« Le sois belle et tais-toi, c’est fini » disait Jean-Paul Gauthier… On en doute.

Au-delà d’un semblant de show ludique et de détente... se cachent de véritables questions sur la condition des femmes.

Les concours de miss reste toujours un outil de contrôle de ce que doit être le corps d’une femme, dans son esthétique , son maintien et sa gestuelle.

L’un de ses outils les plus marquant est le fameux 90/60/90, alors que la moitié des femmes en France s’habillent en 44. Une femme sur trois et un homme sur six (tout âge confondu) trouvent difficilement des vêtements à leur taille.

L’âge est un autre de ses outils , la jeunesse est synonyme de beauté pour ce concours, plus de 25 ans c’est fichu, ce qui va encore une fois alimenter ce préjugé de la beauté féminine comme fugace.

Le corps des miss est morcelé, regardé sous tous les angles, pour être pesé, mesuré. Lorsqu’elles ont passé la validation d’un corps sain et bien calibré, il faut également que l’intérieur soit inspecté. On va regarder dans son intimité si elle n’a pas fait de photo de charme, de la pornographie et sans petit ami c’est encore mieux. Car les femmes doivent rester à leur place de jolis objets chastes et purs, c’est bien connu.

Enfin l’esprit est lui aussi examiné. Les tests de culture générale font partie du concours, les études des miss sont de plus en plus valorisées au fil des années, ce qui est souvent présenté comme une avancée progressiste, alors qu’il s’agit encore d’un critère de mise en concurrence des femmes entre elles. En effet, seules celles issues des milieux les plus aisés bénéficient de l’éducation qui permet de prétendre au titre de miss, et ont fait des études qui sont valorisées dans ce genre de concours : médecine, communication, droit... Les autres, la plus grande partie de la population, les travailleuses, les femmes issues des quartiers populaires, les plus précaires, sont invisibilisées et laissées sur le carreau. Elles n’ont que le droit de regarder le show à la télé.

Une grosse part de gâteau saupoudré de strass et de paillettes, que se partagent les capitalistes

En 2010, l’élection de Laury Thilleman, a rapporté 5,2 millions d’euros à TF1. L’entreprise Endemol qui détient les droits de Miss France facture à la chaîne environ 3 millions d’euros pour la diffusion de l’élection. Cette année l’élection se déroule à l’Arena de Montpellier, pouvant accueillir près de 8 000 spectateurs, et le prix des places se situent entre 30 et 70 euros plein tarifs. Le chiffre d’affaires cumulé généré par les écrans publicitaires des élections Miss France de 2005 à 2010 s’élèverait à 23,7 millions d’euros pour 495 spots. Cette année la chaîne prévoit 8 millions de téléspectateurs. Il apparaît donc que cet événement génère des sommes bien plus importantes qu’il n’y paraît, en assommant le spectateur à coups de yaourt 0 % et mascara regard de braise.

Et les miss touchent-elles une part de ce gâteau ? Oui et non ! Si vous avez la « chance » d’être élue, un salaire vous est versé, d’environ 3 000 euros, et des cadeaux (bijoux, voitures…) vous sont offerts. Cependant, ces derniers ne sont pas anodins, les miss sont utilisées comme de véritables panneaux publicitaires pour certaines marques.

Elles doivent également valoriser l’image de la France sur des événements faisant office de jolies potiches, de faire-valoir pour certaines personnalités. Leur corps devient une marchandise comme les autres, qui transite de mains en mains, et qu’on jette après usage. L’obsolescence est généralement programmée pour un an après élection. Et pour les perdantes, toutes les tenues apportées lors des voyages de préparation ainsi que les déplacements sont à la charge des familles.

N’oublions donc pas que les concours de beauté visent la valorisation de canons qui, par le biais des médias, permettent aux marchés de la mode et de la beauté de nous vendre leurs biens. Ces logiques de mesure du corps au service de l’économie et des classes dominantes essayent de faire oublier par le biais d’un joli nappage bling bling, qu’elles ne sont que le reflet de diktats tellement intégrés que certains oseront même vous dire que ces concours sont un moyen d’émancipation pour les participantes.

L’élection de Miss France et tous les concours de beauté du même acabit ne sont qu’une expression aiguë, malgré les paillettes, de ce que le patriarcat et le capitalisme ont à offrir de pire quand ils s’allient : l’apologie de la femme-objet, la mise en concurrence des femmes, et la marchandisation de leur corps.

L’AG "Opération Miss Rance" appelle à se rassembler à 14h place de la Comédie pour afficher notre désaccord avec la tenue de ce concours de beauté. Plus d’info sur facebook et sur Demosphere.