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La bataille du rail a bien commencé

Par milliers dans les rues. Belle manifestation des cheminot.e.s à Paris !

Etudiant-e-s, postiers, enseignants, salariés d'Air France... Partie de gare de l'Est sous les coups de 15 heures, la manifestation des cheminots appelée par Sud-Rail et Force Ouvrière a rassemblé 5000 personnes venues en soutien et agréger leurs luttes à la bataille du rail. Derrière les cheminots, des cortèges cheminots, plusieurs pôles de secteurs en lutte, notamment un important cortège des facs parisiennes mobilisées. Bloquée par les forces de police, dont les modes d'action rappelaient ceux employés au printemps 2016, la manifestation n'a pas pu rejoindre le point d'arrivée, Saint-Lazare, pourtant déposé en préfecture, et a été dispersée aux alentours de Notre-Dame-de-Lorette. Simple partie remise...

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5000 manifestants ont défilé cet après-midi dans les rues du 10ème et 9ème arrondissement de Paris aux côtés des cheminots, à l’appel de SudRail et de FO Cheminots région parisienne, en cette première journée de grève dure contre le Pacte ferroviaire.

Avec des taux de grévistes exceptionnels de 48% - 77% sur les conducteurs –, presque aussi élevés qu’aux moments les plus chauds de 1995, cette journée de lancement de la bataille du rail, avait déjà des allures d’exception. Mais c’était sans compter la participation de plusieurs secteurs en lutte venus se joindre à la manifestation dont le parcours, déposé et validé en préfecture, devait partir de gare de l’Est pour atteindre, en fin de circuit, la gare Saint-Lazare. C’était sans compter les revirements de la préfecture, aux ordres du gouvernement, qui a préféré couper court à ce qui, à tout point de vue, a été une manifestation de défense du rail et de convergence des luttes.

« A La Poste, on voit les conséquences néfastes de la privatisation »

Certes, le gros des manifestants était composés des cheminots, avec des cortèges syndicaux Sud-Rail, devant, et FO, à l’arrière, – seules organisations du rail ayant appelé à la manifestation –. Dans le cortège, une banderole Paris-Nord, une autre « Gare Saint-Lazare » et une « « Cheminots Chatillon, continuons le combat » étaient également bien visibles, derrière lesquelles défilaient les salariés du rail, regroupés par site, et quelques drapeaux de la CGT Cheminots de Versailles.

Une manière d’effacer les étiquettes syndicales pour devenir des « militants de la grève » avec et auprès de ses collègues, comme l’appelait à le faire, lors de l’AG de Paris-Nord, une militante Sud-Rail, aiguilleuse au Bourget.

A leurs côtés, un beau cortège de Postiers des Hauts-de-Seine, en grève reconductible, avec une délégation de Bordelais. « Réorganisation, méthode de management agressive, répression syndicale, on a vu ce que signifiait la privatisation à la Poste » témoigne O., postier parisien. Dernièrement, la décision de Muriel Pénicaud, ministre du travail, de licencier Gaël Quirante, postier et militant syndical SUD-PTT, contre l’avis de l’inspection du travail, a mis le feu au poudre. « Cela fait une semaine que nous sommes partis en grève reconductible, explique Brahim. Et il se passe que beaucoup de collègues se rallient à la grève également pour protester contre les réorganisations à répétition et les conditions de travail ».

Moins nombreux mais bien présents, plusieurs cortèges d’enseignants – en particulier de la Seine-Saint-Denis et des Hauts-de-Seine– battaient également le pavé. Là aussi, les motifs de colère ne manquent pas : baisse des moyens et suppression de l’éducation prioritaire, réforme du baccalauréat et du lycée, fermeture de classes dans le primaire, baisse des places au concours et réforme de la fonction publique qui pointe son nez. « Pour nous aussi, il y a un enjeu à défendre la notion de service public, que ce soit dans le cadre des transports ou de l’éducation. Macron prépare la casse de nos conditions de travail, mais aussi la baisse de la qualité dans l’ensemble de ces services qu’il souhaite soumettre à une logique marchande » explique Alain professeur de mathématiques en Seine-Saint-Denis. L’enjeu, également, est de montrer aux cheminots qu’ils ne sont pas seuls et que c’est tous ensemble que l’on va gagner.

Plus minoritaire mais bien visibles à leurs uniformes et ballons en forme d’avion, des salariés d’AirFrance, en grève pour des revalorisations salariales, qui défilaient également à l’appel de la CGT. Le cas d’AirFrance est assez symptomatique de ce climat social fébrile qui secoue actuellement le pays. Après avoir subi un plan de licenciement et des exigences de hausse de productivité ces dernières années, non sans combattre, les salariés d’AirFrance ont décidé de relever la tête en menant une grève offensive pour exiger des augmentations de 6%. Ancienne entreprise publique privatisée, la présence des salariés d’AirFrance aux côtés des travailleurs de la SNCF était aussi extrêmement symbolique.

Les étudiant-e-s en soutien des cheminots

Prêts au départ, sur le coup des 15 heures à Gare de l’Est, on retrouvait également les cortèges d’étudiant-e-s et des facs parisiennes mobilisé-e-s. On y voyait notamment celui de Paris I -Tolbiac, dont le site est bloqué et occupé depuis une semaine et qui, le matin même reconduisait l’occupation dans une assemblée Générale réunissant plus de 1500 étudiants. Et celui de l’université Paris VIII – Saint Denis, occupée depuis le matin du 3 avril, où une Assemblée Générale a réuni près de 500 personnes.

L’Unef – dont l’ensemble du bureau fédéral avait débarqué pour l’occasion – a cherché plusieurs fois à reprendre la main, disputant la direction des cortèges aux représentants étudiant-e-s des facs mobilisées. Une attitude qui n’a pas manqué de provoquer des frictions.

Dès le départ, de nombreux jeunes, étudiant-e-s, lycéen-e-s, se sont positionnés à l’avant de la manif, formant le fameux « cortège de tête ». A la manière du printemps 2016, les provocations policières n’ont pas manquées : encadrement resserré, gaz, charge, reflux, à la hauteur du boulevard Magenta, puis de nouveau sur la rue de Maubeuge.

Parcours de manif’ dévié puis bloqué par la préfecture

L’élan de convergence de cette manifestation autour des cheminots a été senti par la préfecture. Sur la descente de la rue de Maubeuge, censée déboucher sur un grand boulevard reliant à la Gare Saint-Lazare, la manifestation a été déviée sur la rue Lamartine et le dédale de petites rues qui irriguent cette partie du bas Montmartre. Toutes bloquées par les CRS où les camions de gendarmerie étaient venus en renfort, c’est une véritable nasse qui était tendue. Une manière de stopper net la poursuite de la manifestation vers la Gare Saint-Lazare, destination finale et accordée en amont par cette même préfecture.

La manifestation s’est ensuite dissipée dans le calme, malgré l’énervement certain provoqué par ce nouveau déni démocratique consistant à empêcher, en cours de route, le déroulé d’une manifestation et l’expression légitime de la colère des cheminots et leurs soutiens. Mais ce n’est que partie remise. Un début, prometteur qui montre à quel point il est important que le combat continue, plus fort et plus nombreux.

[Crédits photos : YL et CR pour RévolutionPermanente]


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