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Rentrée des classes

Paris 8. La sélection par le manque de place… et le tirage au sort !

C’est actuellement la rentrée pour de nombreux étudiant-es au sein de l’université Paris 8, et avec elle les différents problèmes liés aux inscriptions administratives. Cette année encore, nombreux seront les élèves ne pouvant pas s’inscrire aux cours voulus. Et cette année encore, nombreux seront celles et ceux qui devront privilégier un bout de papier leur indiquant la validation de leur année à la raison même de leur présence à l’université.

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Une ambiance kafkaïenne qui cache mal la réalité des politiques d’austérité dans le service public de l’enseignement supérieur

La galère administrative au sein des universités n’est un secret pour personne, mais elle l’est d’autant plus quand l’austérité imposée sur les facs entraîne des coupes budgétaires, et lorsque certains départements décident d’une politique ne pouvant que précariser encore un peu plus les conditions d’accès aux différents cours proposés. Les étudiant-es de Paris 8 ne sont pas sans savoir que les cours de langues constituent un réel problème, en particulier les cours d’anglais, qui sont de loin les plus prisés et peuvent se chiffrer au compte-goutte. Une fois de plus, il faudra arriver tôt devant la salle afin d’avoir la chance d’être accepté dans les rares cours d’anglais dispensés ce semestre.

Prenons également l’exemple de l’UFR Texte et société, regroupant, entre autres, les départements d’Histoire et de science politique. Pour l’heure, dans certains niveaux les étudiant-es n’ont le choix qu’entre quatre cours : pour la grande majorité d’entre eux la liste de ces cours n’est affichée qu’après la prérentrée des différents départements, ce qui peut alors rentrer en conflit avec d’autres cours déjà pris.

Certes, les alternatives au cours d’anglais existent : on peut très bien en suivre un cours de latin, d’italien ou même de grec ancien, mais un nombre conséquent d’étudiants et d’étudiantes ayant eu la malchance de se voir refuser une place se voient alors contraints de prendre des cours d’autres langues… juste pour valider un cours de langue et, ainsi, leur année. Nombre de personnes se retrouvent donc à prendre des cours pour lesquels ils n’ont pas la moindre affinité, voire sans rapport avec leur projet professionnel. Et certains professeurs d’anglais sont parfois amenés à user de méthodes absurdes, comme le tirage au sort, afin de savoir qui aura le droit d’assister à leur classe, et qui aura le droit de retenter sa chance.

Malheureusement, ce constat ne s’arrête pas aux simples cours de langues. Quiconque ayant déjà étudié au sein de l’université Paris 8 connaît les fameuses heures d’informatique obligatoires pour tous les étudiants, le « C2I ». Il n’est pas rare de devoir attendre plusieurs heures devant la salle en espérant avoir une place dans ce cours nécessaire à la validation de la licence (même si ce que vous étudiez n’a strictement aucun rapport avec cela) et de finalement revenir le semestre suivant. Certes, une plate-forme en ligne existe pour faciliter les inscriptions à ce cours, mais les problèmes sont réguliers et nombreux sont les étudiant-es en première année ne sachant même pas que cette dernière existe.

On peut également citer l’exemple des stages obligatoires, forcément non rémunérés (sauf stages de longue durée, mais très rares et et ne concernant qu’une infime partie des étudiant-es), qui précarisent les élèves, d’autant plus les étudiant-es salarié-es devant alors trouver un moyen d’obtenir un stage ne les obligeant pas à vivre sans revenus financiers.

À Paris 8, on choisit ses cours… par tirage au sort !

Finalement, l’exemple probablement le plus frappant se trouve au sein du département d’histoire de cette université. Cette année, les gestionnaires de licence, voulant améliorer les inscriptions administratives au sein du département, ont tout simplement effectué un tirage au sort afin de désigner l’heure à laquelle les étudiant-es se rendront auprès des tuteurs afin de choisir leurs cours. Si bien que ceux ayant obtenu un bon numéro ont eu la possibilité de choisir leurs cours, et obligeant par conséquent les titulaires d’un mauvais numéro à se résigner et à prendre des formations théoriques qu’ils ne voulaient pas car les autres étaient déjà complètes.

Cela semble invraisemblable, mais c’est pourtant de cette façon que le département a décidé de fonctionner cette année. Cela précarise d’office les étudiant-es salarié-es faisant leur emploi du temps en fonction de leur travail. Des étudiant-es qui, dans le meilleur des cas, se retrouvent donc à suivre des cours qu’ils ne souhaitaient pas prendre dans l’unique but de valider leur année. On est bien loin des promesses vendues par l’université. Est-il vraiment étrange, dans ces conditions, de voir des étudiant-es démotivé-es abandonner lorsque ces dernier-es se voient contraints de suivre des cours qui ne les intéressent pas ? De plus, bien que l’ancien système était loin d’être parfait – il s’agissait en réalité du « premier arrivé, premier servi » – les professeurs faisaient dans l’immense majorité des cas en sorte d’aider les étudiant-es en situation délicates en les acceptant lors des 3 premières semaines de cours suivant la rentrée. Cette année, cela leur sera impossible.

Cette précarisation des étudiant-es, salarié-es ou non, s’accentue d’année en année et relève finalement plus d’une logique industrielle que d’un véritable enseignement intellectuel. Est-il normal de sacrifier la raison même de ce pourquoi l’on étudie une matière qui nous passionne au profit d’un papier indiquant que nous avons obtenu notre licence ? L’exemple de Paris 8 n’est qu’un exemple parmi d’autres de l’expérience vécue par de nombreux étudiant-es en cette rentrée, marquée par le manque de moyen accordé à l’enseignement supérieur.

Amphis bondés, tirage au sort, précarité étudiante : autant de moyens par lequel l’université publique organise la sélection, même si celle-ci n’est pas encore officielle comme certains le souhaiteraient. À Paris 8 comme ailleurs, exigeons des moyens pour étudier, l’embauche de personnels administratifs et de professeurs, pour ouvrir réellement la fac à tous et à toutes !


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