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Classe contre classe

Nissan empêche les salariés de leur usine de Canton dans le Mississippi de former un syndicat

Cela fait trois ans que les salariés de l'usine Nissan du Mississippi tente de former un syndicat. Pour se faire il doit y avoir un référendum pour décider de oui ou non un syndicat sera créé. Le résultat est tombé, ce sera non. C'est une victoire pour le constructeur mais le début d'une nouvelle lutte pour les travailleurs.

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Après trois ans de lutte les syndicalistes états-uniens de l’automobile avaient obtenu, mi-juillet que soit organisé un référendum dans l’usine Nissan de Canton dans le Mississippi pour décider de la fondation ou non d’un syndicat dans la boîte. Le vote pour la création du syndicat n’a récolté que 38% des voix exprimées. Le scrutin ne concernait pas l’ensemble des salariés. Seulement 3 400 salariés étaient autorisés à voter alors qu’ils sont environ 6 400 à y travailler. Ce sont bien évidemment les employés les plus précaires et donc ceux qui ont le plus d’intérêt à se syndiquer qui ont été exclu du scrutin, on parle ici des employés à temps partiel et temporaires de l’usine qui représentent 47% des salariés. Dans cette usine où les conditions de travail sont réputées pour être très difficiles, les syndicalistes de l’United Auto Workers ont la légitimé pour former un syndicat. Nina Dumas, une technicienne de Nissan qui y travaille depuis 5ans explique que :

« Les employés de Nissan veulent des salaires équitables pour tous les salariés, de meilleures garanties, mettre fin aux quotas déraisonnables de production et aux conditions dangereuses de travail dans le Mississippi. L’entreprise ne respecte par nos droits. Il est temps de former un syndicat à Canton ».

De plus, l’UAW dénonce les pratiques de la direction du groupe qui menaçait de représailles les salariés qui apportaient leur soutien à cette initiative. Le président de l’UAW, Dennis Williams, a expliqué que c’était un revers pour les travailleurs mais en aucun cas une défaite. Il accuse « Nissan et ses alliés anti-travailleurs » d’avoir usé de manœuvres « odieuses » pour semer « la peur, la désinformation et l’intimidation ». Selon Gary Casteel de l’UAW, Nissan a mené « une des plus agressives campagnes anti-syndicats qu’on ait jamais vue dans l’historie moderne américaine ».
Avec la propagande et les menaces patronales, on en est arrivé au fait que des ouvriers anti-syndicats assuraient que la présence de l’UAW a conduit à la fermeture d’autres usines automobiles
et que le syndicat a utilisé ses ressources pour soutenir des candidats « libéraux » comme Hillary Clinton. L’autorité fédérale elle-même a constaté que Nissan avait menacé les travailleurs de perte de salaires et d’une possible fermeture de l’usine si les salariés approuvaient la création d’un syndicat, et cela à coups d’interventions de la maîtrise et projections de vidéos dans les ateliers.
Avant le vote, Harley Shaiken, expert en relations sociales à l’université de California-Berkeley, avait estimé qu’un échec du syndicat ne signerait pas forcément la fin de ses efforts : « Je sais que le syndicat va s’accrocher. Ils ont réussi à bâtir un véritable mouvement social autour de l’usine ».

Nissan, qui se défend d’enfreindre la loi, explique que la sécurité et le bien-être au travail font partie de ses priorités se réjouit d’une telle victoire. Ils s’enorgueillissent que 2 040 salariés, soit 32%, aient voté contre la formation d’un syndicat. Le constructeur a estimé que ce résultat « place Nissan en position concurrentielle pour l’avenir ». Comble de l’ignominie, dans un communiqué, le groupe a appelé l’UAW à cesser de vouloir syndicaliser les salariés du site. Les syndicats font peur au patronat, c’en est un exemple criant. Défendre ses intérêts va à l’encontre du bon fonctionnement d’une entreprise d’après Nissan. Ce genre de déclaration ne peut que redonner l’envie de former ce syndicat. L’UAW ne s’y trompe pas en disant qu’ils ne lâcheront rien. Surtout que l’implantation de Nissan dans la région n’est pas faible.

Nissan, comme les autres firmes automobiles, implantent leurs nouvelles usines dans le Sud, là où les conventions collectives du nord, où historiquement les syndicats sont plus implantés comme à Detroit et dans la région des Grands Lacs du nord-est, ne s’appliquent pas. Ils vont là où les salaires sont plus bas et où les entreprises s’appuient sur les vieilles traditions de discrimination raciale pour mieux diviser les travailleurs. Dans l’usine Nissan de Canton, 80 % des ouvriers sont noirs. Ce sont 25 000 emplois indirects que Nissan alimente dans le Mississippi. Le groupe est située dans l’une des régions les plus pauvres d’un des États les plus pauvres des États-Unis. Plus des deux-tiers des 711 000 habitants de cette circonscription sont noirs et pour la majorité descendants d’esclaves dans une région où l’activité principale reste la culture du coton. La mécanisation de cette activité a accru la pauvreté et les opportunités économiques sont faibles tout comme l’accès à l’éducation. Nissan, comme les autres constructeurs, y voit une opportunité de construire à moindre coût avec une main d’œuvre moins chère et très faiblement syndiquée.

Mais la campagne de soutiens organisée par les salariés et les syndiqués fait tâche d’huile dans ce merveilleu rêve patronal. Les salariés et syndiqués de l’usine sont venus à plusieurs reprises en France manifester notamment en octobre 2016 avec l’acteur Danny Glover. Ils estimaient que Renault, premier actionnaire de Nissan, mais également l’État français, premier actionnaire de Renault, pouvaient agir en leur faveur. Ils avaient été reçu par Christian Hutin, député du Nord, et à l’époque vice-président de la Commission des affaires sociales de l’assemblée nationale. Celui-ci est allé à la rencontre des ouvriers Nissan de Canton à l’été 2016, mais la direction de l’usine a refusé de le recevoir et bien sûr ni Renault ni l’État français n’a fait un geste en faveur des ouvriers de Nissan.

Le rapport entre la France et les USA est assez criant puisque que ce que souhaite Macron avec sa loi travail XXL ce n’est autre que la volontés de copier ce qu’il se fait de pire en matière de droit social dans les autres pays, notamment le recours au référendum pour s’en prendre aux syndicats et réprimer les résistances à l’usine. On en avait déjà vu une application dans l’usine Smart en France où la direction y a eu recours pour faire passer ses 39 heures de travail payées 37. Lorsque le patronat déploie sa panoplie répressive, chantage à la fermeture, pressions individuelles, la pseudo démocratie du référendum n’a aucune signification. Les salariés favorables à l’ouverture d’une section syndicale sur le site l’ont bien compris et ont promis de continuer leur combat, ici en France, il doit y avoir un soutien actif puisque l’État est l’actionnaire principal de Renault et est donc un soutien du PDG de Nissan, champion de la répression anti syndicale. Michael Carter l’un des employés qui soutenait la création d’une section syndicale, devant plus d’une centaine d’autres partisans, scandait « Ce n’est pas fini ! », « Nous n’abandonnons jamais ! ». Prenons exemple sur une telle détermination car là est la voix que l’ensemble de la classe ouvrière doit suivre.

Crédit photo : Mississippi NAACP


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