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Entretien

PSA Mulhouse. Thierry, militant CGT, mis à pied pour des cases non-cochées !

Interview de Thierry, militant CGT PSA Mulhouse, mis à pied pour n'avoir par scrupuleusement rempli un document qui sert à fliquer les travailleurs.

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Révolution Permanente : Tu a été sanctionner de 2 jours de mise a pied, tu peux nous raconter comment les choses se sont passés ?


Thierry : Sur une période de plusieurs semaines, je n’ai pas renseigné scrupuleusement un document (Plan de Surveillance) dit PDS qui n’est rien d’autre qu’un moyen de surveiller une partie de notre travail. Ce document liste une partie des tâches que nous sommes tenus d’effectuer chaque jour et nous devons y cocher les cases qui s’y rapportent, afin que la hiérarchie puisse vérifier que lesdites tâches ont bien été réalisées. Mais la stupidité du système ne s’arrête pas là ; si d’aventure tout ou partie des cases ne sont pas cochées alors c’est les menaces de sanctions ou les sanctions elles-mêmes qui tombent. Or, ces dernières années la réduction drastique des budgets et des effectifs nous ont amené à travailler dans des conditions toujours plus dégradées et à en faire toujours plus (travail de fonctions annexes supprimées et reportées sur nous, nettoyage des installations et de leur environnement, accumulation des documents à renseigner et des directives...). Du fait de ces « risques » multipliés, nous travaillons sans arrêt avec la menace de sanction au-dessus de nos têtes pour non respect de telle ou telle règle. Et c’est ce qui à fini par m’arriver lorsqu’à différentes reprises mon RG est venu constater le non-renseignement dudit PDS. J’ai donc été sanctionné par de la mise à pied car un an avant j’avais déjà écopé d’un avertissement pour le même motif. Ceci malgré le fait que ma hiérarchie m’a répété à plusieurs reprises qu’elle n’avait rien à me reprocher au niveau de mon travail ! Comme beaucoup d’entre nous, j’ai toujours essayé de réaliser mon boulot le mieux possible avec les moyens dont nous disposons. Tout cela n’est donc qu’une histoire de pur principe, car le fait de ne pas renseigner un document ne veut pas dire que le boulot n’est pas quand même réalisé !


RP : Quelle a été la réaction des salariés suite a cette sanction ?


T. : L’indignation, l’incompréhension et la colère qui se sont traduits le deuxième jour de ma mise à pied par un débrayage d’une heure d’une trentaine d’entre nous, arrêtant l’activité complète du secteur où je travaille. Il faut dire que j’avais profité de mon mandat d’élu CE pour rester les deux jours de sanction à l’usine et discuter avec les collègues.


RP : Depuis en certain temps la répression touche des militants CGT mais aussi des salariés qui ne marchent pas dans les clous ou qui font des erreurs à PSA Mulhouse. Tu l’expliques comment ?


T. : Une volonté forte de la direction du site et plus largement de Paris de continuer à vider l’usine. L’usine « excellence du futur » prônée par la direction est basée sur un effectif le plus réduit possible et corvéable à merci, de façon à maximiser la productivité et donc les profits. La CGT est encore le seul syndicat à s’opposer ouvertement à cette vision destructrice du travail et les salariés qui restent aujourd’hui dans la boîte ne peuvent plus, ou pas assez, adhérer aux différents plans de départ dit « volontaires ». La répression, les conditions de travail dégradées et la stagnation des salaires contribuent à instaurer une ambiance de travail pourrie qui peut pousser les plus réticents vers la porte. Pour les autres, il reste l’accumulation des sanctions qui mènent au licenciement.


RP : Sur le groupe PSA la politique de répression est devenu une méthode de management comme pour les camarades à PSA Poissy où des militants sont attaqués. Quelle vision as-tu de cela ?


T. : Pour ce qui concerne plus précisément les militants CGT, cela suit la position gouvernementale. Il y a une volonté claire et non dissimulée de faire taire la CGT, car son discours revendicatif, qui s’inscrit toujours dans une perspective d’évolution positive des vies des générations futures, se retrouve à rebours de l’idéologie économique et sociale que le néo-capitalisme cherche à imposer.


RP : D’après toi quelle attitude devrait adopter la CGT contre la politique répressive du patronat chez PSA comme ailleurs ?


Je sais que la CGT a la bonne attitude. Elle agit et réagi avec ses moyens et ses armes, même si tout est fait pour l’en empêcher. Seul bémol, je regrette son manque de conviction à construire une véritable convergence des luttes au niveau national, même si je connais aussi les immenses difficultés qui y font obstacle. Ce combat est âpre et on y laisse tous des plumes. Mais il s’agit bien pour nous de continuer coûte que coûte à faire vivre un idéal social dans lequel l’homme puisse s’épanouir au mieux.


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