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La chasse aux sources

Perquisition de Médiapart : c’est bien Matignon qui est à l’origine de l’enquête

Dans une nouvelle révélation, Médiapart affirme que la tentative de perquisition de sa rédaction par le Parquet de Paris, lundi 4 février, a été « provoquée » par Matignon et les services du premier ministre Edouard Philippe. L’affaire Benalla est définitivement une affaire d’Etat voire de crise interne à l’Etat…

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Un barbouze protégé et un contrat russe resté discret

L’affaire Benalla, lancée en juillet 2018 par une vidéo du Monde, puis de Médiapart, sur les violences du 1er mai commises place de la Contrescarpe, connait depuis plusieurs semaines de nouveaux rebondissements. Les détentions de passeports diplomatiques par Benalla jusqu’à janvier 2019 ont mis en évidence les omissions et les mensonges prononcés par ce dernier devant la commission d’enquête parlementaires ; celle d’un téléphone crypté, les passe-droits dont a continué a bénéficié cet ancien collaborateur de l’Elysée bien après qu’il ait été radié de ses fonctions. Les derniers enregistrements révélés par Médiapart jeudi 31 janvier dans lesquels Alexandre Benalla s’entretient avec Vincent Crase, la violation du contrôle judiciaire entre Benalla et Crase. Tout porte à croire que l’ancien protégé de l’Elysée a continué – voire continue - à l’être en dépit des exactions commises le 1er mai et de la procédure judiciaire qui le vise. De cela, l’opinion publique est déjà convaincue…

C’est certainement l’autre dossier de l’affaire Benalla qui inquiète au plus haut point le pouvoir : restées jusqu’ici relativement confidentielles, très peu reprises dans la presse, l’autre pan des révélations de Médiapart concerne la négociation d’un contrat de sécurité entre Alexandre Benalla, alors conseiller de l’Elysée, et un oligarque russe, proche de Vladimir Poutine et des réseaux mafieux. Or, les enregistrements diffusés ce jeudi 31 janvier par Médiapart de la conversation entre Alexandre Benalla et Vincent Crase, apportent la preuve que le conseiller de l’Elysée était personnellement impliqué dans un montage financier lié à ce contrat russe. Voilà qui pourrait inquiéter davantage l’Elysée.

La « chasse aux sources » lancée depuis Matignon ?

4 jours après la révélation des enregistrements, une perquisition menée par le procureur de Paris, Remy Heitz, est tentée à la rédaction de Médiapart au motif de « l’atteinte à la vie privée d’Alexandre Benalla ». Le motif parait d’autant plus fallacieux qu’il est incorrect juridiquement : aucune plainte en la personne d’Alexandre Benalla n’a été déposée.

Ce que Médiapart soupçonne, dans cette tentative de perquisition, c’est que le Parquet de Paris cherche à porter « atteinte au secret des sources » et qu’il porte avec lui une volonté politique d’intimidation de la rédaction de Médiapart, et indirectement, de ses sources qui lui ont fourni des informations concernant notamment le dossier russe. Il est vrai que Rémy Heitz, procureur de Paris, a été directement et personnellement nommé par l’Elysée et Matignon seulement quelques mois après le déclenchement de l’affaire Benalla : Edouard Philippe avait alors justifié cette procédure en déclarant vouloir être « parfaitement à l’aise » avec le nouveau procureur de Paris.

Les doutes de Médiapart se voient aujourd’hui confirmés par de nouvelles révélations : selon les informations du quotidien en ligne, c’est à la suite de questions posées par des journalistes de Valeurs Actuelles aux services du premier ministre, que Matignon a alerté la justice pour enclencher la perquisition.

« L’hebdomadaire [valeurs actuelles] croit savoir que la conversation enregistrée entre Benalla et Crase a eu lieu dans l’appartement de la responsable du Groupement chargé de la sécurité du premier ministre », autrement dit, d’un responsable « des services de renseignement » précise Médiapart. Voilà ce qui, selon Médiapart, a déclenché ce qui ressemble fort à une « chasse aux sources » au sein même du sommet de l’appareil d’Etat.

Affaire Benalla, affaire d’Etat… et de crise de l’Etat

L’affaire Benalla ne dit pas seulement quelque chose des privilèges et de l’impunité dont jouissent celles et ceux établis, à la manière d’Alexandre Benalla, dans le cercle du pouvoir. Elle met également à jour une crise interne à l’appareil d’Etat, où des fractions du pouvoir entrent résolument en concurrence et « disruptent » la règle selon laquelle la stabilité, intérêt commun des dominants, doit prévaloir. Car la question n’est pas subsidiaire : d’où proviennent les enregistrements de Benalla et Crase, les informations hautement sensibles sur le contrat russe qui ont été délivrés à Médiapart ? Très certainement de l’appareil d’Etat lui-même, qu’il s’agisse des services de renseignement, de police ou de la justice.

Si on ne peut que se satisfaire de voir étaler au grand jour ces « secrets d’Etat », l’impunité de ceux qu’il protège, la violence exercée au profit de ceux qu’il sert, reste à comprendre qui cherche à tirer son épingle du jeu de cette affaire. Même si, bien heureusement et pour l’instant, elle profite avant tout à la perte de légitimité de la Macronie et à la construction d’un vaste mouvement social de contestation comme il ne s’en est pas vu en France depuis 1968.


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