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Le Pen huée à Rungis

« Poutou ! Poutou ! » L’immunité ouvrière contre le Front National

En visite au marché de Rungis mardi matin, la candidate du Front National a été accueillie par des huées et au son de « Poutou ! Poutou ». En dépit de son vernis social, les travailleurs ne sont pas dupes : l'extrême-droite est leur pire ennemi.

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Afin de draguer l’électorat ouvrier, Marine Le Pen s’est rendue mardi matin à Rungis pour rencontrer « la France qui se lève tôt ». En effet, depuis le résultat du premier scrutin, le Front National joue la carte du parti des classes populaires, tentant de s’opposer sur ce terrain aux attaques ultra-libérales que promet Emmanuel Macron.

Mais l’accueil que lui a réservé une partie des travailleurs sur place prouve qu’ils ne sont pas dupes. Au cours de sa visite, la candidate d’extrême-droite a été la cible de jets de tomates, de huées et de slogans : « Scandale ! », « Poutou ! Poutou ! »… Preuve s’il en faut que les souvenirs du « Grand débat » sont encore vifs dans les esprits. En ce soir du 4 avril, le candidat ouvrier et anticapitaliste avait fait la brillante démonstration que la classe ouvrière est un sujet social à part entière, et que lorsque les travailleurs relèvent la tête et font le choix conscient de lutter pour une société plus juste, ils sont aussi le meilleur rempart contre l’extrême-droite.

En s’invitant dans la grande mascarade des présidentielles, le candidat du NPA a fait voler en éclat le pacte de non-agression tacite entre les représentants de la caste politicienne corrompue. En quelques phrases, il a su exprimer la colère légitime d’une immense majorité des travailleurs et de la jeunesse. «  Je souhaite exprimer cette colère d’en bas […] contre les politiciens corrompus, il y en a qui se reconnaîtront ici, dans la salle qui sont autour des pupitres  ». Celui qui avait été la cible de mépris quelques jours auparavant sur le plateau d’On n’est pas couché s’est alors retrouvé dans le rôle de l’impertinent. Il a été celui qui a dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas, et qui refuse de jouer le jeu, de faire semblant, alors même qu’il s’agissait d’un « débat » autour de la « moralisation de la vie publique » en pleine succession d’affaires de corruption. Et Marine Le Pen n’a pas été épargnée, cette soirée-là : « Ensuite il y a aussi Mme Le Pen qui pique dans les caisses publiques. Pour quelqu’un d’anti-européen, ça ne la gêne pas de piquer dans les caisses de l’Europe ». Et alors qu’elle tentait de se défendre en déclarant que pour une fois, il n’était pas contre la police, Philippe Poutou a opposé à l’immunité parlementaire l’absence d’immunité ouvrière :

« Nous quand on est convoqués, on y va, on n’a pas d’immunité ouvrière »

Rappelant ainsi en quelques mots que le Front National est loin d’être un parti anti-système, qu’il est aussi corrompu que les autres, et qu’il s’agit du pire ennemi des travailleurs, il a fait mieux que des décennies de politiques d’austérité et de front républicain pour démasquer le FN. FN qui, au même titre que partis traditionnels, échappe à une justice de classe qui ne sert que ceux qui dirigent la société. Les classes dominantes ont alors tôt fait de montrer les dents, par le biais d’éditos méprisants et de déclarations acerbes, prenant conscience de tout le potentiel subversif d’une telle candidature. Mais dans les lieux de travail, d’étude, la sympathie à l’égard de Philippe Poutou s’est démultipliée, ses punchlines ayant trouvé un écho tout particulier auprès de la jeunesse et des ouvriers.

C’est pourquoi à Rungis, ce mardi matin, certains travailleurs ont scandé le nom de Poutou plutôt qu’un autre, rappelant par là-même que Marine Le Pen n’est pas la candidate des classes populaires, et que les ouvriers peuvent se penser comme sujet politique, tout en refusant son projet xénophobe et souverainiste. Mais que pour cela, il n’y a nul besoin d’appeler à un front républicain, afin de faire barrage au FN avec ceux-là même qui ont favorisé son ascension par le biais de décennies de politiques d’austérité et de réformes ultra-libérales.

Ainsi, l’écho que la candidature de Philippe Poutou a su trouver en se servant de la tribune médiatique qui nous était pour une fois rendue accessible, et ce alors que le premier tour est passé, continue de hanter la candidate du Front National. Elle qui, d’ailleurs, n’a pu répondre autre chose que « bah... y a un mec qui vote Poutou quoi. Et comme d’habitude, il crie plus fort que les autres », dans la lignée de sa nièce, qui avait attaqué le candidat du NPA sur le t-shirt qu’il portait au débat, révélant ainsi le mépris qu’elle porte aux travailleurs.

Montrons à cette caste politicienne qu’elle ne nous représente pas et que nous refusons le racisme et le souverainisme tout autant que l’ultra-libéralisme, en sortant nombreuses et nombreux dans la rue ce 1er mai.

crédits photo : Johanna LEGUERRE/AFP


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