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Des contradictions ?

Présidentielles. Quand Mélenchon fait du pied au candidat du capitalisme vert

Au micro de BFMTV, Jean-Luc Mélenchon a annoncé qu’il serait prêt à faire entrer Yannick Jadot (EELV) dans son gouvernement s’il était élu président. Ce faisant, le candidat de la France Insoumise tente de s’imposer comme candidat hégémonique de la « gauche » au sens le plus large, quitte à donner des gages aux partisans d’un capitalisme vert qu’il prétend combattre.

Gabriella Manouchki

31 mai 2021

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Photo : Caprure d’écran vidéo de BFMTV

« Si je suis président de la République, je pense que monsieur Jadot pourra entrer dans les gouvernements que nous ferons »

Interrogé sur les dynamiques d’une potentielle « union de la gauche » pour les élections présidentielles au micro de BFMTV, Jean-Luc Mélenchon poursuit son opération de communication visant à le faire apparaître « au-dessus de la mêlée » vis-à-vis des discussions en cours entre les partis de la gauche institutionnelle. Commençant par dénoncer « l’amateurisme » des partis qui se sont d’abord alliés en excluant la FI (EELV-PS-PCF-Génaration·s) puis divisés pour les régionales dans le PACA, et précisant ne pas chercher à « faire carrière », Mélenchon tente de s’imposer comme l’option raisonnable qui pourrait mettre toute la gauche d’accord pour les présidentielles - et ce dans son acceptation la plus large.

Le candidat de la FI va alors jusqu’à faire un pas important vers le député européen EELV Yannick Jadot en annonçant : « Pour être clair, si je suis président de la République, je pense que monsieur Jadot pourra entrer dans les gouvernements que nous ferons. Mais si c’est lui qui est président de la République, je n’irai pas, parce que les bases ne sont pas les mêmes ».

Par cette opération de communication, Mélenchon cherche à dépeindre une « cohérence politique » du projet de la FI, qui ne s’adapterait pas à celui du « capitalisme vert » défendu par Jadot mais serait néanmoins prêt à faire des concessions tactiques pour faire entendre raison au favori d’EELV et l’inciter à se ranger derrière lui pour les présidentielles. Si la démarche peut sembler sincère, elle n’en est pas moins contradictoire d’un point de vue politique et révèle de ce fait les limites du projet de la FI.

Une « cohérence de la politique » ? Vraiment ?

En effet, si la FI cherche à canaliser la colère dans les urnes à travers une rhétorique dite "radicale", EELV ne représente pas même dans les mots une quelconque alternative. Bien au contraire : derrière une façade de défense d’une écologie « ni de droite ni de gauche » visant à capter le vote urbain Macron-compatible lors des dernières municipales, EELV n’est autre que le parti de celui qui défendait à l’université du MEDEF un « capitalisme européen » face aux « modèles chinois et américain » et qui manifestait le 29 mai dernier au coté des forces de répression. Soucieux de donner des gages au grand patronat, le parti néo-libéral de Jadot ne défend ni de prêt ni de loin les aspirations sociales qui grandissent sous l’effet de la crise sanitaire et économique. Or, celles-ci sont le moteur du vote LFI, bien que le parti de Mélenchon propose une stratégie institutionnelle sans issue pour le monde du travail.

Ainsi, plus que d’un appel du pied à l’appareil d’EELV qui semble jusqu’ici peu disposé à se ranger derrière la FI, la proposition de Mélenchon s’adresse à toute une frange de la bourgeoisie libérale sensible à la question de l’écologie ainsi qu’à une partie de la jeunesse qui voit encore dans EELV une issue possible à la crise climatique, leur présentant des gages de sa « bonne foi politique » par opposition à l’opportunisme qui serait l’apanage des autres partis de la gauche institutionnelle.

Mais, ce faisant, Mélenchon démontre que, contrairement à ce qu’il avance, c’est bien son accession à la présidence qui demeure la priorité, quitte à gouverner main dans la main avec un parti néolibéral qui défend des intérêts opposés à ceux des travailleurs et de la jeunesse. Dans la continuité de sa sortie du premier mai dernier, Mélenchon marche sur le fil de l’union de la gauche, cherchant à inspirer celles et ceux qui souhaitent une véritable transformation sociale sans jamais cesser de tendre la main aux forces les plus adaptées au régime de la Vè République pour un accord électoral, si tant est qu’il puisse en être la figure de proue.


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