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Bilan d’une semaine de combat

"Pour gagner, dépassons le calendrier", disent les cheminots de l’intergares

Après le vote au Sénat, les cheminots sont bien au loin d’avoir posé les armes. Preuve en est la réussite de cette nouvelle semaine de lutte, avec la grève du 5 juin, journée hors calendrier perlé, l’envahissement du siège de la SNCF et cette nouvelle rencontre intergares qui a réuni 250 cheminots.

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Réussite du changement de calendrier le 5 juin

Si les médias se félicitaient en début de semaine d’une fin de conflit proche, et espéraient que le vote du pacte ferroviaire devant le Sénat marque un essoufflement de la grève, ces derniers jours ont faire taire leurs espérances. Le 5 juin, jour où la réforme a été votée, à l’appel de la rencontre intergares, et de nombreuses assemblées générales en province, a été une journée de grève pour un certain nombre de cheminots dans beaucoup de gares. Ce, alors que ce n’était pas une date du calendrier de la perlée, et que l’interfédérale n’appelait pas à la grève ce jour là.

Pour Anasse, aiguilleur au Bourget et figure de la grève, cette réussite montre bien que la grève ne s’arrêtera pas comme ça. Des piquets de grève ont été tenu dans plusieurs établissements pour visibiliser la grève, puis à l’appel de la rencontre intergares, les cheminots en grève ont envahi le siège de la SNCF situé à Saint-Denis. Les cheminots, en grève pour une partie non négligeable le 4 et le 5, ont enchaîné sur les jours de grève perlée le 7 et le 8 juin.

Avant d’entamer les discussions, les cheminots ont défilé dans la Gare de Lyon en cortège, au son de slogans adaptés des chants de manif des étudiants, « Pépy nous fait la guerre et ses petits chefs aussi, mais on reste déters pour bloquer le pays », etc, avant d’envahir les voies, perturbant fortement le trafic. Ils étaient environ 250 à participer à la discussion, de différentes gares et dépôts de la Région Parisienne, Paris-Nord, Le Bourget, Technicentre Le Landy, Persan Beaumont, Châtillon, Paris-Est, Gare de Lyon, Saint-Lazare, Montparnasse, Austerlitz, Mantes la Jolie, ainsi qu’une délégation de cheminots de Limoges. Un travailleur de la RATP était présent, venu exprimer sa solidarité et partager son cas de répression anti-syndicale au sein de la RATP avec les cheminots grévistes.

L’unité, sur quelle base ?

À l’heure où l’UNSA et la CDFT multiplient les déclarations publiques sur leur sortie prochaine du conflit, où la CGT ne propose toujours rien d’autre que la grève perlée, qui après 28 jours de grève n’a permis d’obtenir aucune avancée, et où Sud Rail se borne à garder une unité syndicale à tout prix, une question centrale a été celle précisément de l’unité syndicale.

Sylvain, un des cheminots venu en délégation depuis Limoges a fortement polémiqué contre ceux qui défendaient l’idée de conserver le calendrier de l’intersyndicale pour ne pas rompre l’unité : « l’unité oui mais sur quelle base ? Sur la négociation ou sur le retrait pur et dur du pacte ? » Certes les taux sont encore forts, a-t-il souligné, « mais pas une seule virgule du texte n’a bougé ! » « Je préfère gagner dans la division que mourir dans l’unité syndicale » a conclu Anasse.
Après la réussite du changement de calendrier le 5, a-été réaffirmée les potentialités de cette stratégie. Karim, syndicaliste au Landy – technicentre de la région Paris-Nord – et Rachid du Technicentre Atlantique à Châtillon ont tous les deux insisté sur l’inefficacité de la grève perlée, et des effets désorganisateurs qu’avait la grève les jours non-prévus.

Des intergares se développent en province

À Toulon, Amiens, et de nombreuses villes la question du changement de calendrier se pose. Comme celle de se regrouper hors des cadres syndicaux et se coordonner à une échelle régionale. À Narbonne, Béziers et Perpignan s’est tenu une intergares qui a réuni 200 personnes, comme cela avait déjà été le cas dans l’Est regroupant des cheminots de Strasbourg et Mulhouse. Dans la région PACA, bastion de la grève où les taux de grévistes sont parmi les plus hauts et où la CGT a une forte influence, commence aussi à se discuter l’idée de sortir du calendrier déjà prévu.

