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Vers une campagne unitaire ?

Plus de 400 personnes au meeting parisien contre l’état d’urgence

Flora Carpentier La bourse du Travail de Paris faisait salle comble ce jeudi soir, réunissant plus de 400 personnes de nombreuses organisations ou non organisées, pour exiger la levée de l’état d’urgence. Ce meeting unitaire fait suite à une conférence de presse donnée dans la matinée, et à la publication d’un texte intitulé « Pour la sortie de l’état d’urgence ». A côté de cela, plusieurs pétitions en ligne ont recueilli des milliers de signatures contre l’état d’urgence et les interdictions de manifester. Un meeting « pour une politique de paix, de justice et de dignité » avait déjà eu lieu vendredi 11 décembre à la bourse du travail de Saint-Denis, à l’appel de différents collectifs et personnalités de la lutte antiraciste. Ces échéances pourraient bien constituer le point de départ d’une grande campagne unitaire contre l’état d’urgence et la politique répressive du gouvernement.

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Perquisitions brutales et climat raciste

Les différentes interventions s’accordaient pour dénoncer l’état d’urgence répressif et liberticide, parfaitement inutile pour lutter contre le terrorisme, et qui ne sert en réalité qu’à museler la contestation sociale. Plusieurs intervenants se sont prononcés contre la modification de la constitution voulue par le gouvernement, qui pourrait conduire à la déchéance de nationalité des binationaux suspectés de terrorisme. Laurence Blisson, secrétaire générale du Syndicat de la magistrature, a dénoncé un état d’urgence basé sur la « seule suspicion », ce qui a conduit à 2700 perquisitions arbitraires et violentes, ainsi qu’à deux enquêtes « anti-terroristes ».

Comme l’ont souligné l’intervenant du CCIF (Collectif contre l’Islamophobie en France), Sihame Assbague (Collectif contre les contrôles au faciès), Anzoumane Sissoko (Coalition Internationale des Sans-Papiers) et d’autres, l’état d’urgence ne fait que renforcer une politique sécuritaire qui s’abat en premier lieu contre les jeunes des quartiers populaires, les populations d’origine immigrée, les sans-papiers et les personnes apparentées musulmanes. Ces populations sont, une fois de plus, les premières victimes du climat réactionnaire ambiant, et subiront de plein fouet des mesures comme la déchéance de nationalité.

L’état d’urgence, grand ennemi du mouvement social

Patrick Picard, secrétaire général de l’UD CGT Paris a insisté sur les conséquences qu’avaient l’état d’urgence sur le mouvement social, par les interdictions de manifester et la répression des travailleurs combatifs. Selon lui, le gouvernement Hollande exerce à la fois une violence politique, comme avec le recours au 49.3, une violence policière, et une violence patronale et antisyndicale. La décision prise par Hollande, Valls et Macron de déposer, le 23 décembre, une loi pour la modification de la constitution est un fait « extrêmement grave » visant à légitimer un état d’exception permanent et que nous ne pouvons pas tolérer.

La présence de postiers du 92 en lutte depuis 50 jours, dans ce climat particulièrement répressif, a été saluée chaleureusement. Ils ont raconté comment l’état d’urgence était utilisé comme prétexte pour les empêcher de se déplacer en groupe, de se rendre à la mairie de Neuilly ou faire connaître leur grève dans d’autres établissements de la Poste, etc.

Deux militants ayant été assignés à résidence pendant 17 jours notamment pendant la COP21 ont dénoncé la criminalisation dont ils avaient fait l’objet sans aucune forme de procès, pour avoir seulement participé à l’organisation de la mobilisation contre la COP21.

Une étudiante de Solidaires Etudiant-es a quant à elle dénoncé les centaines d’arrestations qui avaient suivi les manifestations interdites et plus particulièrement celle du 29 novembre à Paris, au cours de laquelle 20 militants du syndicat étudiant ont été placés en garde-à-vue. Elle a également témoigné du climat « anxiogène » et répressif qu’instaurait l’état d’urgence dans les universités, par le contrôle des cartes et les interdictions de réunions. Ce climat va à l’encontre de la vision de l’université défendue par le syndicat, comme un lieu de débat où l’on puisse se forger un esprit critique. L’étudiante a conclu en disant que les acteurs des attentats auraient très bien pu, s’ils n’avaient pas vécu le mépris social et la violence policière, être eux aussi étudiants et ne pas en arriver à des actes aussi extrêmes. Son intervention a été très applaudie.

De nombreux intervenants, à l’image d’Olivier Besancenot (NPA), ont revendiqué notre droit à manifester et à braver l’état d’urgence, seule façon de lutter contre le climat répressif et la criminalisation du mouvement social pour imposer nos revendications. Besancenot a rappelé que depuis l’été 2014, il avait fallut se battre pour manifester en défense du peuple palestinien malgré l’interdiction, et que rien ne pouvait nous arrêter dans la défense de notre droit à manifester.

Vers un mouvement anti-guerre ?

Enfin, plusieurs interventions, émanant notamment de la salle, ont dénoncé les guerres impérialistes et exigé que les bombardements sur la Syrie s’arrêtent. Certaines voix ont regretté que depuis le début de l’intervention de la France en Irak, aucune contestation conséquente n’ait émergé contre la politique guerrière de Hollande.

Des rendez-vous sont pourtant donnés qui peuvent laisser présager la construction d’une mobilisation unitaire, que chacun appelait de ces vœux ce soir, afin de réagir à la hauteur des attaques qui sont menées contre notre camp social. La prochaine échéance de rue étant la manifestation de soutien aux migrants convoquée ce samedi 19 décembre 2015 à 15h de Barbès à République.


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