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Un an d’état d’urgence

Montpellier. Manifestation contre l’état d’urgence, les violences policières et la répression

Un an déjà… Un an que l’état d’urgence a été décrété. Un an que les assignations à résidence, perquisitions, gardes-à-vue et autres interdictions de manifester ont pu être démultipliées afin de réprimer plus fortement les militants syndicaux et politiques, mais aussi les habitants des quartiers, où des armes de guerre ont fait leur apparition dans les mains de la police. Une année au terme de laquelle la police réclame plus de moyens pour réprimer, et où le gouvernement accède à ses demandes. Un an aussi que des militants manifestent leur refus de l’accélération de la militarisation de l’espace public. Á Montpellier ce week-end, divers événements sont venus matérialiser cette opposition : manifestation, projection-débat, concert de soutien et match de foot. Paul Rolland et Dom Thomas

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Samedi 26 novembre à Montpellier, une manifestation contre l’état d’urgence, les violences policières et la répression a eu lieu pour commémorer la mise en place par le gouvernement « socialiste », il y a un an déjà, de l’état d’urgence. Rendez vous était donné à la place du Plan Cabanes à 15h : 200 à 300 personnes se sont rassemblées pour assister aux prises de parole des diverses organisations présentes, notamment l’AG contre l’état d’urgence, le comité BDS34, le NPA, la CGA, Alternative Libertaire. La manifestation s’est ensuite mise en route dans le quartier Figuerolles, au rythme d’une batucada venue pour l’événement, avant de s’orienter en direction de la gare. Un cortège assez varié dans sa composition, qu’il s’agisse des âges ou du choix vestimentaire affiché pour l’occasion (visage masqué ou non par exemple). Les slogans, offensifs, ont notamment visé la police, bras armé de l’État ayant pour fonction structurelle la protection desintérêts des classes dominantes et dont le rôle répressif apparaît très nettement en cette période d’état d’urgence. Les manifestants ont également scandé leur soutien aux migrants : ce ne sont pas eux qu’il faut dégager, mais le capitalisme et l’état policier. Le recours à de tels slogans est à renforcer, pour ne pas oublier que derrière la police, c’est tout un monde qui se tient à l’offensive : l’affrontement avec la police ne peut être un objectif politique en soi.

La tête de la manifestation a ensuite décidé de passer devant le local d’Anne Yvonne Le Dain, députée PS locale et proche du premier ministre. Comme lors de manifestations précédentes, le local en a pris pour son grade et portera pour quelques jours les traces de la colère des manifestants. Si quelques uns peuvent s’en offusquer, il faut se rappeler la violence avec laquelle le gouvernement a fait passer la loi travail il y a quelques mois, en recourant par trois fois au 49.3 et en réprimant toujours plus fort dans la rue.

Après être passé devant la gare, le cortège a également fait une pause devant le siège commercial de la TAM (Transports de l’Agglomération Montpelliéraine) pour dénoncer [l’agression subie par deux réfugiés pendant un contrôle de titre de transport dans le tramway. C’est à partir de ce moment que la présence des policiers s’est fait davantage ressentir : jusque là quelques RG et agents de la BAC étaient présents mais se tenaient à bonne distance. Après quelques menaces et provocations de la part des agents de la BAC sur l’arrière du cortège, ce dernier a pris une autre tournure afin de renforcer sa sécurité. Le cortège s’est alors déplacé en direction de la préfecture afin de terminer la manifestation autour d’une prise de parole et l’incendie symbolique d’un flashball en carton où étaient inscrits les noms des victimes assassinées par la police ou l’extrême-droite, à l’image de Rémi Fraisse, Adama Traoré ou encore Clément Méric, l’association de ces noms visant à rappeler que 57% des policiers se disent prêts à voter pour le FN aux prochaines présidentielles.

S’il est très positif que des militants montpelliérains aient ainsi pris la rue quelques heures pour rappeler la permanence de l’état d’urgence et montrer qu’ils ne s’y résignaient pas, on doit quand même regretter les pratiques minorisantes d’une partie de l’organisation de la manifestation, [qui en dernière instance s’opposent à la massification et à l’auto-organisation. Démarrer la manifestation en annonçant au mégaphone qu’on « fait le parcours normal », ou la clore en disant qu’on « se disperse comme prévu », c’est faire comprendre à celles et ceux qui ne font pas partie du groupe affinitaire, qui n’ont pas organisé la manifestation, qu’ils sont des participants de second ordre, qu’ils ne font pas partie du noyau directeur, et qu’ils n’ont donc qu’à suivre. Enfin, incendier une sculpture en carton dans un caddie devant la Préfecture, c’est également faire fuir des passants effrayés, voire une partie du cortège moins habituée à ces pratiques.

Pourtant, contre l’état d’urgence et la classe dominante, c’est de la présence de toutes et tous que nous avons besoin dans la rue et dans des cadres d’auto-organisation : la connivence et l’entre-soi ne peuvent pas faire partie de nos pratiques.


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