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« Les forces de l'ordre » dans la rue

Police. Une manifestation qui n’a rien de populaire !

C'est une première depuis 1983 : la police, qui n'a pas le droit de faire grève, manifeste place Vendôme. A l'époque, les flics réclamaient la démission de Robert Badinter qui personnifiait l’abolition de la peine de mort, et avait fait voter la suppression de la Cour de sûreté de l’État et des tribunaux militaires. Il était aussi à l’origine des lois d'amnistie qui permettaient de "prévenir une explosion dans des prisons surchargées". Ce rassemblement était noyauté par la droite et l’extrême droite. Il dénonçait le laxisme de l’État suite à la mort de deux policiers, abattus par des membres d'Action Directe. Ce mercredi, les policiers dénoncent à nouveau des réformes "laxistes", mais, comme en 1983, les forces de l'ordre et le gouvernement ont le même objectif : accentuer la répression. Sadek Basnacki

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La colère des forces de répression
Ils sont plusieurs milliers à s’être rassemblés sous les fenêtres de la garde des sceaux pour crier leur colère suite à la fusillade survenue à Saint-Ouen le 5 octobre, lors d’un cambriolage où l’un des leurs a été blessé et est toujours dans le coma. L’ensemble des syndicats de police a appelé à se rassembler à Paris et devant les tribunaux en province. Le policier blessé est membre de la BAC, les cowboys les plus réactionnaires et corrompus de l’appareil répressif avec les CRS, qui sèment la terreur dans les cités.

Tous les corps de la police dénoncent le manque de moyens, l’explosion des violences, l’absence de réponses pénales, et les permissions accordées aux détenus, le braqueur ayant profité de sa permission pour se faire la malle. La secrétaire générale adjointe du Syndicat des Commissaires de la Police Nationale, Céline Berthon, revendique "une justice aux côtés de la police". C’est bel et bien là le problème : cette manifestation revendique une justice de classe et non pas un ras-le-bol général d’exercer la répression voulue par l’État. Les revendications des policiers tendent à une augmentation des moyens pour exercer la répression et dénoncent le fait que "les agents ne peuvent faire usage de leur arme que s’ils sont directement menacés ou si des personnes le sont".
Sous couvert du plan Vigipirate et de la lutte contre les migrant-e-s, les forces de répression se sont vues constamment mobilisées. Nicolas Comte, secrétaire général adjoint du syndicat de police SGP Police - FO, parle d’un « état de fatigue préoccupant avec une pression constante » dans les troupes. Avec la venue de la COP21 à Paris en décembre, une mobilisation populaire est à prévoir et si l’ordre est donné d’user de gaz lacrymogène et de matraques, les officiers de police n’hésiteront pas un seul instant.
Patrice Ribeiro, secrétaire général de Synergie-Officiers, est catégorique à ce sujet. Il appelle à « un grand plan Marshall pour la police » pour faire face à la situation qui « s’aggrave ». S’il faut faire un choix dans le budget, pour lui, il est clair : « Nous préférons avoir des voitures de police plutôt que deux ou trois spectacles de rue en plus au Festival d’Avignon ». Les critiques se cristallisent autour de Taubira, pourtant ses réformes prouvent que la police, la justice et l’Etat vont bel et bien dans le même sens.

Taubira et un gouvernement anti-social.

Cette semaine, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a profité de son discours annuel devant les chefs de la police et de la gendarmerie pour exprimer sa compassion vis à vis des « difficultés » des agents à exercer leur métier et promettre de nouvelles mesures. Il serait question d’une augmentation des salaires, du renforcement des équipements et des effectifs. 1400 postes créés principalement pour le renseignement. Un ensemble de réformes répressives visant en premier lieu les classes populaires, bien loin de l’idée d’un Etat laxiste véhiculée par la droite et l’extrême droite.

Olivier Cacquineau, secrétaire général du syndicat SNEPAP-FSU, explique ainsi qu’ « il y a de plus en plus de peines d’emprisonnement qui sont prononcées et ces peines sont de plus en plus longues », que « les permissions de sorties [...] sont de moins en moins nombreuses et que le taux d’aménagement de peine est à la baisse ». Taubira a poussé à ce que les lycéen-ne-s qui se sont exprimé-e-s contre le « Je suis Charlie » soient condamné-e-s à de la prison ferme. Pour elle, la loi pénitentiaire de Rachida Dati de 2009 est un acquis et il n’est pas question de la modifier alors qu’elle bafoue le « droit au respect de la dignité de la personne détenue » et remet au goût du jour les travaux forcés. La contrainte pénale qui vise les petits délits punis par moins de 5 ans permet de soumettre à une séries d’obligations et de contrôles les condamné-e-s, malgré la circulaire de Taubira - qui ne fait pas force de loi - appelant à privilégier les aménagements de peine. Les « petits délinquants » sont visés par cette mesure, car ce sont eux qui récidivent le plus (59% de nouvelles condamnations dans les 5 ans qui suivent leur libération). L’aménagement est rarement possible après récidive. Ce sont essentiellement les classes populaires qui sont concernées, du fait même de leur pauvreté. De plus, la garde des sceaux veut faire construire 5 nouvelles prisons de grande capacité, permettant de fermer dans le même temps les plus vétustes. Ces nouvelles prisons permettront d’optimiser la surveillance constante des prisonniers avec du matériel high-tech et de faire passer le parc carcéral de 57 000 à 63 000 places.
Avec tout cela, comment peut-on imaginer un seul instant que le gouvernement, la justice et la police ne vont pas dans le même sens ? Tous ensembles, ils sont là pour garder la main mise sur l’appareil de production et conserver leurs privilèges.
Ce sont donc bien des relents réactionnaires qui ont amené les « forces de l’ordre » à manifester, appelant à plus de moyens pour exercer la répression des masses populaires, et jouer leur rôle de bras armée de l’Etat. Nul doute que les classes dominantes et le gouvernement prêteront une oreille attentive aux revendications policières.


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