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Etat espagnol

Manifestation massive pour l’indépendance en Catalogne

Guillermo Ferrari et Laura Varlet La "díada", manifestation traditionnelle des indépendantistes en Catalogne, a eu un caractère spécial cette année car elle a eu lieu dans le contexte de la campagne pour les élections régionales du 27 septembre. La manifestation a été massive, avec plus de 1,4 millions de personnes, selon les chiffres de la police locale.

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La situation est visiblement marquée par un fort sentiment indépendantiste exprimé dans un large mouvement social qui aspire à ce que les élections, qui auront lieu dans deux semaines, aient un caractère plébiscitaire et ouvrent la voie vers l’indépendance de la Catalogne.

La mobilisation a été convoquée par l’Assemblée Nationale Catalane et par Òmnium Cultural, deux entités qui appellent au vote pour la liste de Junts pel Sí, qui se prononce en faveur de l’indépendance. A partir de 16h, les rues autour de l’un des accès les plus importants vers le centre de Barcelone devenaient noir de monde sous les drapeaux indépendantistes. Des nombreux bus arrivaient de tous les coins de la Catalogne.

A l’intérieur de cette véritable marée humaine, on pouvait voir des milliers d’étoilées, nom que porte le drapeau qui symbolise la revendication de l’indépendance de la Catalogne. Il y avait également des drapeaux du Québec, de l’Ecosse et de différents pays. Dans une ambiance festive, à différents endroits de cette manifestation massive, on pouvait voir les traditionnels spectacles de "collas castelleras", ainsi que des groupes de musique qui animaient cette journée.

Sans aucun doute, le mouvement démocratique qui exige le droit à l’auto-détermination est toujours vivant. Il s’agit d’un message clair et accablant envoyé à toutes les institutions espagnoles, au gouvernement, au Roi et à la "Justice", qui tout au long de l’été ont tenté de menacer et faire peur à ceux et celles qui se mobilisent au sein de ce processus en cours en Catalogne.

Malheureusement, au sein de ce mouvement démocratique beaucoup sont ceux qui font encore confiance à Convergència Democràtica de Catalunya et à son principal dirigeant, Artur Mas, président de la Catalogne. Ce dernier a modifié et allégé la feuille de route qu’il avait lui-même établi vers l’indépendance, afin ralentir et contenir le processus, ce qui ne fait que laisser le temps au Régime de 1978 (pour l’année de la mise en place de la Constitution suite à la dictature franquiste) pour tenter de trouver des brèches et ainsi empêcher le développement d’un véritable mouvement pour l’auto-détermination du peuple catalan. Par exemple, il a dernièrement remis en cause le caractère plébiscitaire des prochaines élections du 27 septembre, pour affirmer que si le peuple exprimait sa volonté d’indépendance lors de ces scrutins, cela ne voulait absolument pas dire que l’indépendance allait être obtenue immédiatement, mais qu’au contraire cela allait simplement ouvrir un processus de négociations de 18 mois avec l’État central. Il s’agit d’un des obstacles que le mouvement devra dépasser pour pouvoir exercer, une fois pour toutes, son droit effectif à l’auto-détermination.

Ceux qui prônent l’indépendance peuvent avoir la majorité aux prochaines élections

Le Centre de Recherches Sociologiques (CIS) a publié un sondage qui donnait la victoire à la liste Junts pel Sí, intégrée par la formation d’Artur Mas et Esquerra Republicana, ainsi que par d’autres entités sociales indépendantistes.

L’élément nouveau reste que l’addition des députés que devraient obtenir la liste Junts pel Sí et la liste de la Candidature de l’Unité Populaire - CUP - (qui a refusé d’intégrer la liste Junts pel Sí tout en défendant le caractère plébiscitaire des élections) leur donnerait la majorité absolue au sein du Parlement catalan, alors qu’il s’agit des deux listes qui prônent ouvertement l’indépendance. Selon le sondage, Junts pel Sí aurait 38% des voix et 61 sièges. De son côté, la CUP continue sa percée et passerait de 3 à 8 sièges avec 6% des voix. Si la CUP arrive à ces résultats, ses animateurs devront alors décider si elle donne le soutien politique à Artur Mas lors de l’investiture ou si elle se maintient indépendamment de cette formation représentante de la bourgeoisie catalane.

Les listes Ciutadans et Catalunya sí que es pot (Catalogne, nous pouvons) vont disputer la deuxième place avec 19 et 18% respectivement. En ce qui concerne Catalunya sí que es pot, ainsi que la formation Podemos de Pablo Iglesias, ils se placent dans une logique de subordonner le droit à décider des catalans à l’ouverture d’un processus constituant par en haut au sein de l’État espagnol. Cela revient à accepter que le droit à la souveraineté des catalans devrait trouver l’accord des institutions réactionnaires de l’État central. C’est le même raisonnement que l’on trouve chez les différents représentants du Régime de 1978, notamment le PSOE (Parti Socialiste), avec leurs promesses de "réforme constitutionnelle" qui devrait trouver un "nouvel ancrage" et un nouveau "modèle de financement" pour la Catalogne.

Un autre élément important révélé par les sondages est le fait qu’il aurait encore 25% d’indécis, ce qui équivaut à 1 million d’électeurs. La situation reste donc ouverte.

Bien que moins importante que la manifestation monstre qui avait eu lieu en 2012 avec près de 1,8 millions de participants, la "Diada" de cette année a donc ouvert la campagne électoral avec une énorme démonstration de force en faveur de l’indépendance. Il y a maintenant deux semaines de campagne électorale très importante qui vont certainement ouvrir un nouvelle situation dans la politique catalane et qui aura très certainement des conséquences dans le reste de l’Etat espagnol.


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