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Pourtant le colonialisme français ne connait pas de pause

Mayotte. L’intersyndicale suspend la grève générale au nom de « l’unité nationale »

L'intersyndicale CGT-CFDT-FO-FSU-Solidaires-FAEN a suspendu ce lundi la grève générale à Mayotte pour une semaine au nom de la « solidarité avec les victimesdes attentats de Paris ». En réalité, la grève avait déjà été suspendue vendredi après-midi plusieurs heures avant les évènements tragiques dans la capitale française. En effet, vers la fin de la semaine dernière l’intersyndicale semblait perdre le contrôle du mouvement quand la jeunesse des classes populaires est rentrée dans la lutte. Les jeunes ont levé des barrages, brûlé des voitures, lancé des pierres contre la police.

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Dans ce contexte, vendredi dernier, l’intersyndicale a profité d’une proposition faite par le préfet, Seymour Morsy, et lui a envoyé un projet de protocole d’accord de fin de conflit et de reprise de travail. Cependant, elle menaçait de reprendre la grève dès lundi si elle n’obtenait pas de réponse. Les attentats de vendredi et l’émotion créée lui ont donné l’opportunité de repousser la soi-disant reprise de la grève à lundi prochain. Le gouvernement et le patronat respirent, soulagés, en espérant que le temps désamorcera de lui-même la mobilisation.

Grève générale pour l’égalité des droits au même titre que la métropole

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Après la manifestation massive ayant réuni de 2000 à 3000 travailleursappelée par l’intersyndicalele 3 novembre dernier, la grève générale avait débutée le lundi 9 novembre. Parmi les principales revendications on y trouvait la mise en application du code de travailcommeenmétropole afin d’obtenir l’égalité des salaires, l’amélioration des conditions de travailet l’amélioration de la qualité des services publics à Mayotte.Elle demande aussi, une indexation de 53% des salaires des fonctionnaires et non de 40% comme propose la ministre des Outre-Mer, George Pau-Langevin.

Les négociations entre les syndicats et les entreprises ont commencédès le mois de mai, ladécision de se mettre en grève a été prise parce que les négociations n’ont aboutit à rien et que les travailleurs sont insatisfaits des réponsesdonnéespar lepatronat. Le mouvement de grève a très rapidementmobilisé des centainesde grévistesdès le premier jour.

Dans un département où la moitié de ses 219 000 habitants a moins de 20 ans et où l’âge moyen est de 17 ans, la colère d’une jeunesse exploitée et opprimée s’est également rapidement exprimée dans lesrues.

Cette explosion sociale répond à une situation économique catastrophique : avec un tiers de la population active au chômage et un PIB par habitant de 6 575 euros – près de cinq fois moins élevé que dans l’Hexagone – Mayotte est le département d’outremer le plus pauvre.

A cela il faut ajouter que le changement de statut de Mayotte en département françaisn’a pas modifié grande chose.La sécurité sociale y a été introduite en 2004 mais les modalités d’application sont différentes de la métropole et sont contraignantes pour la population locale.Par exemple en terme de prestations socialesfamilialesseulement quatre (allocation adulte handicapé, allocationsfamiliales, allocation de rentrée scolaire et allocation logement à caractère familial) sontallouées à la population de Mayotte alors que plusd’une vingtaine existent en France. Il faut ajouter qu’aucune n’est appliquée à taux plein sur l’île.

Derrière la départementalisation, des enjeux stratégiques pour l’impérialisme français

Mayotte est sous domination coloniale française depuis 1841. Elle a été la première des îles comoriennes où ont débarqué les Français. Par la suite, ces îles coincées entre Madagascar et le Mozambique, vont devenir une sorte de protectorat français. En 1974, la France procède à une grande escroquerie en totale violation des traités internationaux que les puissances impérialistes elles-mêmes ont établis : lors du référendum d’autodétermination organisé dans l’archipel comorien, Mayotte est la seule île à voter pour rester française, alors que les trois autres (Grande Comore, Anjouan et Moheli) votent massivement pour l’indépendance. La France décide donc de rester à Mayotte alors que les règles internationales prônaient le respect des frontières issues de la colonisation. La France répétait ainsi l’opération qu’elle avait effectuée en 1960 dans les îles Eparses vis-à-vis de Madagascar.

Mais quel est donc l’intérêt de la France pour ces petites îles dans l’Océan Indien ? Celles-ci se trouvent surtout au beau milieu du canal du Mozambique, une route maritime commerciale et militaire stratégique. Beaucoup de pétroliers venus du Golfe à destination de l’Europe et des Amériques empruntent cette route.

La possession de ces territoires est devenue encore plus intéressante avec la découverte de ressources pétrolières et gazières au long du Canal. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la départementalisation de Mayotte en 2009 : il s’agissait d’assurer la « souveraineté française » sur une zone stratégique.

Indépendance ? Réunification avec les Comores ?

Une fois cet objectif stratégique fixé, tous les partis politiques de l’île, y compris le PCF, ont fait campagne pour la départementalisation en 2009. Et cette campagne avait un écho parmi les classes populaires qui, même si leur situation est très précaire, voyant la situation aux Comores, sont loin de désirer une telle « indépendance » ou « réunification ». A leurs yeux, et dans les conditions de domination impérialiste, une telle « liberté » devient la liberté de mourir de faim.

En même temps, comme la situation actuelle en atteste, les « promesses » de développement sont loin d’être remplies. Le ministère des Outre-mer table sur un rattrapage du niveau de salaires, d’allocations et de RSA de la métropole d’ici… 2025 ! En plus de rester dans une situation de précarité et de pauvreté, la France attribue à l’île un rôle néfaste contre les migrants « illégaux » : rien qu’en 2014 près de 20 000 étrangers en situation irrégulière ont été expulsés de Mayotte, soit plus que le nombre d’expulsions sur l’ensemble de la métropole pour la même année.

En ce sens, la question de fond qui est posée aux travailleurs, à la jeunesse et aux classes populaires mahoraises pour obtenir satisfaction à leurs revendications immédiates et historiques c’est la lutte contre l’impérialisme français, pour l’expropriation des capitalistes locaux et internationaux, pour le droit à l’autodétermination et pour un gouvernement de travailleurs dans la perspective d’une Fédération de Républiques socialistes de l’Afrique australe, orientale et de l’Océan indien.


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