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Nos vies valent plus que leurs profits

Nouveau suicide à l’AP-HP, résultat de l’hôstérité

Alors que la fermeture de l’hôpital Adélaïde Hautval de Villiers-le-Bel (95), annoncée en mai dernier par Martin Hirsch, directeur contesté de l'AP-HP (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris) depuis son plan de réorganisation du temps de travail, a pris effet depuis le mois de janvier, l'un des agents de l'hôpital gériatrique, Thierry, s’est suicidé le 20 février. Electricien dans l’établissement depuis 35 ans, il ne supportait plus l'insécurité de sa situation professionnelle, quand les services techniques, auxquels il était rattaché, sont les plus menacés. Un nouveau drame qui est la conséquence directe des plans d'austérité appliqués à la santé. Camilla Ernst

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Il avait 55 ans seulement, était père de famille et travaillait dans l’hôpital gériatrique de Villiers-le-Bel depuis 35 ans en tant qu’électricien, à la suite de ses parents et avec ses sœurs. Un établissement auquel il était très attaché et, surtout, qui lui permettait de vivre et de faire vivre sa famille. Mais voilà, économies oblige, la fermeture de la quasi-totalité des services de l’hôpital Adélaïde Hautval a été décidée par les hautes sphères de l’AP-HP au mois de mai dernier. Seule une maison de retraite de 120 lits doit être conservée sur le site, quand l’établissement en comptait 500, avec 700 employés.

De manifestation devant le siège de l’ARS (Agence régionale de santé) en intrusion dans le bureau de la direction, la mobilisation des salariés, emmenée par la CGT et soutenue par les élus locaux, a été forte depuis, dénonçant la mascarade qui se joue quant à leurs emplois. Car si l’on se veut rassurant sur le maintien des emplois, dans d’autres établissements de l’AP-HP ou au sein de la maison de retraite, aucune information claire n’est donnée aux hospitaliers alors que les transferts de lits vers les structures proches ont débuté depuis le mois de janvier, et qu’ils sont convoqués un par un à la cellule de mobilité. Entre mobilité imposée par la direction, sans tenir compte des souhaits de chacun, et reclassement vers des postes qui ne les intéressent pas, les salariés sont plongés dans un malaise profond, ne sachant pas ce qui les attend.

Au cœur de cette situation de forte tension, Thierry n’a pas supporté l’insécurité de son avenir, jusqu’à se suicider. Et si la direction de l’AP-HP, n’ayant pas souhaité s’exprimer sur le sujet, invoque tout de même des « éléments de la vie personnelle de cet agent », se dédouanant scandaleusement de toute responsabilité en arguant de raisons personnelles quand les problèmes professionnels rencontrés par Thierry sont indéniables. Martine Da Luz, secrétaire CGT de l’établissement, syndicat dont Thierry était militant, rétablit la vérité : « Pour lui, partir de Richet, c’était un déracinement qu’il ne supportait pas. [...] Il venait de recevoir sa convocation à la cellule de mobilité. Et on sait que les services techniques auxquels il appartenait sont les plus menacés. Des problèmes personnels, tout le monde en a. Mais quand on n’a plus de perspective d’avenir professionnel, c’est encore plus difficile. Le travail est toujours en lien avec la vie personnelle. ».

La CGT a obtenu la suspension pendant 15 jours des convocations à la cellule de mobilité à la suite de cette tragédie. De son côté, Jean-Pierre Blazy, député-maire PS de Gonesse, a lui aussi vivement réagit à la mort de l’agent, et a redemandé, malgré la réponse négative qu’il avait obtenu en décembre, un moratoire, c’est-à-dire le gel des fermetures de lits et des transferts de personnels. «  Les raisons d’un passage à l’acte sont souvent complexes, mais on ne peut ignorer que ce drame s’est produit dans un contexte de tension sociale très fort  ».

La fermeture de l’hôpital Adélaïde Hautval va de pair avec les politiques austéritaires appliquées à la santé, qui conduisent à la fermeture des structures de soins de proximité à des fins d’économie, le tout, sur le dos des patients dont les conditions de soins sont sacrifiées, et sans prendre en compte le personnel, qui subit et devrait accepter les restructurations quand ni la direction, ni l’Etat, qui mettent en œuvre ces politiques, ne prennent en compte les conséquences psychologiques et matérielles qu’elles impliquent. Et au contraire, préparent une attaque sans précédent contre les droits du travail avec le projet de loi El Khomri. Pour Thierry et pour toutes les autres victimes de leurs conditions de travail, car plus que jamais, nos vies valent plus que leurs profits !


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