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Edito

Quand Le Figaro s’étonne de « la surprenante modération » des syndicats dans le « pays de la lutte des classes »

Pour Le Figaro, l’arrogance est un plat qui se mange froid. Dans son journal daté au soir du 6 mai, le journal récidive une nouvelle fois ses attaques contre les syndicats, notamment contre « la CGT et ses gros bras ». Après la brusque agonie de son candidat Fillon, Le Figaro se gargarise de nouveau.

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On se rappelle qu’après avoir raillé « la lente agonie de l’extrême gauche française », certes en difficulté dans la recherche de signature, le retour de boomerang avait été fatal pour le Figaro. Aussi bien le NPA, que Lutte Ouvrière ont finalement réussi à se présenter à l’élection présidentielle malgré l’enchevêtrement des règles les plus anti-démocratiques. Malgré une difficulté particulière pour le NPA, la bataille démocratique et politique pour que Poutou en soit a été gagnée, pendant que Fillon, le candidat soutenu par Le Figaro, finissait par s’effondrer… Amer après l’épisode de l’immunité ouvrière, le journal de droite avait radicalement changé de ton et faisait ressortir le très réactionnaire Eric Zemmour pour fustiger le seul candidat ouvrier à l’élection présidentielle.

Après l’élection de Macron, et malgré la crise qui ne cesse de poindre chez LR, le Figaro se sent une nouvelle fois pousser des ailes. « Va-t-on, pour la première fois au pays de la lutte des classes, lancer une réforme importante sans provoquer de drame national ?  », commence l’éditorial. Mais pour ne pas être trop affirmatif, le journal prend cette fois-ci ses précautions. « L’affaire est certes encore loin d’être entendue, et tout peut encore se gâter ». Avant de continuer, « on ne rêve pas : alors que le premier ministre vient de remettre aux syndicats un projet de refonte de droit du travail - par ordonnances, s’il vous plaît ! -, tous font preuve d’une surprenante et inédite modération  ». Et ce n’est malheureusement pas sur des « alternatives facts » que Le Figaro ancre son éditorial.

Il surenchéri par la suite : « Point de cris de guerre à l’évocation d’un encadrement des indemnités prud’homales. Point d’appels à la mobilisation contre la primauté des accords de branche ou d’entreprise sur la loi. Point de menaces contre le projet de fusion des instances du personnel…  » Un « miracle » que Le Figaro voue « à une méthode efficace, qui tranche avec l’improvisation et l’amateurisme du dernier quinquennat. » Affirmant par la suite qu’à l’inverse de Hollande, le projet de réforme a été expliqué et défendu durant la campagne présidentielle, oubliant pourtant que Macron a été élu par défaut. Sa réussite serait liée à la méthode, celle d’un « dialogue social » réalisé d’une main de maître avec ses « 48 réunions programmées d’ici à la fin juillet ».

Après avoir soutenu la droite dure et néo-libérale de Fillon qui ne se cachait pas derrière son programme, le Figaro finit par revendiquer… la méthode Macron de la concertation ! Une concertation que Macron et son gouvernement veulent intense du 9 juin au 21 juillet sur les trois thèmes qui seront au cœur des ordonnances – « la bonne articulation des niveaux de négociation », « la simplification et le renforcement du dialogue économique et social et de ses acteurs », « la sécurisation des relations du travail ». Cette concertation intense sur un temps long, plus de trois mois sur le papier, les syndicats l’ont accueilli avec satisfaction. Une formule qui sied parfaitement à la CFDT, a mis du baume au cœur de Force ouvrière, mais plus étonnant encore a semblé être une « bonne nouvelle » pour la CGT.

Ainsi la stratégie de Macron, ne pas en dire trop sur une loi Travail XXL, tout en affichant une concertation « exemplaire », pour ne pas créer d’étincelle avant la législative, semble en passe de fonctionner tant la posture des syndicats, notamment de Martinez est attentiste. Dès lors le fait de jouer carte sur table avec une réforme « abstraite » mais annoncée avant les législatives, avec une victoire écrasante, lui donnerait toute légitimité pour passer par ordonnance. Ainsi, c’est sur cette base que le Figaro ajoute qu’avec l’entrée « en masse de La République en marche à l’Assemblée  », « la CGT et ses gros bras ont beau être capables de tout, il sera alors difficile de contester dans la rue ce qui a été validé par les urnes  ».

Pourtant, les fuites d’abord dans le Parisien, et plus encore dans Libération sont une véritable épine dans le pied du gouvernement, tant les attaques vont bien au-delà de la loi Travail, sans pour autant égaler des attaques historiques contre le mouvement ouvrier, comme les réformes Hartz en Allemagne. Suite aux fuites, Martinez a promis des « mobilisations » car les salariés seraient les "grands perdants" de cette loi. Pourtant, à l’heure d’aujourd’hui, aucun plan de bataille n’a encore été annoncé alors même que, contrairement à ce qu’affirme le Figaro, la grande majorité de la population comprendrait un vaste mouvement de grève contre cette loi Travail XXL.

Plus que jamais, il ne peut y avoir aucune caution, ni concertation avec le plan anti-ouvrier de Macron. Les promesses de mobilisation, ou « journée d’action » agitées par Martinez se doivent de se concrétiser en la mise en œuvre d’un plan de bataille concret à mener. Si l’offensive macroniste passe, ce serait un signal politique fort que le gouvernement va donner pour s’attaquer ensuite à la réforme de l’assurance chômage. Enrayer « la marche », dire non à toute concertation sur la remise en cause des droits des travailleurs, voilà la seule perspective du moment, à relayer à tous les niveaux, les équipes combatives dans et entre les boites. Contre toute concertation avec le néo-libéral Macron, c’est d’un véritable plan de bataille dont on a besoin !

Crédit Photos : Michel Euler / Pool / AFP


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