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Mission de sauvetage des Républicains : tout ça pour ça ?!

« Opération transparence ». Fillon s’excuse mais ne s’explique pas

Ce lundi 6 février, François Fillon s'est livré à un exercice compliqué en s'expliquant en direct sur toutes les casseroles qu'il traîne depuis les révélations du Canard Enchaîné à propos de l'emploi fictif de sa femme. Son parti, qui joue l'unité derrière leur candidat désavoué, abandonne l'idée d'un Plan B. Une mission de sauvetage loin d'être réussie. Léonie Piscator

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Ce lundi, les journalistes français et plusieurs médias internationaux étaient en ébullition, les yeux rivés sur le candidat de la droite et du centre. François Fillon a pris la parole à 16h pour tenter de sauver sa campagne en jouant cartes sur table. Le candidat des Républicains a pris le risque de perdre encore plus en crédibilité devant une foule de journalistes avides de détails croustillants sur ses casseroles.

Dans sa stratégie de défense face à la tornade médiatique qui s’est abattue sur lui, et notamment au cours des 30 premières minutes de la conférence, consacrées à son allocution, François Fillon a d’abord tenté de convaincre de la légalité de l’emploi de Pénélope Fillon. Une façon de désamorcer tout caractère « fictif » de l’emploi de sa compagne. Rien de nouveau donc en ce qui concerne la ligne de défense. La nouveauté par contre se situe sur le terrain moral en jouant notamment l’incrédule. « J’ai mis du temps à comprendre que le ciel me tombait sur la tête » a-t-il déclaré par la suite. Il maintient la version selon laquelle il s’agirait d’un complot, et a même parlé de « lynchage, d’assassinat médiatique ». « Du jamais vu sous la V ? République » d’après lui. Pour se dédouaner, le candidat a beaucoup insisté sur la légalité de tous les faits dont on l’accuse. Après avoir énuméré la longue liste de biens immobiliers, de comptes bancaires et d’assurances lui appartenant (notamment le château dans la Sarthe d’une valeur estimée à 750000€ et deux titres de nue-propriété…), il s’est targué de ne pas être soumis à l’Impôt sur la fortune (ISF). On ne peut en réalité que déplorer qu’avec un tel capital, il ne le soit pas. Il s’est ensuite défendu du fait que la société de conseil dans laquelle il a des parts ait jamais travaillé pour un quelconque client russe. « Je présente mes excuses aux Français » a-t-il également déclaré. Pas pour posséder des richesses indécentes, non, mais pour avoir « mis du temps à comprendre, à entendre, les évolutions de la société sur ces vieilles pratiques de la vie politique », que lui, évidemment, trouve parfaitement justifiées.

À propos du « Pénélope Gate », il a réitéré les déclarations selon lesquelles le travail effectué par sa femme était dur à prouver du fait qu’elle est une « femme discrète, une femme de l’ombre ». Entre autres tâches, elle l’aurait notamment épaulé pour « répondre au courrier, gérer [son] agenda » et l’aurait « représenté localement ». Des « tâches simples mais essentielles » qui d’après-lui méritent amplement une rémunération à hauteur de 3677€… Il s’est par ailleurs engagé à publier sur internet l’intégralité des contrats de travail de sa femme et a également mis fin aux rumeurs selon lesquelles il était prêt à rembourser le salaire lui ayant été versé. Il s’est aussi attaqué à l’émission Envoyé Spécial, qui a diffusé jeudi 2 février une enquête sur les soupçons d’emploi fictif de Pénélope Fillon en affirmant que « la journaliste qui a accompli cette interview s’est manifesté personnellement auprès de [son] épouse pour dire à quel point elle était choquée{} ». Premier mensonge post-déclaration déjà révélé par Libération qui a contacté la journaliste Kim Willsher, ayant réalisé l’interview. Elle dément « fermement » ces propos. « Je tiens à le dire très nettement : je n’ai jamais dénoncé l’enquête d’Envoyé Spécial. Ils ont fait leur boulot. Il y a une fausse rumeur, qui part de faux tweets. Si je suis choquée, c’est par cette fausse rumeur ».

En bref, peu d’éléments nouveaux ont été amenés par cette conférence de presse, le candidat des Républicains a surtout tenté de focaliser les médias sur ses « actions politiques », ce qui a échoué, et a essayé de se positionner comme le seul « candidat de rupture » face à l’extrême-droite et à Macron qu’il a jugé… d’extrême-gauche !

Il a aussi revendiqué sa volonté de rester candidat « parce qu’il n’y a pas de plan B », ce qui semble en réalité loin d’être le meilleur moyen de justifier le fait qu’il s’accroche si désespérément à son titre de candidat de la droite et du centre.

Peu à l’aise devant les caméras et face aux journalistes, il s’est essayé à l’exercice qui consiste à renvoyer la balle à ses adversaires. Tout d’abord en s’attaquant à ses collègues parlementaires dans son allocution, en arguant que lui n’employait plus sa famille « contrairement à beaucoup de ceux qui [lui] font la leçon ». Et enfin, surtout, en s’en prenant directement aux médias, dont Le Monde, qui, selon lui, lui intentent un véritable « procès diffamatoire, calomnieux ». « Moi je n’ai pas eu de redressement fiscal » a-t-il notamment rétorqué après la question d’une journaliste de Médiapart.

Cette conférence de presse était un exercice difficile, sur le fil du rasoir, que François Fillon est loin d’avoir accompli avec brio. Sa défense, qui se base notamment sur l’argument de l’honnêteté, le fait d’avoir « tout mis sur la table », est très peu crédible. Les prochains jours, et en particulier les révélations annoncées du Canard Enchaîné demain le concernant, détermineront à quel point Les Républicains sont en passe d’exploser.


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