« Alors, où suis-je ? À Lyon… et maintenant…. à Paris ! » D’un claquement de doigt, Jean-Luc Mélenchon apparaît sur la scène, comme par magie « avec deux secondes de décalage » entre Lyon et Paris. Ce dimanche, l’ambiance était électrique. Pendant près d’une heure et demie, le candidat de la France Insoumise a développé le septième chapitre de son programme L’Avenir En Commun, celui sur « les frontières de l’humanité ».
Une élection qui « ressemble surtout à Top chef »
Sur scène, Mélenchon assure le spectacle, et commence par ironiser sur cette élection présidentielle qui « ressemble surtout à Top chef à cause de ses casseroles », taclant notamment François Fillon, et les nombreux scandales dans lesquels il est impliqué. L’occasion aussi de tacler Macron et les Le Pen qui n’en manquent pas non plus. Il les interpelle ensuite : « Où sont leurs programmes ? » Il évoque alors la « vague dégagiste » qui s’exprime dans le pays puis insiste sur « la rupture » qu’incarnerait « le programme l’Avenir en commun ».
Le Pen et son programme xénophobe sur l’éducation
La première incartade a visé Marine Le Pen. Cette dernière était ce dimanche à Lyon, réunissant quant à elle près de 7000 personnes, pour son meeting de lancement de campagne. Face à « l’obscurantisme » de Marine Le Pen, Mélenchon a fait le choix « de la conscience, de l’éducation ». Mélenchon attaque ses propositions sur l’éducation. « Alors Marine Le Pen, qui a bien pu vous donner une idée pareil (…) de dire ‘on n’enseignera pas aux enfants des étrangers’ ? Ce n’est qu’une ignorante qui peut le croire !", lance-t-il à son auditoire. Les applaudissements sont nourris puis il enchaîne : « Elle a dit qu’à l’école, 50% du temps doit être consacré au français.’ Et le reste, on parle quoi ? A l’école, on passe 100% du temps à apprendre le français ! »
Macron et son « ubérisation », la cible numéro 1
C’est au tour de Macron d’essuyer les attaques acerbes de Mélenchon. Il attaque frontalement l’ancien ministre de l’Economie, en affirmant qu’il a « pourri la vie de milliers de gens avec sa participation à la loi El Khomri ». Il a par ailleurs fustigé sa proposition d’ouvrir les bibliothèques le dimanche : « c’est juste pour aller faire bosser les gens le dimanche, parce que les bibliothèques, il y a des bibliothécaires dedans ! ». Poussant l’ironie, il a encore moqué le chèque culture de 500 euros qu’Emmanuel Macron veut offrir à chaque jeune de 18 ans. « Je ne sais pas à combien ils se sont mis pour trouver ça. À mon tour de ricaner. Quand eux nous disent ‘il faut produire avant de distribuer’, je leur réponds : avant de distribuer des chèques pour consommer de la culture, il faut d’abord la conduire », a-t-il expliqué.
Hamon en pointillé
Sans pour autant le nommer, Benoit Hamon a aussi eu droit à quelques piques bien placées, même si le discours est moins tranchant envers celui qui désormais fait figure de 4ème candidat dans les sondages. Il a notamment pointé la question de l’Europe. « Aussi longtemps que vous resterez dans les traités budgétaires européens aucune politique progressiste ne sera possible ». Une manière d’interpeller Benoit Hamon sur le manque de « radicalité » de son programme sur la question. Il tacle ensuite le nouveau candidat du PS : « c’est une campagne éducative, pas une campagne hallucinogène », faisant ainsi référence aux contradictions dans lesquelles est embourbé Benoit Hamon notamment en ce qui concerne l’investiture de députés socialiste tels que Myriam El Khomri, ou Manuel Valls.
Un bol d’air pour Mélenchon
Tandis que Fillon, empêtré dans ses affaires a été magistralement ignoré, Macron a été la cible privilégiée de ce meeting. Marine Le Pen a essuyé quelques salves. Benoit Hamon a été l’une des cibles pointillées. Après un premier coup d’arrêt notamment lié à l’ascension dans les sondages du vainqueur de la primaire du PS, Mélenchon repart à l’offensive au travers d’un meeting qui réussit à réunir plus que Macron (10000) et Le Pen (7000) réunis, soit près de 18000 personnes au total à Lyon et Paris. Une réussite donc que nous ne pouvons que souligner, au-delà de nos désaccords programmatiques et stratégiques avec Jean-Luc Mélenchon. Cette réussite, c’est celle d’avoir réussi à ringardiser ceux qui, alors qu’ils préparent un plan choc contre le monde du travail et la jeunesse, se disent antisystème : Macron et Le Pen.
