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Bientôt un nouveau Adama ?

Pour un ticket de train à 2 euros : un jeune noir étranglé par une « clé au cou »

Damien Bernard Un nouveau cas de violence raciste. Sans titre de transport, un mineur a été brutalisé par deux agents de la sureté SNCF (SUGE). Une vidéo partagée sur facebook montre cette scène de violence. On y voit deux agents de la sureté SNCF tenter d’immobiliser un jeune pour un ticket de train à 2 euros. Après la mort d’Adama Traoré, mort par asphyxie, tué par des gendarmes, c’est une nouvelle violence raciste qui aurait pu mal tourner.

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Il est 22h08, ce jeudi, sur le quai de la gare d’Ermont Eaubonne. Un jeune noir est contrôlé par des agents de la SNCF. Interviennent alors, cinq agents de la sureté SNCF (SUGE). Le premier l’étrangle par une « clé au cou » le second immobilise son bras. Trois autres agents semblent maintenir à distance des usagers qui pourraient bien se montrer solidaires.

L’asphyxie pour un ticket de train à 2 euros

La vidéo filmée par un usager a été partagé avec le post suivant : « Ce soir à 22h08, 8 septembre à la gare de Ermont Eaubonne, un jeune mineur je suppose sans titre de transport d’après ce qu’une agent de la RATP m’a dit. Adama traoré R.I.P est mort dans des conditions pareil comment des agents peuvent arriver à un tel point juste pour un titre de voyage... respectons l’humain avant de respecter la loi. A partager pour dénoncer cette situation ».

De nombreux partages adjoignent des réactions face à cette nouvelle violence raciste, répressions pourtant généralement le fait des forces de police, bras armé du gouvernement. « Moi qui m’amuse à jouer au chat à la souris avec eux quand je vais à Paris parce que j’ai la flemme de charger ma navigo bin je me dis que lui ça aurait pu être moi. », explique un post.

Bientôt un nouvel Adama Traoré ?

D’autres font le lien direct avec la violence raciste vécue quotidiennement dans les quartiers, cette fois-ci filmé sur le vif : « Pour un ticket de 2 euros vous allez enlever une vie ? Ah oui c’est vrai c’est un noir suis-je bête ». « Cela s’est passé hier d’après ce qu’on m’a dit le petit frère a été brutalisé à cause d’un ticket à 2 euros bref vous allez encore me dire que nous sommes tous égaux sur cette planète », explique un post. « Marre que l’on nous traite ainsi », affirme un autre partage.

Certains font directement référence à Adama Traoré, mort par asphyxie, tué par des gendarmes, fin juillet dernier. « Étranglement + clés des cervicales, voilà comment on peut mourir d’insuffisance respiratoire ou d’une crise cardiaque accidentelles ». Des commentaires confirment le rapprochement. « Effectivement Adama est mort dans ces conditions », répond un commentaire. « L’histoire avec Adama n’a pas servi de leçon », explique un autre.

La « clé au cou » : une technique d’immobilisation de la police

A y voir de plus près, la technique utilisée par les deux agents de la sureté SNCF ne correspond pas exactement au « plaquage ventral » qui asphyxié Adama Traoré. « La ’clé au cou’, comme nous l’appelons chez nous, est une technique d’immobilisation utilisée lors d’interpellations difficiles. Elle est enseignée à l’école des policiers, est autorisée et pratiquée » expliquait dans une interview un policier du syndicat Unsa-police.

« Quand la personne que vous devez immobiliser vous tourne le dos, vous passez votre bras gauche autour de son coup et calez sa tête dans votre coude. Là, votre main droite rejoint votre main gauche et vous exercez une pression. La tête de la personne, en arrière, est alors en état d’extension », ajoutait-il. « Avec cette technique, cette personne a du mal à respirer, donc elle se calme », concluait-il.

