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Mouvement des Gilets jaunes

Quatre ans des Gilets jaunes : 10 articles et vidéos à redécouvrir sur Révolution Permanente

Il y a quatre ans, le mouvement des Gilets jaunes bouleversait la lutte de classe en France et dans le monde. Son caractère offensif et sa remise en cause du système dans sa totalité a durablement imprégné les luttes dans le pays. Alors que la question du pouvoir d'achat est plus brûlante que jamais, retour sur 10 articles et vidéos revenant sur différents aspects de ce mouvement historique qui a posé des jalons pour l'avenir de nos mobilisations.

Paul Morao

17 novembre 2022

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Crédits photo : O Phil des Contrastes

Il y a quatre ans commençait un mouvement historique. Dans un contexte où la colère contre le gouvernement ne cessait de grandir, s’exprimant au travers des nombreuses altercations qui allaient émailler la commémoration de l’armistice de la 1ère guerre mondiale organisée par Macron au travers d’une « itinérance mémorielle » dans le Nord de la France, des dizaines de milliers de travailleurs, chômeurs et artisans prenaient la rue, bloquaient des axes routiers et occupaient les ronds-points dans toute la France.

Alors que la question du pouvoir d’achat réémerge dans un contexte de hausse des prix de l’énergie et des courses et de salaires toujours bas, l’anniversaire des Gilets jaunes est un véritable appel à préparer les prochains combats pour refuser que les travailleurs et classes populaires ne paient la crise. Des luttes dans lesquelles l’expérience et les bilans de ce mouvement dont la radicalité a bousculé toutes les routines militantes seront décisifs.

1. L’irruption des Gilets jaunes : quand les masses entrent en action

Parti d’une opposition à une taxe contre l’essence et d’une pétition qui recueillit très rapidement des milliers de signatures, l’appel à la lutte, porté par des figures comme Eric Drouet, Bruno Lefebvre dit Bubu ou Priscilla Ludosky, le mouvement prenait dès le 17 novembre une ampleur nationale. Le 24 novembre, la montée sur les Champs-Elysées et les affrontements avec la police mettaient en lumière la profondeur du mouvement et son caractère populaire.

Au lendemain de cet Acte 2 , Daniela Cobet revenait dans un article intitulé « Quand les masses entrent en action », sur l’importance du mouvement et sur la nécessité de briser la méfiance d’une partie de l’extrême-gauche en appelant à « arrêter toute tergiversation » et à « passer à l’action pour que le mouvement ouvrier et le mouvement étudiant et de la jeunesse rejoignent avec leurs propres drapeaux le mouvement en cours ».

2. Le retour du spectre de la révolution

Avec sa spontanéité, ses méthodes radicales, ses blocages d’autoroutes, ses manifestations non déclarées, ses affrontements avec la police et la volonté d’aller aux lieux de pouvoir, le mouvement renouait avec une caractéristique absente des derniers grands épisodes de lutte de classe en France : l’offensive. Parti de la question du prix de l’essence, le mouvement n’allait pas tarder à poser des questions beaucoup plus profondes concernant la précarité, les salaires, la démocratie et même le système dans sa totalité.

Ce double aspect, qui marquait alors une rupture avec la routine des mobilisations encadrées par les bureaucraties syndicales et limitées à un terrain strictement défensif et économique, explique la peur suscitée par le mouvement chez les classes dominantes. Comme l’écrivait alors Juan Chingo, le mouvement des Gilets jaunes n’incarnait rien de moins que le « retour du spectre de la révolution ».

3. La trahison des directions syndicales et le mouvement ouvrier face aux Gilets jaunes

Alors que la colère des Gilets jaunes passait à l’offensive contre le gouvernement, les directions syndicales allaient rapidement jouer un rôle traître en refusant de soutenir la mobilisation. Mais le 6 décembre, les directions syndicales allaient encore plus loin en se désolidarisant des manifestants par la condamnation de leurs prétendues « violences » au moment même où la répression commençait à faire des blessés par dizaines chez les Gilets jaunes. Damien Bernard dénonçait alors le rôle de « maintien de l’ordre » des directions syndicales. Une attitude face à laquelle de nombreux syndicalistes répliqueront par une tribune dénonçant l’attitude traître et appelant à rejoindre le mouvement.

De fait, par-delà cette trahison, le mouvement des Gilets jaunes a alors suscité de profonds débats stratégiques. Si certains y ont vu une expression de l’obsolescence du mouvement ouvrier et des syndicats, d’autres ont au contraire choisi de défendre à tout prix le mouvement ouvrier traditionnel contre les Gilets jaunes, allant parfois jusqu’à caractériser le mouvement comme poujadiste ou fascisant. A rebours de ces analyses, Juan Chingo soulignait dans son article « Un 1905 à la française », la capacité du mouvement des Gilets jaunes à régénérer le mouvement ouvrier. « En 1905, c’est à travers leur geste révolutionnaire que les ouvriers russes, soi-disant arriérés, ont su donner l’exemple et éduquer l’avant-garde du mouvement ouvrier allemand, très puissant et organisé. Aujourd’hui, les leçons partielles que l’on peut tirer du soulèvement des Gilets Jaunes — à savoir ce grand mouvement spontané des secteurs les moins contaminés par la routine syndicale —, peuvent servir à redynamiser l’ensemble du monde du travail. » concluait-il alors.

