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Onde de choc à Washington

Donald Trump limoge le directeur du FBI

Le directeur du FBI, James Comey, a été congédié ce mardi par Trump au prétexte d’une mauvaise gestion de l’affaire des e-mails privés d’Hillary Clinton. Cet événement provoque un choc du côté démocrate et révèle la crise politique de représentativité aigüe aux États-Unis.

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Mardi soir, Trump annonce à James Comey qu’il mettait fin « avec effet immédiat » à ses fonctions de directeur du FBI.

Officiellement, la raison invoquée est la mauvaise gestion par James Comey, au cours de la campagne électorale présidentielle, du dossier sensible des e-mails de Hillary Clinton lorsqu’elle était secrétaire d’État entre 2009 et 2013. Après avoir quasiment classé l’affaire début juillet, le directeur du FBI l’avait dramatiquement relancée une dizaine de jours avant le scrutin, suscitant à l’époque de vives critiques du camp Clinton et les félicitations de Donald Trump. Comey avait refermé à nouveau le dossier Clinton quelques jours avant l’élection. Alors que Trump s’était bien servi de l’affaire des e-mails pour son accession à la présidentielle et affaiblir Clinton en dénonçant « l’establishment  », désormais, la Maison-Blanche reproche à Comey d’avoir mal traité la gestion du dossier en dévoilant à la presse trop d’informations lors de l’enquête, violant ainsi les principes de justice.
Mercredi dernier, Comey comparaissait devant le Congrès en affirmant qu’il avait reçu des déclarations erronées sur l’enquête des e-mails en octobre dernier. Il a également déclaré que penser que la réouverture de l’enquête ait pu jouer à l’accession de Trump à la Maison-Blanche lui donnait des nausées.

La décision de Trump fait suite aux recommandations du ministre adjoint de la Justice, Rod Rosenstein, qui a dressé un véritable réquisitoire contre le directeur du FBI : «  la réputation et la crédibilité du FBI ont subi un coup important affectant tout le département de justice  ».

« Je suis d’accord avec l’analyse du ministère de la Justice selon lequel vous n’êtes pas capable de diriger de manière efficace le Bureau  », écrit le président américain, pouvant faire allusion aux enquêtes ouvertes du FBI sur les liens entretenus entre la Russie et la campagne électorale du milliardaire. En effet, le limogeage survient alors même que Comey supervisait l’enquête sur de possibles liens entre l’équipe de campagne de M. Trump et les hackeurs russes qui avaient déstabilisé celle de son adversaire.

Nixon, le Watergate et les Russes

L’éjection de Comey provoque une vague d’indignation dans le camp démocrate car même s’ils ne portent pas dans leur cœur celui qui a « saboté » la campagne Clinton, ils dénoncent un coup politique de Trump qui voudrait clore au plus vite l’enquête à son encontre.
Un certain nombre de démocrates, comme le sénateur du Vermont Patrick Leahy, mais aussi de médias n’hésitent pas à comparer cet épisode avec le scandale du Watergate et le « massacre du samedi soir  ». Il s’agit d’une affaire d’espionnage en octobre 1973 dans laquelle la Maison-Blanche est accusée d’espionner le siège de campagne du Parti démocrate. Une série d’accusations conduit à la démission de nombreux responsables politiques. Le nom du président revient systématiquement dans les déclarations. Le 13 juillet 1973, on apprend que toutes les accusations précédentes peuvent être corroborées par un système d’écoute du Bureau ovale. Pour éviter de faire parvenir ces bandes, Nixon va exercer maintes pressions, allant jusqu’à renvoyer de nombreux responsables de l’enquête en cours. Cette tentative avait été considérée comme un abus de pouvoir. L’opinion publique s’est indignée par cette défense du président, baptisée à l’occasion le «  massacre du samedi soir  ». En 1974, la commission judiciaire de la Chambre des représentants vote la procédure d’impeachment à l’encontre du président Nixon, sur la base d’obstruction à la justice, d’abus de pouvoir et d’outrage au Congrès. Il démissionna.

Même si la comparaison à l’affaire Nixon n’est pas tout à fait exacte car il s’agissait à l’époque du renvoi du procureur général chargé de l’enquête et non du directeur du FBI, elle suffit à raviver les souvenirs du scandale et à faire émerger le fantasme d’un possible jugement politique contre Trump pouvant conduire à sa démission.
D’ores et déjà, le groupe parlementaire démocrate réclame qu’une enquête sur les liens entre la campagne Trump et les Russes soit menée par un procureur fiscal indépendant.

Au-delà des interprétations immédiates, derrière la décision de Trump se cache une volonté désespérée de raffermir son pouvoir et son gouvernement très affaibli et impopulaire depuis son élection. De façon pragmatique, Trump entend enterrer les rivalités au sein de l’État en écartant ceux qui pourraient lui nuire. Et ce dans un contexte où son gouvernement est traversé par des crises depuis janvier. Cette même faiblesse peut laisser des doutes quant à l’efficacité de la manœuvre de Trump à limoger Comey. Personne ne peut exclure l’ouverture d’un nouveau front de bataille interne au sommet du pouvoir qui pourrait coûter très cher à Trump.


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