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Les médias au service du pouvoir

Un lycéen brutalement réprimée. Les manipulations médiatiques

Metronews et 20 minutes ont jeté le flou dès la fin de l'après-midi sur l'affaire du lycéen de Bergson, dans le XIXème arrondissement de Paris, violemment frappé par des CRS. TF1 n'a pas hésité ensuite à en faire l'ouverture de son 20 heures. Renversant effrontément les rôles, c'est le jeune de 15 ans qui aurait été violent envers deux CRS. De là à dire qu'il aurait mérité la suite de son châtiment il n'y a qu'un pas. Nul besoin de le franchir cependant, la suggestion suffit. Une scandaleuse tentative de rallier l'opinion de tout un chacun contre les manifestants, à l'heure où la mobilisation se construit en vue de la prochaine échéance du 31 mars. Camilla Ernst

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Le procédé est des plus classiques. Alors que la colère gronde, et que, même si les manifestants étaient légèrement moins nombreux dans les rues ce 24 mars pour dénoncer le projet de loi travail, la radicalité des cortèges était forte, la violente répression mise en place par le gouvernement ne lui suffit pas. Il faut y ajouter le désaveu de ceux qui osent lutter dans la rue pour la sauvegarde de leurs droits.

C’est ainsi que, malgré la preuve en image de l’interpellation musclée du jeune lycéen, on a voulu nous faire croire que c’était lui, dans l’histoire, qui avait été violent. Il aurait blessé deux policiers avant d’être placé en garde à vue, selon les trois médias sus-cités. La vidéo qui tourne sur internet est pourtant formelle. On y voit deux CRS retenir fermement le lycéen en question, et un troisième lui asséner un violent coup de poing qui l’envoie à terre, sans autre forme de procès. Et Libération comme France TV info ont révélé qu’il s’agissait d’un élève de seconde de 15 ans, qui raconte qu’il ne faisait que « [lancer] des œufs et de la farine » avant la scène, et qu’après lui avoir passé les menottes et menacé de l’emmener au commissariat, les flics l’ont relâché.

Ce qui se joue-là, c’est une tentative de division du mouvement, par la bouche de médias dominants, loin d’être indépendants de l’Etat, que se partagent quelques grands industriels copains comme cochons avec les membres du gouvernement. C’est tenter de retourner une situation bien désavantageuse pour les « forces de l’ordre » qui apparaissent désormais à la masse ouvertement pour ce qu’ils sont : une force de répression. D’un côté, une division interne du mouvement, en créant des dissensions entre les « gentils manifestants » et les « casseurs », les « violents » qui saboteraient l’action. De l’autre, un discrédit vers l’extérieur, en faisant passer auprès de l’opinion publique, l’ensemble des manifestants pour des voyous, afin de freiner toute solidarité et par là même de casser toute dynamique de construction du mouvement quand son amplification est de mise pour créer le rapport de force qui mènerait à la victoire.

Dans la même logique, les déclarations d’un Cazeneuve qui se dit « choqué » par les images des flics tabassant le lycéen oscillent entre esbroufe et hypocrisie, quand, dans le même temps, il dénonce sur le même plan les « débordements graves » qui ont eu lieu pendant les manifestations. De même, quand il demande au préfet de police de Paris de saisir l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) pour mener l’enquête. Quand on sait que dans plus de 90% des cas les faits de violences policières ne donnent lieu à aucune sanction, on ne se fait aucune illusion quant à l’issue de cette enquête.

De quel côté se situe la violence, quand un gouvernement voudrait mettre en place un projet de loi qui constitue une attaque sans précédent contre les droits des travailleurs ? Quand la répression par une police à la solde du gouvernement s’abat dans toutes les villes de France contre ceux qui protestent ? Le tout sous couvert d’un état d’urgence qui ne sert à rien sinon à justifier la promulgation de lois liberticides et racistes, dans un tournant tout-sécuritaire qui nous a prouvé sa complète faillite il y a deux jours. Face à la désinformation diffusée par des médias au service du pouvoir, l’heure est à l’indépendance d’esprit et la solidarité de classe pour contrer ceux qui voudraient nous diviser.


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