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Répression et Extrême-Droite

Pourquoi les policiers votent-ils RN ?

Les forces de l’ordre depuis plusieurs années votent massivement pour la formation d’extrême droite. Explorons ici les raisons de ce soutien massif.

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À l’occasion de l’élection présidentielle de 2017, l’IFOP avait réalisé un sondage qui rapportait que 51% des gendarmes allaient voter pour Marine le Pen. Ce chiffre allait dans le même sens d’un ensemble d’autres sondages qui indiquaient la tendance à l’extrême droite dans la police et dans l’armée mais aussi que cette tendance s’accentuait et ce plus fortement que dans le reste de la société.

Comme le montre le syndicat France-Police qui a gagné en renommée à la suite des manifestations de policiers l’an dernier, le discours réactionnaire semble bien ancré chez les forces de l’ordre. Une première raison tient dans la fonction : « force de l’ordre », il s’agit du bras armé de l’Etat dans le travail de répression des classes dominées afin de maintenir l’ordre en place. Effectuer ce travail demande ainsi non seulement une prédisposition aux idées réactionnaires destinées à maintenir la domination de la bourgeoisie et les oppressions qu’elle engendre, mais surtout elle contribue à forger ces mêmes idées chez ces individus. La fonction sociale détermine la conscience.

Le Rassemblement National, du fait de ses positions racistes et sexistes, mais aussi économiques, ne propose rien d’autre qu’un maintien du système actuel par un mélange de rhétorique et de moyens nouveaux. Une chose est ainsi sûre, les politiques néolibérales continuent d’être appliquées dans les pays érigés en "modèles" par Marine le Pen, de la Hongrie à l’Italie, où populisme rime avec néolibéralisme, démontrant toute l’étendue du programme anti-populaire - et donc anti-Gilets jaunes en dernière instance - de l’extrême-droite.

Un autre paramètre à prendre en compte si on veut comprendre le succès du RN dans les rangs des forces de répression est le soutien indéfectible que Marine le Pen et les autres dirigeants frontistes leur ont montré. Qu’il s’agisse des grèves de maton, des manifestations de nuit ou d’interventions télévisées en défense des policiers responsables de « l’affaire Théo », le RN a toujours défendu les policiers et gendarmes et s’est fait l’écho des tendances les plus réactionnaires en leur sein, comme le montre la proximité avec le syndicat France Police-policier en Colère qui a émergé à l’occasion des manifestations nocturnes de policiers de l’an dernier. En effet, un certains nombre des cadres du syndicat s’avèrent avoir figuré sur des listes électorales FN. Cette défense et cette surenchère permettent ainsi au FN de s’affirmer un peu plus comme le parti capable de maintenir l’ordre et de soutenir les policiers dans leur besogne, les soutenant contre les Gilets Jaunes qui manifestent chaque samedi depuis six mois.

Un dernier facteur qui accentue et alimente les deux tendances précédentes vient de l’augmentation continuelle des niveaux de répression depuis le début des années 2010 et le recours accru à la militarisation de l’ordre public, devenu un trait "normal" de l’espace public, conférant aux forces de l’ordre un rôle politique considérable.

Que cela soit contre les migrants à Calais, ou bien pour déloger les ZAD de Notre Dame Des Landes, de Sivens, ou bien face aux manifestants contre la loi travail en 2016, les forces de répressions ont assumé un affrontement toujours plus violent et militarisé qui a trouvé son paroxysme dans la répression du mouvement des gilets jaunes. Ces affrontements conduisent à une radicalisation des policiers et gendarmes toujours plus en faveur de l’ordre qu’ils se chargent de défendre d’une part, excités par la rhétorique belliqueuse non seulement du RN, mais du gouvernement, contre les Gilets Jaunes qualifiés d’ "extrêmistes"

Il en résulte un lien concret entre le RN et la police. Le RN défend l’ordre établi et l’impunité de son bras armé tandis que celui-ci trouve dans le RN un parti qui exalte des valeurs de maintien de l’ordre, de répression et de racisme. Il en résulte concrètement que les policiers et gendarmes soutiennent massivement le RN car ce parti est un ennemi politique des mouvements sociaux (comme les gilets jaunes) qu’ils combattent dans la rue. Un rapport entre le RN et la police qui expose ainsi une limite à la doctrine du « tout sauf Macron ». L’ennemi de mon ennemi n’est pas toujours mon « ami ».

Crédits photo : © Zakaria Abdelkafi Source : AFP


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