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Meeting unitaire de la gauche de la gauche

Paris, meeting unitaire contre la loi travail : un échauffement à la présidentielle, assez loin des luttes...

Yano Lesage Dimanche, se tenait un « meeting unitaire contre la loi travail et de soutien aux grévistes » à l'initiative de la fondation Copernic, au théâtre Dejazet à Paris qui a réuni près de 500 personnes. Gérard Filoche, « frondeur » du PS, Danièle Simonet pour le Front de Gauche, Christine Poupin du NPA, Clémentine Autain d'Ensemble, ainsi que des portes paroles du PCF, d'ATTAC, de la CGT-Mines et Energie, du collectif des précaires, des cheminots et postiers grévistes, et Frédéric Lordon ont pris la parole au sein de ce front large. Bien qu'appelé en soutien aux grévistes, mais loin de refléter les différents secteurs en lutte, la meeting a davantage tenu d'une présentation des positions au sein de la gauche de la gauche, avide de capitaliser politiquement la contestation sociale, plutôt qu'un rassemblement à même d'organiser et structurer de manière unitaire la contestation contre la loi Travail. Pourtant, alors que Philippe Martinez s'apprête à aller négocier avec le gouvernement, c'est bien des cadres d'auto-organisation des grévistes à construire nationalement dont aurait besoin le mouvement pour éviter son essoufflement, mais aussi pour exiger des directions syndicales le mandat qui pourtant a été clair depuis le début de la mobilisation : le retrait total de la loi Travail.

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« La classe ouvrière n’est pas morte »

« ça fait du bien », ont insisté plusieurs intervenants. La vague de grève et de contestation sociale qu’a ouvert l’opposition à la loi travail, du jamais vu depuis 2010, donne à la gauche un nouvel espoir. « La loi travail a eu le rôle de détonateur » pour la population, a déclaré Christine Poupin (NPA). Citant Tarik Ali, Clémentine Autain a renchéri : « impossible is nothing, où bien il n’est que temporaire ».

Mais c’est une représentante du collectif des chômeurs et des précaires qui a le mieux résumé l’effet qu’a pu avoir le mouvement contre la loi travail : « revoir la classe ouvrière, ça donne des couleurs, parce qu’on croyait qu’elle avait disparu ».

La violence du gouvernement et du capital

Ce regain de moral soulevé par la contestation contre la loi travail, c’est également un mouvement, et C. Poupin l’a rappelé, « un mouvement d’opposition au gouvernement » qui connaît une impopularité record, « face à la popularité de notre mouvement » qui conteste « sa légitimité ». En effet, c’est non seulement le gouvernement qui impose sa loi de la minorité, à coup d’état d’urgence, de 49.3 et de matraque mais également le « capital qui impose ses conditions ». Pour Frédéric Lordon, dont l’intervention a porté le bouquet final, au travers de la loi travail, c’est bien le « capital qui prend en otage la société entière et les vies individuelles ». Comme Macron avec la dernière affaire du costard, ce gouvernement, « inconscient de sa propre violence », à la fois économique et symbolique, incarne le plus haut mépris de la classe des riches et des puissants envers ceux qu’elle domine.

Intervention de Frédéric Lordon :

A plusieurs reprises, il a été rappelé que l’attaque contre le code du travail s’inscrit dans un projet conscient et préparé de la classe dominante : « un projet de déconstruction des conquêtes sociales d’après-guerre », comme l’a décrit Lordon, « un tournant historique » qui se décline dans le secteur de l’énergie par l’objectif de mettre « fin du service public », puisque, la représentante de la Fédération CGT-Mines et Energie l’a souligné, le gouvernement s’apprête à privatiser l’énergie hydraulique.

Intervention de Gérard Filoche (PS)

« un mouvement qui a la possibilité de gagner »

Du « on va gagner » de Gérard Filoche (PS) au « on a la possibilité de gagner » de C. Poupin (NPA), tous s’entendent à dire sur la réussite du mouvement. Il est vrai qu’en dépit du déferlement médiatique, de la propagande gouvernementale, la popularité du mouvement et les ouvertures au sein du front syndicale (avec la dernière opposition de la CGC) « la CGT n’est pas isolée », « C’est bien la CFDT de Laurent Berger qui se retrouve seule à soutenir le gouvernement » a rappelé la CGT-Mines et Energie.

Malheureusement, la tenue de ce meeting n’a pas vraiment ouvert la voie à la possibilité d’une structuration d’un pôle de lutte unitaire, capable d’exiger des organisations syndicales, et notamment de la CGT, d’appliquer le mandat des grévistes, alors même que Martinez parle de dialoguer avec la ministre El-Khomri.

Un air de campagne...

Autre étrangeté, alors que le mouvement contre la loi travail est toujours en cours, pour beaucoup la lutte semble déjà appartenir au passé. On entendait des vœux de campagne, plus qu’un programme pour lutter. Un air de présidentielle, sans être pourtant évoquée, flottait dans l’air.

Du PCF, par la voix de Marie-Pierre Vieu - « il faut commencer à construire l’unité politique à la hauteur de l’unité sociale constituée »- au Parti de Gauche- « il faut fédérer un peuple d’insoumis », le même son de cloche : l’enjeu est bien de se poser comme nouvelle voix d’expression de la gauche de la gauche, chacun cherchant à incarner cette contestation dans les urnes, alors que le Front de Gauche part divisé dans la présidentielle.

Intervention de Danièle Simonet (Parti de gauche)

Les divergences au sein d’une gauche regroupant du NPA à la gauche du PS existent. Du PCF qui appelle à la « gauche parlementaire à faire passer une motion pour faire tomber le gouvernement » au NPA, en la voix que Christine Poupin, qui appelle à « l’expropriation des banques et à la question de la propriété », sans développer plus précisément le cadre de la stratégie pour y parvenir, ce n’est cependant pas dans le rapport aux institutions qu’elles semblent se cristalliser. A aucun moment, y compris du côté du NPA, on appelle à un renversement des institutions. Du côté de Lordon, également pour qui « les violences policières sont des violences faites à la République », le respect à leurs égards reste entier.

Quoiqu’il en soit, l’urgence est clairement ailleurs. A un an des présidentielles, en plein mouvement de lutte contre la loi travail, la présence de grévistes de la base et du mouvement a fait clairement défaut à ce meeting. Pour relever la tête, la présence d’un représentant Sud-Rail de Saint-Lazare, de Sud-PTT, postier dans les Hauts-de-Seine, et d’un syndicaliste à l’initiative de l’appel Syndicaliste Debout. Hormis leur présence, et celle d’une représentante de la fédération CGT-Mines et Energie, loin cependant de représenter la base des grévistes, la question de la lutte aurait été absente. Face à l’interpellation de Gabriel, cheminot de Saint-Lazare et représentant Sud-PTT, aucun autre appelle à « un plan de bataille » pour gagner, ni à une nouvelle date de mobilisation qui donne des perspectives avant la prochaine : « le 23, c’est trop loin » a-t-il lancé.

Ce à quoi beaucoup, la tête à d’autres projets qu’à la victoire contre la loi travail, n’ont pas répondu.

Intervention de Gabriel, cheminot et gréviste à saint-Lazare (Sud-Rail)


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