C’est cette technique qui, le 9 mai 2008, a provoqué la mort par asphyxie d’Abdelhakim Ajimi, un jeune de 22 ans, pendant son transfert au commissariat de Grasse après avoir été interpellé. Déjà à l’époque, l’impunité policière était largement de mise même s’il fallait y mettre plus de formes. Les trois policiers meurtriers du jeune homme avaient au moins été condamnés pour la forme pour « homicide involontaire » entre 2 à 4 ans de prison avec sursis. Aujourd’hui, ce sont carrément des non lieux qui sont prononcé, comme pour le cas d’Hocine Bouras, tué par un gendarme.

Sureté SNCF : prévention ou répression ? La direction de SNCF, et derrière lui le gouvernement, choisissent la répression !

Alors que le monopole de répression des jeunes des quartiers était pour le moins réservé aux forces de police, bras armé du gouvernement, ce sont cette fois-ci deux agents de la sureté SNCF qui ont été pris en flagrant délit de « clé au cou ». « Prévenir, conseiller, protéger et intervenir » sont pourtant censé être les quatre missions présentées dans la fiche de poste des agents de la sureté ferroviaire. En aucun cas, la connaissance de la « clé au cou » semblait être un prérequis au poste !

Pourtant, notamment, depuis le 21 août 2015, et l’attentat « déjoué » dans le train Thalys reliant Amsterdam à Paris, le président de la SNCF avait annoncé alors le renforcement des patrouilles dans les trains. La SUGE avait vu dans ce contexte de lutte antiterroriste ses pouvoirs largement augmentés, avec fouilles de bagages, palpations, etc. Dans le même contexte de « lutte antiterroriste », Valls a exigé d’augmenter les effectifs de la SUGE de 500 agents.

Il semble ainsi que le gouvernement, et la direction de la SNCF usent de l’état d’urgence pour transformer la sureté SNCF, comme un auxiliaire aux forces de polices. La dernière loi qui leur autorise le port d’arme en civil en est une des expressions. Nouvelle milice privée à l’image de celle mise en place à la RATP où agents et policiers collaborent étroitement pour mener la chasse au Rroms, aux clochards et aux réfugiés avec les techniques d’intimidation et de harcèlement ? Cela y ressemble bien. Mais, cela n’est pas inéluctable, d’autant qu’une partie non négligeable des agents de la SUGE sont souvent solidaires des mouvements de grève cheminots, et s’identifient à eux.

Une discussion semble nécessaire pour définir le rôle et les fonctions de la SUGE. Des attributions comme le port d’arme doivent pouvoir être remis en question par les cheminots et les populations qui subissent au quotidien ce que ce jeune homme a subit à la gare d’Ermont Eaubonne. Cette discussion doit être menée au sein des organisations syndicales de cheminots, mais en partant du vécu et des témoignages des personnes qui subissent l’arbitraire et le contrôle aux faciès au quotidien, comme nous pouvons le voir dans les commentaires sur les réseaux sociaux que nous avons relayé.

Un combat à mener plus généralement contre les violences racistes et le racisme d’Etat

Après cette agression raciste, de nombreux commentaires sur facebook ont exprimé le lien qui pouvait être fait entre la violence quotidienne et structurelle, qu’elle soit policière, ou sociale avec le chômage de masse, que subit notamment la jeunesse des quartiers populaires. Avec son état d’urgence et son tournant sécuritaire, le gouvernement tente de transformer la sureté SNCF en une succursale de ses forces de polices. Lutter contre ce tournant sécuritaire et droitier est une nécessité pour que la SUGE ne se transforme pas en force auxiliaire à la police !

Mais pour s’opposer plus généralement au racisme structurel à cet Etat raciste, il s’agit d’opposer un vaste mouvement contre ce gouvernement et sa police qui tente diviser nos rangs. Ainsi, le mouvement ouvrier organisé et l’extrême gauche, mais aussi toutes celles et ceux qui refusent la stigmatisation des personnes racisées et la division de notre classe et de la jeunesse, doivent porter un combat contre les violences policières, contre ce racisme d’Etat. En ce sens, la famille Traore invite à partager un repas pour remercier du soutien de la population et àcontinuer la mobilisation, le combat. #justicepourAdama


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