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Candidate du système

Marine Le Pen lance sa campagne : entre opportunisme et mesures pro-patronales

Marine le Pen, a d’ores et déjà lancé sa campagne pour les présidentielles. Entre slogans et promesses opportunistes, la candidate du rassemblement national continue d’avancer son agenda néolibéral, en promettant par exemple la privatisation de l’audiovisuel public.

11 septembre 2021

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Dans un entretien accordé au Figaro, Marine le Pen a fait sa rentrée politique cette semaine, en présentant quelques éléments de programme de sa campagne présidentielle. Dans cet entretien, Marine Le Pen développe sa propre version du « en même temps ». Afin d’appuyer l’idée qu’elle serait « ni de gauche, ni de droite », elle insiste sur deux mesures phares, à savoir la nationalisation des autoroutes, et la privatisation de l’audiovisuel public.

Elle déclare ainsi : « J’ai parfois suscité des interrogations en assurant que je n’étais ni de droite, ni de gauche mais de France. Cela veut dire que je ne détermine pas la qualité d’une mesure par rapport à sa prétendue couleur politique. Voilà deux propositions qui le démontrent : tout d’abord, la nationalisation des autoroutes (…). Ensuite, la privatisation de l’audiovisuel public. » En bref, une promesse opportuniste cherchant à s’adresser à un électorat populaire.

Opportunisme et fausses promesses

A travers la promesse de nationalisation des autoroutes, Marine Le Pen vise un électorat populaire, qui souffre notamment de devoir payer toujours plus en péages et essence pour réaliser des trajets quotidiens. Cette promesse fait en effet directement échos au mouvement des Gilets Jaunes. Marine Le Pen cherche ainsi à s’adresser aux secteurs de la France périphérique, ces travailleurs précaires des rond points qui s’étaient révoltés lors du mouvement des Gilets jaunes. De la même façon, elle propose de mettre en place un Référendum d’Initiative Populaire, proche du RIC. En reprenant ces deux mesures, elle tente ainsi de surfer sur ce mouvement populaire qui a suscité le soutien de la majorité de la population. Pourtant, tout au long des manifestations des Gilets jaunes elle a refusé de soutenir l’amnistie, elle a rejeté toutes augmentations de salaires, au cœur de leurs revendications, tout en apportant un soutien constant aux policiers qui éborgnaient tous les samedis.

Si Le Pen reprend des propositions proches en apparence de celles revendiquées par les Gilets jaunes, elle les vide de tout contenu un tant soit peu radical. Quand les manifestants proposaient entres autres de pouvoir révoquer les élus par référendum, la présidente du RN ne reprend pas cette disposition et se garde bien de préciser dans quelles conditions elle mettre en place sa version du Référendum d’Initiative Populaire... Concernant sa promesse de nationalisation des autoroutes, si elle la tenait, ce dont on peut douter, elle ferait en réalité un sacré cadeau aux multinationales qui détiennent les autoroutes, car pour rompre le contrat signé avec l’État, qui prend fin en 2031, il faudrait débourser 47 milliards d’euros. Nationaliser les autoroutes reviendrait dans ces conditions à engraisser les patrons de Eiffage, Vinci et Coffiroute. La seule solution serait de les exproprier pour reprendre leur contrôle sans rien donner au privé, ce qui n’est évidemment pas dans le programme pro-patronal de Le Pen.

Dans la même logique, son affiche de campagne et son slogan "Libertés chéries" sont indéniablement un appel du pied aux manifestants contre le pass sanitaire dont elle voudrait capter la colère. Une entreprise opportuniste comme celle menée actuellement par Florian Philippot son ancien bras droit. Cette tentative de se placer en défenseuse des libertés est d’une grande hypocrisie quand on sait que Le Pen a soutenu la loi Sécurité globale ou encore la loi séparatisme, des lois profondément sécuritaires, liberticides et répressive.

Ces fausses promesses traduisent en réalité une difficulté à laquelle Le Pen est confrontée : celle de conserver son électorat populaire tout en apparaissant comme respectable aux yeux de la bourgeoisie. Alors que son programme est de plus en plus clairement néolibéral, il apparait qu’elle ne peut rien offrir à son électorat populaire, si ce n’est quelques promesses électoralistes.

Et cadeaux pour le patronat

Aussi, lorsque dans l’entretien au Figaro, le journaliste lui demande ce qu’elle propose pour le pouvoir d’achat, loin d’annoncer une augmentation des salaires, elle se retrouve incapable de proposer une mesure concrète, si ce n’est la fin de la redevance télévisuelle, permise par la privatisation de l’audiovisuel public.

Cette seconde mesure phare qu’elle met en avant est un cadeau considérable fait au patronat du secteur audiovisuel. Marine Le Pen le présente clairement de la sorte en expliquant que la fin de la télévision et radio publique « permettra de consolider le secteur audiovisuel privé ». Celle qui s’est présentée comme anti-système pendant des années, surjouant notamment une hostilité envers la presse, propose en réalité d’assurer les profits des milliardaires qui possèdent les médias, de Bolloré à Bouygues, et de gonfler l’audience de BFM ou CNews. Derrière cette mesure authentiquement néolibérale de casse du service public, Le Pen donne des gages considérables à la bourgeoisie. De part cette initiative pro-patronale, cela lui permet d’apparaitre comme une candidate respectable, qui n’empêchera pas les patrons de faire du profit si elle est élue.

Il faut donc comprendre cette mesure dans le contexte plus large de « normalisation » du parti, à travers son agenda néo-libéral de plus en plus assumé, à l’image de sa tribune en mars dernier, qui insistait sur la nécessité de rembourser la dette. Ainsi, l’imposture antisystème de Le Pen se dissipe à mesure qu’elle donne toujours plus de gages à la bourgeoisie.

Les deux promesses qu’elle met en avant pour sa rentrée politique, soit la nationalisation des autoroutes et la privatisation de l’audiovisuel public, dévoilent la stratégie qu’elle va adopter lors de sa campagne présidentielle. Consciente que, si elle veut gagner en 2022, elle doit séduire un électorat plus aisé qui vote habituellement pour Les Républicains, auquel il faut donner de gages de respectabilité et le convaincre qu’elle maintiendra le statu-quo du point de vue de l’économie, elle persévère dans une politique de plus en plus néolibérale. Cependant, elle risque ainsi de perdre une partie de son électorat populaire. La normalisation de son discours sur l’économie est en effet une des principales causes de son échec aux régionales.

Face à un duel Macron-Le Pen que cherche à imposer le gouvernement d’un côté et le RN de l’autre, il est plus que jamais nécessaire que la classe ouvrière et les classes populaires puissent défendre une candidature qui défende réellement les intérêts de notre camp social.


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