Les cheminots ont voté une nouvelle rencontre intergares le 11 juin, avec l’idée d’appeler à une montée de cheminots de province, des délégations ont déjà prévu d’y assister.

Appel voté par les cheminots de l’intergares : pour gagner, augmentons le calendrier

Le 5 juin, le Pacte Ferroviaire a été voté au Sénat, la direction et le gouvernement pensent qu’avec la reprise partielle d’une dette qui n’est pas la nôtre et quelques amendements à la marge, les cheminots seraient satisfaits et arrêteront la grève. Pourtant depuis deux mois, la mobilisation des grévistes s’est construite autour d’une revendication : le retrait total sans amendements ni négociation du Pacte Ferroviaire. Les raisons de notre grève restent donc intactes et notre détermination reste inchangée et ce n’est pas la négociation d’une convention collective qui contrebalancera la fin du statut, l’ouverture à la concurrence et la privatisation.

De nombreuses Assemblées Générales, de région parisienne et de province, se sont prononcées pour un changement de calendrier après avoir fait le constat que la direction a réussi à s’organiser pour éviter un plus grand impact sur les circulations. Nous avons été nombreux à interpeller les directions syndicales à ce sujet mais l’inter-fédérale décide de rester sur le calendrier déjà prévu. 
Nous avions fait ce constat dans cette assemblée et avons tourné la semaine dernière dans les grandes gares parisiennes pour discuter et mobiliser les cheminots, notamment sur la date du 5, provoquant même une réunion de crise de la direction à l’évocation d’une sortie de calendrier.
Car partout, le constat reste le même : si l’on veut imposer un rapport de forces à même d’obtenir le retrait, si l’on veut prendre par surprise la direction et véritablement paralyser l’économie pour obliger ce gouvernement à reculer, il semble maintenant indispensable de bousculer ce calendrier.

Les organisations syndicales nous appellent à une nouvelle journée "sans train" et sans cheminots pour le mardi 12 juin. Bien entendu, il faut tout faire pour que la mobilisation soit massive ce jour mais une seule journée d’action forte ne suffira pas à faire céder Macron. Dans l’idée de bousculer le calendrier, nous appelons donc les cheminots à se mettre en grève dès le 11 juin, et de se réunir à nouveau dans une Rencontre Inter-gares Paris-Province ce jour là pour ensuite faire le lien avec la journée forte du 12 juin et la manifestation nationale du mercredi 13 juin.

Nous nous apprêtons à rejoindre une manifestation interprofessionnelle 
avec d’autres secteurs en lutte : postiers, salariés de Smovengo (Vélib), des catacombes, des lycéens et des étudiants, des retraités, etc. Nous menons tous un même combat contre l’offensive que les patrons et le gouvernement mènent de concert, et contre la régression sociale. Car nous pensons qu’un des moyens de mettre un coup d’arrêt à toutes ces attaques est d’unir nos forces.

Nous restons mobilisés et déterminés à faire plier le gouvernement. Continuons à généraliser la grève, à la rendre visible par le biais d’actions coup de poing et de piquets de grève sous une seule bannière : celle des cheminots !
Et pour cela, nous devons reprendre notre mouvement en main ! C’est aux grévistes de décider et personne ne nous ordonnera de reprendre le travail tant que nous n’aurons pas eu satisfaction !

Tous et toutes en grève et aux Assemblées Générales :

  •  11 juin : Journée de grève et manifestation "hors calendrier" et Rencontre Intergares Paris- Province
  •  12 juin : Journée "sans trains" et sans cheminots
  •  13 juin : Manifestation nationale à Paris 
  •  Et le 14 juin... on continue ?

    Prochaine Rencontre Intergares Paris-Province : lundi 11 juin à 14h30 à Paris Nord, au bout du quai 36.

    A travers cette motion, nous appelons également tous les cheminot(e)s qui partageraient ce constat à proposer et faire voter des motions similaires afin que la souveraineté des AG et les revendications qu’elle porte soient respectées. La grève appartient aux grévistes !


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