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Leur solidarité de classe !

NKM agressée : « un incident révélateur d’une campagne violente » mais violente pour qui ?

« C’est un incident qui est révélateur d’une campagne qui a été exceptionnellement violente » a écrit Henri Vernet, rédacteur en chef adjoint au Parisien, faisant référence à tous les épisodes de violences physiques et verbales à l’encontre des politiciens qui ont eu lieu ces derniers mois. Suite à l’agression de Nathalie Kosciusko-Morizet alors qu’elle tractait dans la circonscription dans laquelle elle se présente aux législatives, l’ensemble de la classe politique n’a pas tardé à condamner « fermement » un tel acte.

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Crédit @ GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Nathalie Kosciusko-Morizet se présente sous l’étiquette Les Républicains dans la deuxième circonscription de Paris. Ce jeudi alors qu’elle distribuait des tracts dans le Vème arrondissement, place Maubert, la candidate a été agressée par un homme. Les témoins présents racontent que l’homme lui aurait arraché les tracts des mains pour ensuite lui envoyer au visage en la traitant de « bobo de merde ». Elle aurait alors cherché à se « protéger avec ses mains » ce qui l’aurait déséquilibrée et menée à sa chute.

NKM tombe alors dans les pommes et reste « quelques minutes » inanimée. Des images ont rapidement circulé où l’on voit l’homme lui arracher les tracts des mains, une autre où on la voit à terre visiblement sonnée. Et la scène se poursuit avec Jean-Baptiste Goulard, soutien de NKM, qui part en course poursuite pour arrêter l’agresseur. Conduite à l’hôpital Cochin, la candidate est sortie vendredi et a annoncé que sa campagne s’arrêtait là.

Une scène décrite dans les médias comme « extrêmement violente » résultant d’une « agression verbale et physique ». Une scène dont les médias et les politiques ont fait un événement : une candidate victime d’une agression lui valant un « traumatisme crânien » et un sauveur LR tentant d’arrêter l’agresseur. Le scénario parfait. L’émotion est à son comble dans la presse et la classe politicienne.

En effet, une des leurs a été attaquée. Et tous, soudain pris d’empathie, s’identifient à la candidate : ça aurait pu être eux. Edouard Philippe est allée au chevet de la blessée. Et tous et toutes ont twitté les uns après les autres : ceux de son parti déconfit par les élections – Alain Juppé, Laurent Wauquiez… - et puis les autres comme Florian Philippot, Anne Hidalgo, Christine Boutin, Christiane Taubira jusqu’à Jean-Luc Mélenchon. Une belle démonstration de solidarité de classe. Condamnant tous « fermement » l’acte qualifié « d’intolérable » et de « lâche », les politiciens en appellent tous à la fin de « la violence politique », de la violence « bête et méchante », au respect de la « dignité » de Nathalie Kosciusko-Morizet.

Dans un article écrit le lendemain de l’agression dans le Dauphiné, intitulé « NKM, un malaise largement partagé », l’auteur liste les « agressions » de plus en plus fréquentes subies par les politiciens. Une énumération qui nous permet de nous remémorer l’ensemble des tartes à la crème, des lancés d’œufs, des verres d’eau et des gifles réparties presque équitablement en 2017.

Myriam El Khomri qui se prenait en mai dernier un verre d’eau à la figure, des militants LR arrosés d’urine, en mars, lors d’un meeting de soutien à François Fillon, Manuel Valls, giflé dans les Côtes-d’Armor en janvier, Emmanuel Macron bombardé d’œufs au cri de « casse-toi », Jean-Pierre Raffarin entarté à Lyon l’année précédente…

On ne connaitra sans doute pas les intentions profondes qui ont motivé l’agresseur de NKM. Mais il est légitime de nous demander pourquoi les médias et les politiciens en font tout un foin. Il est aussi légitime de trouver que cette « agression » n’est finalement pas grande chose pour la majorité des gens. Et même que tout ce « cirque » nous inspire des moqueries.

Pourquoi a-t-on envie de se moquer ? Pourquoi tout ce « cirque » autour de cette chute est irritant ? Pourquoi n’a-t-on pas envie de jouer le jeu des lamentations et des indignations ? Parce qu’on est en droit et logiquement amenés à se demander d’où vient réellement cette « violence » qu’ils condamnent tant ? Pourquoi un tel « climat social tendu » ? Alors même que les raisons semblent évidentes pour beaucoup. Qu’ils s’empressent de condamner à l’unisson l’agression de NKM mais ne s’expriment jamais quand un jeune est victime de violences policières, qu’ils ne condamnent jamais un patron qui décide de licencier massivement, quand une femme est condamnée pour homicide quand son mari la frappait et la menaçait de mort depuis des dizaines d’années.

Pourquoi s’apitoierait-on sur NKM ou les autres qui ont fait passer l’année dernière une loi pour casser le code du travail et dégrader les conditions de travail des salariés et qu’en plus ils veulent recommencer cette année en pire ? Pourquoi serions-nous indignés « d’agressions » à l’encontre de politiciens corrompus qui détournent de l’argent public ? De politiciens qui ferment les entreprises et les usines ? D’une élue qui est opposée à la GPA et à la PMA ?

Alors quand Henri Vernet, rédacteur en chef adjoint au Parisien, écrit que ce qui s’est passé jeudi place Maubert « est un incident qui est révélateur d’une campagne qui a été exceptionnellement violente » on a envie de lui rétorquer que les campagnes présidentielles et législatives – et leurs résultats avec la victoire d’Emmanuel Macron et très certainement l’obtention par LREM de la majorité à l’assemblée – sont surtout violentes pour l’ensemble des salariés, des travailleurs, des jeunes, des quartiers populaires, des femmes, des personnes LGBTI qui auront aussi besoin de beaucoup de solidarité pour faire face aux attaques et y parer.


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