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Grève pour les salaires

Norvège. Une grève inédite des travailleurs du géant gazier Equinor paralyse la production

Ce 5 juillet 2022, les travailleurs offshore du géant énergétique norvégien Equinor entraient en grève pour revendiquer une augmentation de salaires. Leur mouvement a conduit à la fermeture de trois champs pétroliers et gaziers en mer du Nord et devrait s'élargir encore, impactant fortement les exportations de gaz vers l'UE d'un secteur éminemment stratégique.

Lucylle Mage

5 juillet 2022

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Crédits photo : AFP

Des revendications salariales, en réponse à une inflation grandissante

Depuis la nuit de lundi à mardi, une grève paralyse la production du géant énergétique Equinor en Norvège. Les cadres offshore sont en effet en grève, à l’appel du syndicat Lederne. « Nos membres sont des personnels clés qui contrôlent la production », déclarait en ce sens le dirigeant syndical de Lederne, Audun Ingvartsen, à Reuters. La revendication principale des travailleurs est l’augmentation des salaires pour compenser la hausse de l’inflation, en partie causée par la flambée des prix des matières premières à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

La grève a ainsi été déclenchée après que les membres de Lederne aient voté le rejet d’un accord salarial négocié avec l’Association norvégienne du pétrole et du gaz (NOG) représentant les compagnies pétrolières. Ce syndicat représentant les cadres supérieurs est le seul a avoir refusé l’accord, tandis que deux autres syndicats, Safe et Industri Energi l’ont eux accepté.

Ce mouvement a d’ores et déjà conduit à la fermeture de trois champs pétroliers et gaziers, Gudrun, Oseberg South et Oseberg East en mer du Nord. Et la grève devrait s’étendre. Le syndicat Lederne a affirmé que trois autres sites de production seraient touchés, c’est le cas de Heidrun, Kristin et Aasta Hansteen, à partir de la fin de journée. Les travailleurs prévoient également d’intensifier les grèves samedi dans trois autres champs pétroliers si aucune solution n’est trouvée à l’issue des négociations.

La mobilisation des cadres supérieurs, secteur plutôt privilégié qui commence à être rattrapé par l’inflation et à en ressentir les conséquences sur leurs conditions matérielles d’existence est révélateur d’un nouvel état d’esprit.

La vague de grèves à échelle internationale de certains secteurs, à l’image de l’aéroportuaire, semble ainsi toucher également l’énergie, on peut à ce titre penser à la grève récente de Total en France. Celle-ci avait néanmoins d’autres caractéristiques puisque loin de se limiter aux cadres, elle avait au contraire fait le tour de force d’allier entreprise mère et filiales.

Un secteur éminemment stratégique à l’échelle internationale

En 2020, Lederne avait déjà appelé à une grève qui avait réduit la production norvégienne d’environ 8 % de la production de pétrole et de gaz. Au cours de cette grève de 10 jours, un accord de dernière minute entre Lederne et les compagnies pétrolières avait permis d’éviter une escalade qui aurait autrement pu aboutir à une interruption importante de l’approvisionnement de gaz à l’échelle internationale. 

Ainsi, la grève actuelle pourrait avoir des conséquences générales si elle se poursuit puisque la Norvège est un fournisseur de pétrole important pour l’Union Européenne, notamment depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. D’après l’Association norvégienne du pétrole et du gaz, 56% des exportations de gaz du pays pourraient être stoppées d’ici à la fin de la semaine.

Les flux de gaz européens sous tout particulièrement sous pression puisque la grève impulsée par Lederne intervient dans un contexte de prix élevés du pétrole et du gaz, l’approvisionnement en gaz de l’Europe étant particulièrement tendu après la réduction des exportations russes. La Norvège est le deuxième plus grand fournisseur de gaz traditionnel qui était donc supposé combler le manque après la réduction de ses exportations par Moscou. 

Si les projets de grève de Lederne se poursuivent sur plusieurs jours, comme l’ont prévu ses membres, alors près d’un quart de la production de gaz norvégienne serait ainsi arrêtée d’ici samedi, ainsi qu’environ 15 % de sa production de pétrole. Une baisse de la production, qui dans un contexte inflationniste et du fait de la spéculation se répercute très rapidement sur les prix. Dès la première journée de grève, les prix européens du gaz avaient déjà augmenté de 3%, soit un prix quatre fois supérieur à celui d’il y a un an. 

Le gouvernement norvégien, pourrait s’il considère que la grève relève de circonstances exceptionnelles, décider d’intervenir pour arrêter la grève en vertu du droit du travail norvégien. Reste à savoir si d’ici là, les grévistes auront pu étendre la grève à d’autres secteurs pour impacter la production et imposer un rapport de force.


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