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Offres fallacieuses, contrats précaires : ce que cache la plateforme « 1 jeune 1 solution »

Détresse, précarité, chômage : le quotidien des jeunes s’empire de jour en jour. Dans cette situation les réponses du gouvernement apparaissent comme des pansements superficiels sur une plaie béante. Un rapport du comité national CGT des travailleurs privés d’emploi et précaires a étudié les offres d’emploi que propose le site, et sur les 293 offres examinées, 173 sont illégales démontrant la faiblesse des mesures que prend le gouvernement pour les jeunes.

Alberta Nur

3 février 2021

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Le site « 1 jeune 1 solution » est présenté par le gouvernement comme la grande solution aux maux de la jeunesse, en réalité, ce site web n’est qu’une solution pro patronale et de façade à la précarité des jeunes. Sur le site les possibilités qui sont offertes aux jeunes en recherche de perspectives sont minimes : un service civique ou un emploi précaire. Dans la continuité de la politique d’appui aux entreprises du gouvernement pour résoudre la crise économique, le site « 1 jeune 1 solution » vise à baisser le coût du travail, c’est-à-dire qu’une subvention de 4000e sera donnée aux entreprises par jeune employé. Cette mesure est un cadeau pour le patronat qui peut embaucher à bas coût des jeunes dans des emplois précaires tout en faisant artificiellement baisser les chiffres du chômage.

Il n’y a en effet aucune garantie sur la nature, la durée ou la rémunération des offres d’emplois que propose le site, laissant comme seule perspective des jobs précaires pour la jeunesse. Les jeunes sont donc perçus encore une fois comme une variable d’ajustement face à la crise économique, des contrats jetables et précaires pour le patronat.

Pire encore, le rapport du comité national CGT des travailleurs privés d’emploi et précaires a étudié de plus près les offres qui existaient pour la ville de Saint-Denis dans le domaine du commerce et du bâtiment. Sur les 289 offres disponibles, 173 ont une mention illégale, c’est à dire qu’elles contiennent des mensonges ou des confusions. Par exemple, ils ont constaté que « 32% des offres étudiées comportaient la mention “Débutant accepté”, puis, si on regarde dans le détail l’offre, une expérience est demandée ». Parmi les nombreux mensonges, une offre pour un poste de coiffeuse, publiée le 7 janvier qui stipule que « la prise de poste se fera post-confinement » de quoi rassurer un jeune sur la prise de poste dans une période d’incertitude sanitaire !

Comme l’explique Pierre Garnodier le secrétaire général du Comité national CGT des travailleurs privés d’emploi et précaires, à Mediapart : « C’est une politique systématique de Pôle emploi, qui est le reflet de la politique du gouvernement et de l’état du marché de l’emploi. Gonfler artificiellement les offres de Pôle emploi, ça permet à Emmanuel Macron de dire qu’il suffit de traverser la rue pour trouver un emploi et à Élisabeth Borne de maintenir le contrôle sur les chômeurs et de multiplier les radiations, y compris durant cette période de pénurie d’emplois. »

Cette enquête n’est qu’une démonstration de plus que le site s’apparente plus à un coup de communication qu’à une réelle solution pour l’emploi des jeunes. On ne pouvait en attendre plus du gouvernement Macron, champion de la politique de soutien aux entreprises qui licencient. On peut prendre comme exemple l’hypocrisie de Patrick Pouyanné, PDG de Total, qui faisait part sur Twitter de son engagement promettant 100.000 emplois avant fin janvier sur le site « 1 jeune 1 solution ». C’est ce même Patrick Pouyanné qui est à la tête de Total, l’entreprise qui prévoit en ce moment même de supprimer 700 emplois à la raffinerie de Grandpuits, emplois en moins pour les jeunes de la région.

Le gouvernement veut faire payer la crise économique à la jeunesse, en la condamnant à des contrats précaires ou du chômage. Il est urgent d’opposer une réponse à la politique de casse sociale du gouvernement. Il nous faut lutter pour le partage du temps de travail entre toutes et tous et cela sans baisse de salaire, pour réellement en finir avec le chômage massif. Alors que 46% des bac+5 sont aujourd’hui au chômage témoignant d’un marché du travail déjà saturé, l’avenir que se dessine pour la jeunesse est incertain. Ce sont 500 000 emplois qui ont été supprimés pendant le 1er semestre de 2020, ces suppressions d’emplois, c’est le chômage de demain pour les générations futures. La jeunesse doit lutter contre les suppressions d’emplois aux côtés des milliers de salariés menacés par des licenciements. Au côté des raffineurs de Grandpuits en grève depuis 1 mois contre Total pour sauver l’emploi, “Il faut être au côté de ceux qui se battent aujourd’hui pour l’emploi et les générations futures … car on refuse d’être les futurs cadres d’une société basée sur l’oppression et l’exploitation”.


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