Alors que le Parti Socialiste est électoralement pris entre deux feux, celui de Macron et celui de Mélenchon, la primaire de la Belle Alliance Populaire a donc désormais ses candidats. Entre Mélenchon qui cherche à attirer à lui le « peuple de gauche » ouvrier qui a rompu avec le PS et Hollande à cause de la loi travail et la déchéance de nationalité, Macron, quant à lui, attaque vertement un bilan économique qu’il a largement construit, pour proposer d’aller encore plus loin dans les réformes rétrogrades pour le monde ouvrier.
Entre ces deux « ailes » de la gauche, un corps mou qui doit aujourd’hui se trouver une tête : tout l’enjeu de ces primaires est bien de savoir qui pourra être le futur représentant du PS. Parmi les neuf, quatre sont d’anciens ministres d’Hollande, trois autres sont issus des partis à la remorque du PS et deux sont des apparatchiks du parti de la rue de Solferino. Une jolie bande de politiciens professionnels qui va maintenant tenter de tracer des lignes de démarcations qui délimiteront (du moins le souhaitent-ils) les lignes de fracture dans l’électorat de gauche qu’ils cherchent tous paradoxalement à « rassembler ».
Trois candidats semblent cependant particulièrement bien partis : Manuel Valls, ex-premier ministre d’Hollande, censé incarner la ligne la plus « à droite » du partie, ligne qu’il cherche cependant à gommer, dans le plus grand ridicule, en proposant de supprimer l’article de la constitution qu’il préfère, le 49.3 . Face à lui, une myriade de candidat qui cherche à canaliser les voix de la « gauche » du parti, dont un seul commence à émerger, et qui se rêverait être le « Fillon de la primaire socialiste ». Benoît Hamon, ex-ministre de l’économie sociale et solidaire puis de l’éducation nationale sous Hollande, ex-bureaucrate de l’UNEF, cherche à incarner une gauche du parti, pour plus d’éducation et un « revenu universel ». Il a, en quelque sorte, réussi pour l’instant à passer au dessus de Montebourg et Filoche, qui cherchent à surfer sur la même vague que lui. Au milieu de cela, la grande surprise de la semaine, l’ex-ministre de l’éducation lui aussi, qu’on ne pensait plus voir pour de telles échéances, mais que le désistement d’Hollande a inspiré. Vincent Peillon cherche à incarner une sorte de synthèse aubryste entre ces deux ailes, lui qui avait été porte parole de Royal en 2007.
In fine, quel que soit le vainqueur, l’objectif est le même : il s’agit avant tout d’éviter une pasokisation du PS qui relèguerait l’appareil dans les bas-fonds de la politique. Cette éventualité d’une destruction pure et simple du parti hante un peu tous les esprits, et il va s’agir maintenant pour tous les candidats de trouver l’équilibre pour réussir à incarner la stabilité du PS et non son éclatement. Car derrière cette primaire se cache davantage la capacité du PS à exister et survivre, que la nécessité de désigner un candidat aux présidentielles. De cette capacité dépendra la stabilité (aujourd’hui très fragile) du régime politique de la Vème République, qui s’est notamment fondé sur un bipartisme très fermé qui assurait aux classes dominantes une stabilité politique qu’elles n’ont plus aujourd’hui.
