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Retour de Maréchal Le Pen, main tendue de Louis Alliot…

Quand l’extrême-droite tente l’OPA chez les Républicains

Après l’effondrement des Républicains aux élections européennes, il y a des départs – celui de Laurent Wauquiez de la présidence LR et plus fraîchement de Pécresse – mais aussi des retours : Marion Maréchal – Le Pen s’est invitée cette semaine sur tous les plateaux pour vanter son projet d’une « grande coalition » de la « droite populaire » et du RN. Un projet encouragé par plusieurs années de « droite décomplexée »…

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Le rêve de Maréchal – Le Pen d’une « grande coalition » entre la « droite populaire » et le RN

Lundi 3 juin, quelques heures avant que Laurent Wauquiez n’indique sa démission->https://www.revolutionpermanente.fr/Pris-en-etau-entre-LREM-et-le-RN-Laurent-Wauquiez-demissionne] de la présidence des Républicains au 20 heures de TF1, Marion Maréchal Le Pen, partisane d’une « grande coalition » entre la « droite populaire » et le RN faisait son grand retour médiatique sur France Inter. Nulle coïncidence…

Partie lors de la campagne de 2017, alors en opposition avec la ligne « populiste » incarnée par sa tante et Florian Philippot, l’ancienne députée du Vaucluse a choisi de sortir de sa retraite politique pour faire son coming-back médiatique. Les résultats des européennes et le déplacement d’une partie de l’électorat des Républicains, dont les résultats sont tombés à 8% des voix, vers le Rassemblement National, lui ont donné des ailes. L’effondrement électoral des Républicains ouvre un boulevard à son projet de créer une « grande coalition » allant de la « droite populaire » au Rassemblement National.

Pas question d’un « duel » entre Marion Maréchal – Le Pen et sa tante, Marine Le Pen, explique-t-elle sur BFM. En effet, ces deux visions pourraient s’ajuster et coïncider avec son ambition de « mettre dans un même horizon à la fois les classes populaires de la France périphérique, les classes moyennes et la droite bourgeoise conservatrice » comme elle l’expliquait en mars 2017, quelques mois avant sa sortie provisoire de la vie politique, au site d’information d’extrême-droite Atlantico.

Face à la ligne plus « populiste » de sa tante, Marion Maréchal-Le Pen incarne de manière plus assumée le canal « historique » de l’extrême-droite française, celle des « origines » pétainiste et poujadiste, celle du Front National de Jean-Marie Le Pen des années 1980. Maréchal-le Pen est résolument libérale économiquement et conservatrice socialement. Elle s’affirme sur des thèmes qui, s’ils font accord avec Marine Le Pen, ne sont pas abordés ou mis en avant par l’actuelle présidente du Rassemblement National : le déremboursement de l’IVG, la remise en cause du « mariage pour Tous », l’opposition à l’augmentation du salaire minimum, la remise en cause du droit syndical et du travail… Quant aux traits communs clairement assumés c’est, en premier lieu, une ligne résolument xénophobe et, en second lieu, l’opposition à Macron. qui se décline, toutefois, sous la forme d’un supposé « antilibéralisme » dans la ligne Le Pen, tandis qu’il apparaît plus proprement comme un « anti-progressisme » pour la ligne Maréchal- le Pen.

La création de « l’Alliance pour la France » par Samuel Maréchal pour capter les cadres LR

Comme elle l’affirme elle-même, loin d’être un obstacle au développement du Rassemblement National, la démarche entreprise par Marion Maréchal le Pen lui est complémentaire. Son retour médiatique est concomitant au lancement de « l’Alliance pour la France » par son père, Samuel Maréchal. Cette association, qui se défend d’être un parti politique, vise à fédérer toutes les droites en vue des prochaines échéances électorales, les élections municipales de 2020, potentielle passerelle des élus LR quittant le navire vers le Rassemblement National. En effet, après le maire de Quimper, des maires de région parisienne, comme à Saint-Cloud ou Chaville, ont déjà décidé de quitter le parti et l’étiquette LR pour les prochaines élections municipales, ouvrant ainsi la possibilité de rapprochement avec le Rassemblement National.

« Elus et militants de droite doivent accepter la main tendue du RN »
Cet objectif est partagé parmi la direction du RN. Dans l’Opinion, le député RN et candidat aux élections municipales de Perpignan, Louis Alliot appelle à des « ententes » locales entre la droite et son parti pour les municipales de 2020. Il intime aux « élus et militants de droite [d’] accepter la main tendue du RN », afin de constituer un bloc contre LREM. « Il est temps de sortir des postures qui ont condamné la droite et tous les patriotes. C’est le piège de François Mitterrand qui a permis au Parti socialiste de se maintenir au pouvoir puis à Emmanuel Macron d’y accéder, faisant de lui un Président sans réel soutien d’une majorité de l’opinion publique » ajoute-t-il en pointant du doigt les divisions de la droite.
On ne sait pas encore si ces invites vont être prises au mot par les militants et élus républicains dont le parti continue de profiter d’un large maillage et ancrage local dont le Rassemblement National est totalement dépourvu. Mais la crainte de voir advenir, lors des municipales, la même débâcle électorale qu’ont connue les Républicains en 2017 et aux Européennes va peser et pourrait faire franchir le pas à certains élus LR.

Des alliances LR-RN aux municipales ?

En 2017, l’arrivée en tête de la République en Marche de Macron aux présidentielles avait siphonné le Parti Socialiste. Avec les élections européennes de 2019, c’est la droite Républicaine qui se voit prise en étau entre l’extrême droite du Rassemblement National et le parti présidentiel.

La partie la plus conservatrice de l’électorat LR a commencé à se retrancher dans un vote RN anti-Macron, là où l’électorat de droite libérale, socialement « progressiste », a préféré soutenir le parti présidentielle. La préparation des élections municipales de 2020 va très certainement aggraver la crise qui traverse les Républicains. Ni le RN, ni LREM, n’ont de réel ancrage local, contrairement aux Républicains. D’où l’appel du pied lancé par Louis Alliot ce mercredi. En parallèle, il est probable que, pour empêcher une déconfiture électorale et conserver leurs mandats, des élus LR, soient dépendants d’alliances électorales… avec LREM, ou l’extrême-droite du RN, selon les configurations locales.

Au lendemain des Européennes, les reconfigurations politiques s’accélèrent. Il y a seulement 17 ans, en 2002, la droite menée par Chirac à l’époque, constituait hypocritement le rempart du « front républicain » face à Jean-Marie Le Pen arrivé au second tour des élections présidentielles. A force de reprendre les thèmes de l’extrême-droite, voilà aujourd’hui la « droite républicaine » d’un côté, noyautée par LREM, et de l’autre, menacée d’OPA par l’extrême-droite. La préparation des municipales risque d’achever les Républicains… et de faire sauter de nouvelles digues dans les alliances entre la droite traditionnelle et l’extrême-droite à laquelle, il y a moins de 20 ans, elle prétendait faire barrage.


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