé à se joindre à la manifestation impulsée par la jeunesse, le 24 mars, sans pour autant appeler à la grève. Jean-Claude Mailly (FO) et Bernadette Groison (FSU), étaient présents dans le cortège, tandis que Philippe Martinez, déjà absent le 17, n’était pas là, en campagne pour son élection à la tête de la CGT. Alors même que la direction de la CGT était absente, certains secteurs avancées du mouvement ouvrier étaient présentes, notamment en province, comme l’a illustré la combativité des dockers du Havre, signe que la base reste mobilisée, bien que plutôt préparé par ses directions à resurgir le 31 mars, lors d’une grève générale interprofessionnelle.

Ce message et la pression de la base exercée sur les directions syndicales se sont exprimés en quelque sorte par le communiqué de l’intersyndicale du 24 mars, signée par la CGT, FO, FSU, Union syndicale Solidaires, UNEF, UNL, FIDL, et qui appelle à « l’ensemble des salarié-es, privé-es d’emploi, étudiant-es, lycéen-nes, retraité-es à se mobiliser par la grève et à participer massivement aux manifestations le 31 mars pour obtenir le retrait de ce projet de loi ». Ajoutant par la suite qu’à « l’issue de la journée du 31, le gouvernement doit répondre. Si tel n’était pas le cas, les organisations signataires inviteront les salarié-es et les jeunes à débattre la poursuite de l’action dans les jours suivants et à renforcer les mobilisations, y compris par la grève et les manifestations ». L’intersyndical a donc bien entendu notre voix, seule une grève nationale interprofessionnelle dans la durée, donc reconduite après le 31, jusqu’au retrait pur et simple du projet de loi, pourra permettre de faire reculer ce gouvernement.


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