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Vers la fin de l’ère Merkel ?

Merkel désavouée au Parlement par son propre parti

Tiraillée au sein de sa propre coalition, et surtout à droite, la chancelière allemande Angela Merkel est plus fragilisée que jamais. C’est dans ce contexte que Ralph Brinkhaus, jusqu'alors numéro deux du bloc conservateur (CDU-CSU) dirigé par Merkel au Bundestag, le parlement allemand, a été élu président du groupe parlementaire, l'emportant contre le candidat soutenu par Merkel. Un nouvel élément qui confirme la crise du régime allemand, pilier majeur de l’Union Européenne avec l’Etat français, et considéré jusque là comme le régime le plus stable de l’Union Européenne.

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Suites à l’ouverture des frontières de l’Allemagne à près d’un million de travailleurs immigré en 2016 (ce qui n’était en grande partie qu’une mesure permettant aux patrons allemands en manque de main d’oeuvre d’exploiter à bas prix les travailleurs immigrés), Angela Merkel s’est faite très fortement critiquée par l’extrême-droite, mais également au sein de sa propre coalition par une frange du CSU.

Récemment le chef des services de renseignements allemand, Hans-Georg Maassen, n’a pas hésité à désavouer publiquement la politique de la chancelière en reprenant les arguments de l’extrême-droite lorsqu’il contestait la véracité d’une vidéo montrant une traque aux migrants dans les rues de Chemnitz. Cette affaire, qui s’est conclue par la promotion du chef des services des renseignements, a mené à une énième crise qui a menacé de faire exploser la coalition et fait suite à une précédente crise ouverte par le Ministre de l’Intérieur qui avait publiquement désavoué la politique migratoire de Merkel en reprenant lui aussi les propos de l’extrême-droite.

Ce qui n’était à cette période qu’une contestation qui paraissait isolée au sein de certaines franges de la CSU se transforme actuellement en fronde contre Merkel.

En effet, l’élection du nouveau président du groupe parlementaire ne s’est pas déroulée comme prévu pour la chancelière : son favori Volker Kauder, a été battu mardi dernier par Ralph Brinkhaus. Un véritable revers pour Merkel et un signal envoyé par les membres de son propre parti.

Ralph Brinkhaus, est toutefois loin d’être opposé à Merkel, du moins pas ouvertement. Juste après sa victoire, il a pris la peine d’éteindre les doutes sur la possibilité d’un vote de défiance des députés envers Merkel en précisant :« J’ai la volonté de la soutenir et de renforcer le gouvernement. »

Car en réalité, si la ligne politique ne change pas sur le fond entre lui et son concurrent, tout deux opposés à l’immigration, il s’agit d’un désaveu politique pour Merkel par les députés de son propre parti qui n’ont pas soutenu le candidat désigné par Merkel.

L’élection des Länder : un enjeu décisif

Le risque de voir un vote de défiance proposé au Parlement reste pour le moment peu probable. Toutefois comme l’explique Tilman Mayer, professeur de sciences politiques à l’université de Bonn, dans le journal Les Echos : « Si les élections en Bavière mi-octobre et en Hesse à la fin du mois affaiblissent encore l’union chrétienne-démocrate, les choses pourraient néanmoins se compliquer pour la chancelière »

En effet, la prochaine élection des députés de Bavière au Bundestag est partagée entre le CSU (parti de droite conservateur) et l’AFD (parti d’extrême droite xénophobe), tout deux lancés dans une course aux enchères sur la répression à l’encontre des migrants.

Plus encore, quand bien même la coalition remporterait de peu cette élection, cela pourrait malgré tout entamer la légitimité de Merkel qui pourrait faire face à un vote de défiance si le CSU venait à s’allier avec l’AfD, comme cela s’est récemment vu en Suède où une coalition de droite et d’extrême-droite a démis le Premier ministre. Les deux partis pourraient faire basculer la situation à leur avantage en s’accordant sur une ligne plus dure et répressive envers les migrants. Ce scénario reste pour le moment peu probable néanmoins.

Cependant, l’élection du nouveau président du groupe, qui s’est jouée de peu, prend son sens dans une situation où Merkel est affaiblie, et où la droite conservatrice cherche à ravir une partie des votes de l’extrême droite en surfant sur le sentiment anti-migrants qui progresse en Allemagne.

Tout cela, évidemment, risque de fragiliser l’Union Européenne. Or l’Allemagne en est le principal pilier avec l’Etat français. Et Macron, qui cherche à se montrer comme le leader du secteur pro-européen, se retrouve de plus en plus isolé face aux refus de concessions essuyées de la part d’Angela Merkel, elle même ayant les mains liées au vu des pressions qu’elle subit au sein de sa propre coalition. Face à cette situation d’instabilité qui menace le régime allemand, pilier du néo-libéralisme européen et considéré comme jusque là comme un régime stable, Macron risque bientôt de ne plus avoir d’alliés sur la scène européenne alors que les élections européennes approchent à grands pas.


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