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« Il n’y a que des métropolitains dans le bateau »

Ouragan à Saint-Martin : « Il y a des femmes, qui n’ont plus rien, et on leur dit de se débrouiller »

Alors que les images de la quasi-destruction de l’île de Saint Martin sont présentes dans tous les médias, les critiques montent au sein de la population qui est dans une situation de grave détresse, six jours après le passage de l’ouragan.

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AFP PHOTO / Lionel CHAMOISEAU

Le passage de l’ouragan Irma, alors de catégorie 5, ce mercredi 6 septembre, a laissé derrière lui l’île de Saint Martin détruite à 95% avec un bilan officiel et très provisoire de 10 morts et de 247 blessés. Malgré l’annonce du passage de l’ouragan trois jours avant, aucune mesure n’a été mise en place pour aider la population ou encore d’évacuer les zones les plus à risques.Pour parer aux critiques,Macron a convoqué une réunion d’urgencesamedi, puis annoncé sa venue sur l’île mardi 12 septembre.

Les témoignages de la population de Saint Martin commencent à arriver,montrantde grands décalages avec la version officielle des médias. Selon plusieurs personnes, le bilan de l’ouragan serait beaucoup plus lourd qu’annoncé avec plus de 1000 morts. Et, contrairement a ce qui a été annoncé, aucun véritable plan d’aide n’a encore été mis en place. L’eau, l’électricité et le carburant manquent, ainsi que la nourriture.

Alors qu’avait été annoncée l’évacuation propriétaire des femmes avec enfant de moins de 2 ans, les seuls touristes présents sur l’île ont bénéficié de rapatriement vers des lieux non sinistrés. Un bateau a été réquisitionné par les autorités, afin d’emmener les rescapés d’un hôtel vers Saint François en Guadeloupe en pleine nuit. Sur ces 100 personnes, la grande majorité étaient des touristes, et seulement 3 guadeloupéennes ont pu accéder au bateau. Leur arrivée était même prévue puisque près de la moitié avait une chambre d’hôtel réservée pour les accueillir.

Comme en témoigne une femme dans un reportage de Guadeloupe 1ère : « il n’y a que des métropolitains dans le bateau », elle ajoute « il y a des femmes, des mères sans logement qui n’ont plus rien, qui n’ont pas de toit et on leur dit de se débrouiller ».

Le traitement à deux vitesses des rescapés est ici parfaitement visible : la priorité est mise sur les touristes, les populations locales étant exclues tandis que leurs lieux d’habitation est détruit. En quelque sorte, une double peine.

Selon Médiapart, le constat est accablant : « des adultes bien portants embarquent prioritairement sur des avions affrétés : un tri de classe, un tri sur la base de la place sociale - fonctionnaires d’état dont les familles sont évacuées, tandis qu’une femme saint-martinoise, accompagnée de son enfant de moins de deux ans, témoigne du refus absolu de l’autoriser à pénétrer dans l’aéroport. »

Depuis le passage d’Irma, de nombreux pillages ont lieu, en partie afin de se procurer des médicaments et de la nourriture qu’il est impossible de se procurer autrement du fait de l’absence d’aide, mais aussi de la part de groupes organisés qui représentent un danger pour les rescapés. Ainsi, en plus de devoir faire face aux pénuries, au manque d’électricité et à la destruction de leur habitat, la population est mise en danger par les règlements de compte de bandes armées préexistant à l’ouragan.

Avant même le passage de l’ouragan Irma, la population de Saint Martin souffrait d’unfort niveau de pauvreté avec 10% de la population bénéficiant du RSA et 30% de chômage. Associé à cela un manque d’investissement flagrant dans des infrastructures adaptées contre les ouragans et autres catastrophes naturelles, dont la fréquence et l’intensité augmentent fortement avec le changement climatique, cette nouvelle catastrophe meurtrière illustre encore une fois que nos vies ne valent pas leurs profits.

« Des renforts de gendarmes mobiles sont certes arrivés, mais c’est encore aux gendarmes de Marigot de sécuriser la grande surface Super U, de jour comme de nuit » indique un militaire. Comme toujours, c’est encore les intérêts des grands groupes, qu’ils soient hôteliers ou marchants, de passer avant ceux de la population qui ne peut que tenter de survire par elle-même.


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