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Confirmation de Cameron à Downing Street

Quelle situation en Grande-Bretagne après le scrutin ?

Alexandra Rios La victoire inattendue des conservateurs aux élections législatives du Royaume-Uni qui se sont déroulées le 7 mai dernier représente un coup dur pour les travailleurs, la jeunesse précaires, les familles aux faibles revenus, les personnes en situation de handicap et les immigrants. En effet, après cinq ans de brutales réformes de la coalition gouvernementale conservateurs-démocrates-libéraux, les secteurs les plus touchés avaient l’espoir que ces élections pourraient représenter un “Non” aux prochaines réformes.

13 mai 2015

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Avec le nouveau gouvernement à majorité conservateurs, l’offensive libérale de « marchandisation » des services du système national de santé (NHS) va continuer, ainsi que les réductions des dépenses de l’Etat et du budget des administrations locales.

Durant la campagne électorale, le Premier Ministre David Cameron a annoncé que pour rééquilibrer le déficit budgétaire il serait nécessaire de faire des économies de 12 millions de livres au niveau des prestations sociales : ceci inclut, entre autres, la réduction des aides pour les personnes aux faibles revenus – et leur suppression totale pour les jeunes de moins de 21 ans -, la suppression des remboursements d’impôts pour les bas salaires, l’augmentation de l’âge requis pour effectuer une demande d’aide à l’emploi. Cependant, avant même avoir commencé son nouveau mandat, Cameron a rappelé que le plan de réformes à effectuer pour couvrir le déficit s’élevait, finalement, à 30 millions de livres sterling.

Il ne fait aucun doute que ce programme d’économies, qualifié de « fou » par divers médias, aboutira à une augmentation des « banques alimentaires », une hausse de la pauvreté infantile (qui, selon plusieurs ONG, s’élève déjà à 3,5 millions au Royaume-Uni), en parallèle d’un démantèlement des services publics.
Un autre sujet épineux est la relation avec l’Union Européenne. Pour apaiser le secteur de droite de son propre parti, attiré par la politique europhobe et xénophobe de l’UKIP, Cameron a promis de convoquer un référendum en 2017 sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union Européenne. La pression de l’UKIP a coûté au parti du Premier Ministre la perte de 2 députés passés du côté de la formation dirigée par Nigel Farage, alors que seuls l’un d’eux, Douglas Caswell, a pu entrer à la Chambre des Communes aux élections de vendredi.

D’autre part, le débat autour du système électoral actuel à majorité simple a continué à faire du bruit. En 2011, un référendum avait été convoqué sur la réforme électorale du Royaume-Uni. La proposition en faveur du maintien du système électoral en vigueur pour élire les membres de la chambre des Communes l’avait emporté.

La gauche et dautres forces en faveur des droits démocratiques ont toujours défendu un système de représentation proportionnelle. Paradoxalement, grâce au système actuel, l’UKIP a seulement gagné un siège, alors que si un système proportionnel s’était appliqué il en aurait obtenu 82. Cependant, que l’extrême-droite de l’UKIP n’ait conquis qu’un seul siège ne doit pas nous faire oublier le fait que cette organisation xénophobe a obtenu 12,6% des voix à l’échelle nationale.

Parmi les vainqueurs des ces élections on trouve la Première Ministre Ecossaise, Nicola Sturgeon, du Parti National Ecossais (SNP), une figure centrale de la campagne. Cette organisation, qui a émergé lors du référendum sur l’indépendance de l’Ecosse, a obtenu 56 des 59 sièges auxquels elle pouvait prétendre au Parlement, dont 40 qui ont été arrachés aux Travaillistes.

Le triomphe de Cameron, champion de l’effort individuel et des politiques d’austérité d’un côté, et la performance spectaculaire du SNP, en faveur du maintien des services publics et des programmes d’aides de l’Etat, de l’autre, reflètent deux tendances contradictoires de l’électorat du pays, la dernière étant minoritaire. Le verdict écossais laisse paraître les éléments d’une crise plus profonde qui questionne l’ « unité » du Royaume-Uni. Le désir indépendantiste écossais est plus fort que jamais et n’a pas dit son dernier mot.

Pour ce qui est du Parti Travailliste, incapable de représenter une alternative aux cinq années de plan d’austérité des tories, il s’est limité à parler de la défense du système de santé en général, et c’est seulement une semaine avant les élections qu’il a annoncé que, s’il gagnait, il mettrait en place une taxe d’habitation. Son leader, Ed Miliband, a été élu avec le soutien des syndicats. Cependant, ceci ne s’est pas transformé en une perspective de lutte pour les travailleurs ni en un plan pour faire face à la précarité salariale et la massification des contrats « zéro heure ».

Le nouveau gouvernement est composé par ceux qui ont été, cinq ans durant, les principaux artisans des politiques d’économie. Des organisations contre l’austérité, des militants et des organisations syndicales, de solidarité avec les migrants appellent à une marche nationale contre l’austérité le 20 juin prochain, pour exiger que les banquiers et les riches payent leur crise. Cette marche peut être la première opportunité pour commencer à construire une alternative de lutte à l’offensive du gouvernement conservateur, et qui s’oppose aux courant nationalistes tel que l’UKIP.

12/05/15


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