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Tous terroristes ? Tous fouillés !

Que contient la proposition de loi sur la sécurité dans les transports ?

Fréderic Apoyo Mercredi, l'Assemblée a examiné en première lecture la dernière lubie sécuritaire du gouvernement. La proposition de loi PS, qui fait clairement l'amalgame entre fraude dans les transports et terrorisme, prévoit entre autres de permettre aux agents SNCF et RATP de fouiller eux-mêmes passagers et bagages, tâche jusqu’ici dévolue aux agents assermentés des « forces de l’ordre ».

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"L’un des terroristes a été filmé dans le métro en train de frauder. Cela commence par là". Cette tirade absurde est l’oeuvre de Valérie Pécresse, le 22 novembre dernier en pleine campagne pour les régionales. Si cet amalgame avait provoqué autant de moqueries que de réactions scandalisées, notamment dans les rangs socialistes, il faut croire que ces derniers ont la mémoire courte. Alors que le député PS Gilles Savary avait présenté une loi pour lutter contre les fraudes dans les transports en commun, l’attentat manqué du Thalys et le carnage du 13 novembre ont amené les parlementaires à modifier le texte pour y inclure des mesures contre le terrorisme ... appliquant ainsi à la lettre l’analyse politique de Valérie Pécresse.

Fouilles, taxes, patrouilles, surveillance accrue.

Cette réforme permet notamment aux agents de la SNCF et de la RATP de soumettre n’importe quel voyageur à des fouilles - tout comme ses bagages - et à des palpations. Quiconque refusera la fouille pourra se voir interdit l’accès au train ... On voit d’ici venir les dérives ! De plus, les voyageurs ne pouvant ou ne voulant pas justifier leur identité se verront infliger une amende de 11 euros et immobiliser le temps qu’un officier de police judiciaire vienne constater le délit. Les agents de la RATP et de la SNCF pourront patrouiller en civil pour détecter les infractions mais seront, dans le même temps, sous surveillance. Pour éviter les abus ? Bien sûr que non ! Les services de renseignement ont désormais la possibilité d’alerter les entreprises pour les informer des employés jugés "dangereux". Quant on voit à quel point les autres mesures de l’état d’urgence ont permis de museler et de réprimer les syndicalistes et les militants, on peut s’attendre là aussi à des dérives ...

Enfin, et pour amortir le coût de ce nouveau dispositif - et au passage pouvoir faire quelques bénéfices - une "taxe sûreté", applicable sur tous les billets de transports terrestres de passagers, est prévue par le projet de loi. Cette taxe existe déjà dans le secteur aérien.

Quelques voix s’insurgent, la droite en veut plus

"Attention à ne pas créer des risques d’incident ou même d’affrontement qui iraient à l’encontre du but poursuivi. Il faut que les forces de sécurité, pour leur intérêt même, puissent répondre de ce qu’elles font" Pour le Défenseur des droits, Jacques Toubon, il faudrait à minima des amendements visant à rendre obligatoire la formation des agents en question et les soumettre au code de la sécurité intérieure (CSI) plutôt qu’au code des transports. Toubon demande aussi que les contrôles d’identité soient enregistrés, afin d’éviter les abus. Une position critique, mais qui ne s’attaque pas au fond liberticide et réactionnaire de cette réforme.

Pour la droite, Les Républicains en tête, le texte ne va cependant pas assez loin. Ces derniers jugent que le gouvernement « contredit ses discours d’appel à l’unité et au rassemblement » et demande à ce que le port d’une pièce d’identité dans les transports en commun soit obligatoire et que la liste des employés fichés « S » soit transmise aux entreprises. L’UDI, quant à elle, juge que les mesures prises tiennent du "bon sens" mais qu’elles sont insuffisantes et "cosmétiques".

Le gouvernement socialiste poursuit son tournant ultra-sécuritaire, tandis que l’ensemble de l’échiquier politique glisse sur la droite à la poursuite du Front National. Une réforme qui accentue la chape de plomb sur les masses populaires, qui seront les premières victimes de ces nouvelles mesures.


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