4. Gilets jaunes : une répression ultra-violente pour faire taire la contestation

Si le mouvement des Gilets jaunes a frappé par son ampleur et ses méthodes, la répression qui s’est déchaîné contre lui a également été historique. En quelques semaines, le nombres de mutilés et de blessés s’est comptée par dizaines, projetant la question des violences policières, jusqu’alors largement ignorée par les médias dominantes, au cœur du débat public. GLI-F4, LBD, gazs lacrymogènes et arrestations préventives ont alors été le lot de nombreux manifestants tandis que les images de violences faisaient le tour du monde. Dans plusieurs interviews pour Révolution Permanente des blessés revenaient alors sur cette répression, à l’image de David, éborgné le 16 mars mais déterminé à reprendre la rue, ou de Vanessa, éborgnée le 15 décembre.

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5. Les femmes aux avant-postes de la révolte des gilets jaunes

Un élément marquant du mouvement des Gilets jaunes restera la présence et le rôle central joué par les femmes. Une présence qui finira par se cristalliser dans l’émergence de manifestations de femmes Gilets jaunes ou de groupes de femmes Gilets jaunes un peu partout en France. Une dynamique qui a mis en lumière la composition réelle de la classe ouvrière et l’importance de sa composante féminine, qui en constitue les franges les plus précaires et les plus exploitées, et la nécessité d’articuler lutte de classe et lutte féministe, mais qui a également profondément interrogé le mouvement féministe. Dans « Les femmes aux avant-postes de la révolte des gilets jaunes », Laura Varlet revenait sur ces questions.

6. Gilets jaunes, quartiers populaires, mouvement ouvrier, mouvement féministe : la nécessité d’une alliance

Face à la nécessité de converger aux côtés des Gilets jaunes, le « Pôle Saint-Lazare » à l’initiative des cheminots de l’Intergare et du Comité Adama a représenté en décembre 2018 la volonté de secteurs du mouvement social de rejoindre les Gilets jaunes. En février 2019, Révolution Permanente organisait un grand meeting pour continuer de mettre en avant l’importance de cette alliance entre Gilets jaunes, quartiers populaires, mouvement ouvrier mais aussi mouvement féministe. Une soirée à revoir plus d’un an après.

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7. L’extrême-gauche face au mouvement des Gilets jaunes : retour sur un débat NPA-LO

Les Gilets jaunes ont suscité de nombreux débats stratégiques, en particulier au sein de l’extrême-gauche qui fait des luttes sociales le cœur de sa stratégie. Les attitudes ont cependant largement différé au sein de l’extrême-gauche, notamment entre Lutte ouvrière et le NPA. Justement, la Fête de Lutte Ouvrière allait donner l’occasion aux deux organisations de revenir sur leur compréhension et leurs politiques respectives vis-à-vis du mouvement, au cours d’un débat stratégique dont l’intérêt reste majeur encore aujourd’hui.

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8. Qu’avons nous gagné, qu’avons nous appris ?

Si le mouvement des Gilets jaunes a marqué l’histoire de la lutte de classe en France par son caractère offensif, deux ans après la nécessité de tirer l’ensemble des bilans du mouvement reste centrale pour aborder les luttes à venir. En ce sens, pour le premier anniversaire des Gilets jaunes, Paul Morao revenait sur un certain nombre d’éléments de bilans qui restent encore valables aujourd’hui dans un article intitulé « Qu’avons nous gagné, qu’avons nous appris ?.

9. Les syndicalistes face au mouvement des Gilets jaunes

Juan Chingo évoquait début 2019 l’hypothèse d’un impact profond du mouvement des Gilets jaunes sur le mouvement ouvrier. Quelques mois plus tard, les grèves sauvages à la SNCF et en particulier la grève exemplaire du technicentre de Châtillon et la grève massive du 24 septembre à la RATP qui allait poser les jalons de la grève contre la réforme des retraites de l’hiver 2019-2020, semblaient donner corps à cette prédiction. En novembre 2019, en pleine préparation de ce mouvement d’ampleur, Gaëtan Gracia (CGT) et Anasse Kazib (SUD Rail), tous deux militants à Révolution Permanente, revenaient sur l’impact concret du mouvement des Gilets jaunes dans le mouvement ouvrier

10. Quel débouché politique pour le mouvement des Gilets jaunes ?

Si le mouvement des Gilets jaunes a commencé par revendiquer son « apolitisme », il a rapidement donné lieu à une réflexion profonde sur la possibilité d’une autre politique, par en bas. Une réflexion qui s’est concrétisée dans le cadre des différentes Assemblées des Assemblées cherchant à structurer à la base les différentes AGs de gilets jaunes. Pour Daniela Cobet, le mouvement, en se confrontant aux limites de la spontanéité, a également réouvert la question de la construction d’un outil politique au service de la révolution. Un outil à même de réunir les militants les plus déterminés des Gilets jaunes, du mouvement ouvrier, des quartiers populaires, de la jeunesse, pour porter un programme révolutionnaire et l’imposer au travers d’une stratégie par en bas. « Un grand parti révolutionnaire » dont la nécessité apparaît plus brûlante que jamais.


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